Jean-Pierre Treiber s'est suicidé entre deux rondes de surveillants. Arrêtez les recherches, il s'est fait la malle pour toujours. Aussitôt une marée nauséabonde s'est abattue sur l'opinion. Ce fut - c'est toujours - la grande braderie : « larmes » et « bons sentiments » formant ainsi l'océan dans lequel vit le grand requin des shows et des audimats.
Pareil que pour le climat, les tremblements de terre, les météorites et la disparition des dinosaures, vendre, faire de l'audience, vendre… Décidément, l'époque est prolifique. Le commerce, quoi qu'il en coûte. De temps à autre, dans le cadre d'un dispositif bien orchestré, perdu dans la masse, un homme honnête, tente une remarque, avance une idée, dénonce une oppression, exprime un sentiment d'humanité. Peine perdue ! La horde veille au grain ! Tout ça c'est des pépètes dans la popoche ! Au milieu de tout ça, une réflexion en forme de constat se dégage avec persistance : les suicides en prison ne cessent d'augmenter. 122 dans les prisons françaises en 2009. En terme comptable, cela donne dix suicides par mois, 1 suicide tous les trois jours. Peut-être qu'au moment où je vous parle, un gars est en train de préparer le grand saut. Peut-être qu'au moment où ce papier sera mis en ligne un suivant fera des préparatifs pour le sien…
Dans un registre voisin (tout se tient), le citoyen doit faire attention à la liberté d'expression, les saligots sont à l'affût au coin des palais de justice. Désormais, ceux qui expriment ou exprimeront une idée politiquement incorrecte sur la façon dont l'état ou les grands personnages gravitationnels gèrent l'argent publique ou la politique du pays seront trainés devant les tribunaux pour propos diffamatoires avec intention de nuire. Cette petite combine judiciaire qu'on nomme « la guerre des idées » est dirigée contre des intellectuels ou des journalistes qui ont ou qui auront l'idée de se montrer digne de leur métier en dénonçant les dérives du pouvoir et les magouilles financières. Rien n'empêche, par la suite, le plaignant de se « dédire ». De retirer sa plainte. Tout ça a deux objectifs : intimider et obliger des médias pas très riches à régler « les frais de défense ». A leur instiller aussi la peur et le réflexe de l'auto-censure. A ce petit jeu, qui sera le gagnant d'après vous ? Certainement pas la démocratie. Après Natixis contre Mediapart, c'est au tour de monsieur Alain Garrigou, professeur de science politique, de subir les assauts de monsieur Patrick Buisson (une célébrité, ce monsieur Buisson) pour « diffamation publique ». A terme, tout cela finira par imprégner les esprits de l'odeur fétide de corps en décomposition ?…