Sarkozy : l’ouverture comme paravent de la république des amis

Publié le 24 février 2010 par Hmoreigne

Applaudissements à droite, applaudissements à gauche. Deux “socialistes” propulsés à des postes importants et voilà Nicolas Sarkozy salué comme un homme d’ouverture, au dessus des partis dans la grande tradition de la Véme. En vérité le président est au dessus d’un parti et d’un seul, l’UMP qu’il n’hésite pas à diriger complètement depuis l’Elysée, balayant toutes les critiques sur son affichage dans les meetings partisans au seul motif de mettre fin à l’hypocrisie de ses prédécesseurs. Rares sont les observateurs à relever que derrière le rideau de fumée de la nomination d’un socialiste à la tête de la Cour des Comptes, institution sans pouvoirs, salutaire mais inoffensive, le chef de l’Etat assure le verrouillage du stratégique Conseil Constitutionnel.

Au palmarès de ceux qui osent tout, François Fillon a sa place sur le podium. L’ectoplasmique premier ministre ravalé au simple rang au mieux de collaborateur au pire de voix de son maître a bien fait le travail hier soir. Lors d’un meeting de soutien des candidats il a salué le geste du président de la république Nicolas Sarkozy montre qu’il est le président de tous les Français et non l’homme d’un parti. “C’est la première fois dans notre dans notre Ve République qu’un chef d’Etat désigne un membre de l’opposition à la tête de cette grande institution. ”

Quel point commun entre les deux nouveaux promus ? Etre considérés comme des amis du chef de l’Etat, tutoiement et grandes claques dans le dos de rigueur. L’ouverture, oui. Aux amis, à ces connaissances de l’autre bord. Ces sarko-compatibles avec qui le courant est toujours bien passé, dans des relations jamais dénuées d’arrière-pensées d’intérêts croisés. Illustration avec JM Bockel qui comme maire de Mulhouse et président de l’association des maires des grandes villes de France avait appris à côtoyer Nicolas Sarkozy ministre de l’intérieur. En échange d’un maroquin, il a apporté dans l’escarcelle de l’UMP une grande ville, bastion socialiste dans une région de droite.

Qu’apporte Didier Migaud ? Deux choses. Tout d’abord Une caution socialiste aux amputations prochaines de l’Etat et des collectivités locales sous prétexte d’orthodoxie financière. Un socialiste pour clouer au pilori ses anciens camarades à la tête des collectivités, ça promet d’être savoureux. Comme tous les derniers convertis Didier Migaud sera le premier à passer la pierre à aiguiser au faucheur Sarkozy pour pratiquer des coupes sombres dans les dépenses de l’Etat, et pour justifier au passage la vente de bijoux de famille au privé pour renflouer des caisses vides.

L’ancien député socialiste trouvera là un rôle plus utile au sarkozysme que celui de fouineur indélicat de la commission des finances qui a relevé l’ampleur des niches fiscales accordées aux grandes entreprises et aux classes les plus favorisées. Plus de grosse voix pour mettre les pieds dans le plat comme Philippe Seguin. Didier Migaud offre le visage bien policé d’un socialisme de gouvernement dont l’absence de combativité à l’aube d’une dégradation conséquente du climat social sera un atout précieux.

Le deuxième avantage dans la nomination du député de l’Isère, c’est de détourner l’attention de l’opération de reprise en main du Conseil Constitutionnel. Le tour de passe-passe n’échappe pas à la Tribune de Genève . Pas plus à Marianne qui résume la situation de façon imagée : “Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.

Derrière l’image de carte postale de ce président rassembleur et ouvert que tente de nous vendre l’Elysée, la vérité est toute autre. Le fonctionnement de Nicolas Sarkozy est basique. Le monde selon lui se divise en trois catégories. Ceux qui sont avec lui, ceux qui sont contre lui et, ceux qui ne comptent pas.

Dans ce système marqué par une grande violence où l’on promet de pendre à des crochets de boucher ses adversaires, ce n’est pas l’ouverture qui est sa marque de fabrique mais bien le copinage, essentiellement affairiste. Les amis du Fouquet’S qu’il faut servir, les collaborateurs de l’Elysée qu’il faut placer pour verrouiller et assurer les renvois d’ascenseur, les enfants qu’il convient de pousser.

Pour neutraliser les oppositions, rien ne vaut la politique de la gamelle. Ca marche à quasi tous les coups. Même la presse, financièrement aux abois a mis son nez dedans, trop heureuse de bénéficier des aides de l’Etat quand ce ne sont pas des publicités qui vantent l’action gouvernementale.

On comprend dans ce contexte le malaise des troupes UMP face à une ouverture qui consiste en une réelle rupture. Avec Sarkozy, c’en est fini de la méritocratie politique ou l’arrivée au pouvoir se traduisait par la distribution de bâtons de maréchaux aux fidèles.

Place à la plastique, aux castings et, à la pseudo-ouverture.”Je voudrais faire une petite annonce: ‘recherche homme de droite désespérément pour occuper une fonction de la République‘”, a ironisé Lionnel Luca à l’annonce des dernières nominations. Le député UMP des Alpes-Maritimes, estime que ces choix signifient “qu’a priori, il y a que des nuls à droite et que des gens intelligents à gauche“. La vérité est autre. Il y a pour l’instant des gens à gauche qui, sur différents plans, ont une corbeille de mariage assurément plus alléchante que beaucoup à droite.


Didier Migaud
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