Cette prison où rien ne change…

Publié le 24 février 2010 par Fbaillot

Le récent suicide de Jean-Pierre Treiber dans sa cellule de Fleury-Mérogis a remis dans la lumière ce monde pénitentiaire si différent, que nous préférons ne pas regarder.

J’avais eu l’occasion, il y a quelques années, d’effectuer une visite de quelques heures au centre de détention de Loos. Ce sont des moments que l’on n’oublie pas. En raison de sa vêtusté, ce centre accueille majoritairement des détenus en fin de peine, réputés moins turbulents. On m’avait dit à l’époque que l’ambiance à la maison d’arrêt voisine était beaucoup plus explosive. Depuis, on a construit un autre établissement à Sequedin, en vue de la décongestionner. Mais en 2008, elle a abrité en moyenne 667 personnes, alors qu’elle est prévue pour 438 détenus.

Comme beaucoup de citoyens, je suis scandalisé par cet état de fait. Il ne s’agit pas d’absoudre les auteurs de crimes et de délits, mais on sait pertinemment aujourd’hui que le milieu pénitentiaire est avant tout un lieu où l’on s’enfonce dans la dépression, le désespoir … et dans la délinquance ! On a appris hier que les suicides au sein du centre pénitentiaire qui regroupe les établissement de Loos et Sequedin y avaient doublé en 2009, faisant de celui-ci le détenteur du bien triste record français de suicides en prison, devant Fresnes et Rouen.

Les propos de Anne Chereul, déléguée régionale de l’Observatoire international des prisons, sont édifiants : « Le CP de Lille est quand même un établissement de grande taille… C’est difficile de tirer des conclusions sur une année, la situation est grave depuis longtemps. Les grands facteurs se retrouvent localement : surpopulation carcérale, allongement des peines, présence de personnes avec de graves troubles psychiques qui devraient relever d’une hospitalisation en milieu adapté. On incarcère de plus en plus, avec des individus qu’on ne voyait pas avant, pour des délits mineurs. L’enfermement, qui représente un choc psychologique, doit rester l’ultime recours. »

J’éprouve à propos de cette situation qui n’en finit pas de durer un grand sentiment de honte. Notre pays s’honorerait de réfléchir aux moyens de remettre les délinquants sur le droit chemin de notre vie quotidienne. La récente polémique sur le passé judiciaire de Ali Soumaré, candidat aux élections régionales en Ile de France, est éloquente : quand on a fait une faute, on paye, ensuite on redevient un citoyen à part entière. Quand en plus on devient un exemple pour des enfants en quête d’intégration, on a toute légitimité à devenir un “élu du peuple”.

J’avais il y a un an et demi parlé de la triste situation de notre système pénitentiaire et judiciaire. J’aurais tant aimé pouvoir dire aujourd’hui que les choses bougeaient…