Amylee réalise des toiles étonnantes qui empruntent à la fois au monde du design et de la mode : une collection de looks pleins de figures habillées en Jeremy Scott, au visage grimé à la McQueen, ou avec les oreilles de lapin de Marc Jacobs pour Louis Vuitton... Ce travail d’iconographie des tendances de la saison n’est pas sans avoir un point commun avec les looks que vous retrouvez tous les jours sur ce blog.
J'ai rencontré Amylee au Chai 33 en prévision du vernissage de sa collection Printemps-Eté 2010 lors de la soirée After Art Work. Une collection au nom de Reservoir Dots, hommage à l'optimisme des années 60 et clin d'oeil à Quentin Tarantino.
Est ce que tu peux présenter ton parcours ?
Je m’appelle Amylee mais mon vrai prénom est Emilie. Je suis originaire de Nîmes. J’y ai passé toute ma jeunesse, ainsi qu’une partie de ma scolarité.
Souhaitant devenir designer, j’ai étudié très tôt les Arts. D’abord les Arts Plastiques au Lycée et ensuite les Arts Appliqués à l’Université. J’ai également suivi les cours du soir des Beaux-Arts.
Il y a 6 ou 7 ans, je suis montée sur Paris pour suivre mon amoureux. Après avoir travaillé dans différents secteurs d’activités en Mode et Déco, je me suis retrouvée sans emploi. Cette période difficile m’a poussé à reprendre goût à la peinture et à la couleur. Coachée par mon ami, j’en suis venue à démarcher les galeries parisiennes afin de voir si mon travail pouvait intéresser. C’est comme cela que je suis rentrée chez Art Génération, ma principale galerie où j’expose la plupart de mes œuvres. Cela fait donc 2 ans maintenant que je travaille en indépendante et que je me consacre entièrement à la réalisation de tableaux et à l’organisation d’évènement artistique.
Tu caractérises ton style comme du fashion art…
Dans mes tableaux, j’essaye de recréer ce que je vois lors des défilés ou en feuilletant les magazines de mode. Je pars d’une inspiration couture (association de tissus, motifs, make-ups, silhouettes) et je la retranscris sur toile avec des techniques plastiques.
De quoi t’inspires-tu ?
J’achète les magazines, je regarde les défilés, je note ce que je vois.
Cette saison, j’ai réalisé deux collections :
La collection principale de cet hiver s’intitule PODIUM. La série reprend les codes des années 80 avec des motifs géométriques, l’asymétrie du graphisme, des contrastes forts, des tonalités noires et blanches accompagnées de teinte fluo en touche. On peut retrouver plusieurs références stylistiques telles que le pied de poule façon Alexander McQueen, les oreilles de lapin vues chez Vuitton, les motifs en damier très Dolce&Gabbana;, Viktor & Rolf, Ackermann, Marc Jacobs, Kenzo et Jeremy Scott pour son côté pop décalé !
La deuxième collection ROCKABILLY CIRCUS comporte moins d’œuvres. On retrouve une nouvelle fois, le fond en damier mais avec des silhouettes inspirées des fifties qui déclinent des coiffures en banane, le foulard à pois, des couleurs vintages très orangées associées à des make-ups « Clown blanc ». Il ne manque plus que le perfecto pour compléter la panoplie « Happy Days».
Tu te calques aussi sur le rythme de la mode…
Oui, comme les maisons de Couture, je travaille sur 2 collections par saison. Il y a la collection principale qui ouvre la saison et se décline en plusieurs tableaux. En parallèle, une deuxième série plus courte, souvent source d’expérimentation, me permet d’aérer la collection principale et mon esprit. En ce moment, je travaille sur l’été 2010, qui va être littéralement un festival de couleurs et de fleurs.
C’est un rythme assez fou pour une artiste !
Oui, c’est assez intense… Lorsque je travaillais en bureau de tendances, je travaillais déjà avec un tel rythme. Il fallait sortir les cahiers de tendance avant les grands événements professionnels (salons, fashion week, etc…). Dans mon activité artistique, j’applique toujours ces méthodes et cette cadence, ce qui peut paraître invraisemblable pour certains artistes peintres qui préfèrent travailler à leur rythme et dans l’intemporalité.
Est ce que tu es confrontée à une vision un peu péjorative de ton oeuvre du fait de la superficialité du sujet ?
J’ai eu des artistes qui m’ont dit que je me basais sur des choses futiles et que l’art devait être pensé. Je ne fais que représenter sur mes toiles ce que je constate et vois autour de moi.
Je suis un être temporel qui évolue en fonction de rencontres, d’envies et de découvertes. Mes œuvres suivent cette même évolution.
Aux Beaux-Arts, j’ai appris à construire une méthodologie, à argumenter autour d’une œuvre. S’il faut en parler, je peux le faire, mais ma démarche créative prendra toujours naissance par une sensation, et non une pensée ou une théorie. Dans mon travail artistique, je ne cherche plus à pratiquer de l’art pour l’art, je souhaite seulement composer à des fins décoratives.
Un jour, un peintre m’a dit que ce que je faisais était purement de la déco. Et bien, c’est tout à fait ça, j’assume complètement. Dans tous les cas, son tableau comme le mien finira dans un salon, et devra aller avec la couleur du mur.
Est-ce que ton travail a intéressé des diffuseurs de décoration ?
Oui, j’ai été contactée par Habitat pour l’édition d’un de mes tableaux. La toile fut éditée en tirage limité durant toute la saison Printemps/Eté 2009.
Comment travailles-tu tes peintures ?
J’ai pris l’habitude de peindre avec de la peinture acrylique liquide, en pot. Cela me permet de faire plus facilement des reliefs sur mes aplats. En plus de la peinture, j’associe différentes matières collées.
Il te faut combien de temps pour finir une toile ?
Tout dépend du format, mais pour une toile moyenne (pas trop grande), il faudra compter une semaine. Etant donné que je dois respecter les temps de séchage, je vais souvent travailler sur plusieurs œuvres en même temps et ainsi gagner du temps.
Est-ce que comme les vêtements, tes tableaux se démodent à chaque saison ?
A la différence du vêtement diffusé en million d’exemplaires qui s’use et passe de mode, le tableau, pièce unique réalisé à la main, se temporalise différemment. Il va prendre de la valeur, se raréfier durant les années. Etant donné qu’il fait partie d’une collection, cela permettra juste de le dater plus facilement. Tous les peintres ont eu leur période/collection. Ex : Picasso et ses périodes : cubiste, saltimbanques, période rose, bleue, etc…
Quels sont les prix de tes tableaux ?
Pour l’instant, mes prix oscillent entre 180 € et 950€.
Sur une collection, quelle est la part que tu vends ?
Tout est à vendre et à la fin d’une collection, il me reste que très peu de pièces disponibles.
Est-ce que tu connais tes acheteurs ?
Un peu grâce aux événements. Ce sont aussi bien des hommes que des femmes. En général, ils sont plutôt jeunes entre 15 ans et 40 ans et ce ne sont pas que des gens de la mode ou de l’art.
Est-ce que tu vis de tes revenus ?
Actuellement, mes revenus restent encore aléatoires. Mais, je mets tout en œuvre pour arriver rapidement à en vivre. C’est pour cela que les galeries, la communication sur le web, les évènements que j’organise ont leur importance.
Est-ce que tu es heureuse de ta nouvelle vie ?
Bien sûr ! J’ai trouvé une liberté d’esprit que je n’avais pas lors des boulots en entreprise.
Est-ce que tu aimerais collaborer avec des stylistes ?
Un de mes rêves les plus fous, j’adorerais ! Si en plus, c’est un grand couturier/styliste, c’est encore mieux !
Est-ce que tu regardes les blogs ?
Je flâne régulièrement sur la blogosphère, et vais souvent rendre visite à mes chouchous de blogroll. Je suis assez friande de belles illustrations, il m’arrive d’échanger avec Mary Gribouille le Loup, Mocani « The Dream Dressing », I.O.P d’Accro de la Mode, Emilie Decrock et Choule [bnkr]. C’est une toute petite liste, il y en a bien d’autres qui me font également halluciner graphiquement. J’aime beaucoup l’univers de BoubouTeatime qui fait des collages d’ambiances superbes, et les découvertes en Design de Miss Red sur son blog La vie en rouge.
Merci Amylee !!!
Vernissage Amylee
After Art Work du Jeudi 25 février 2010
Inscription sur www.afterartwork.com
Plus d'infos sur amylee.fr