Quelques réflexions à l'écart du brouhaha politicien
Ci dessous j' ai écrit quelques réflexions que je me suis abstenu d'expirmer lors du conseil municipal, car je ne souhaite pas engager de
polémiques politiciennes en des joutes oratoires qui n'ont que pour but de rechercher le sensationnel et les faveurs de la presse.
"Pour moi qui suis un libre penseur, qui oscille entre l'agnosticisme et l'athéisme, pour moi qui suis aussi un laïc convaincu et issu d'une culture chrétienne, je porte un
profond respect à ceux qui croient et vivent leur religion.Celle-ci est à la fois le fruit de l'Histoire, et une représentation spécifique de l'univers selon les lieux et les
époques.
La religion, comme le disait un grand philosophe, la religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une
époque sans esprit. Et cette créature accablée par le malheur du chômage, de l'exploitation, de l'injustice, vit dans ce monde cruel, sans coeur, pris dans les eaux glacées du calcul égoïste,
otage d'un ogre qui se nomme Capitalisme, cette créature perd sa vie à essayer de la gagner pour subsister alors que jamais l'Humanité n'a eu autant de possibilités de se
libérer , que jamais dans l'histoire il n'y a eu autant de moyens pour l'émancipation de chaque individu. Comment ne pas comprendre cette personne victime de l'exploitation qui chaque
jour se demande de quoi sera fait demain, cet être qui souffre du manque total de spiritualité parce que le capitalisme a transformé toute chose en marchandise, qu'il a même brisé dans
les faits les valeurs dont pourtant il se réclamait ?
Ceux qui voient dans le port du foulard ou du voile l'expression d'une aliénation de la femme n'ont sans doute pas tort lorsqu'il s'avère que ce port est
contraint et non choisi, cependant ils expriment un aspect d'une réalité complexe selon leur propre regard mais seulement un aspect d'un phénomène aux multiples
paramètres. Ils occultent ou négligent d'autres aspects, comme par exemple la volonté d'affirmer symboliquement une foi par laquelle les personnes entendent manifester
leur individualité, comme celui du besoin pour des individus d'affirmer une identité ou plutôt des identités ressenties comme niées par la
société. Le manque d'une reconnaissance réelle des individus par une société qui se proclame laïque mais qui est incapable d'offrir un emploi, un logement, des droits
élémentaires à la personne et une perspective d'avenir ne peut que déconsidérer l'idée laïque et son combat et malheureusement favoriser l'obscurantisme. Sans pour autant qu'elles ne tombent
dans l'intégrisme la dimension religieuse peut pour certaines personnes donner du sens à leur existence d'autant que la société capitaliste nie le droit réel d'exister dignement à
des millions de gens en particulier dans les quartiers populaires et que son idéologie prône le fétichisme de l'argent comme valeur suprême. Que face à cela des réactions
identitaires se manifestent dans le port d'un foulard, ou d'un signe distinctif en rapport avec la religion et au regard de nos principes laïcs, cela nous interpelle tous, et il est normal
que cela fasse débat. Et cela est sain. Ce qui ne l'est pas, c'est de rendre scandaleux et de dramatiser ce débat qui devrait être serein et démocratique dans le respect total des personnes
et de ces personnes telles qu'elles sont et non pas telles que certains voudraient qu'elles soeint. Ceux qui font beaucoup de bruit sur ces questions mais n'avancent aucun élément de
connaissance sérieux risquent de provoquer des préjugés et en définitive le racisme et la haine. Ils participent consciemment ou non à la division des gens. Certains ne
demandent que cela. Ceux qui visent à les mettre davantage en concurrence afin d'atteindre les objectifs de rentabilité du capital indispensables à la survie du
capitalisme. Je suis étonné parfois par le manque de nuances et par le manichéisme de certains militants de gauche qui tout en voulant défendre la laïcité l'affirment comme un dogme et ne
tiennent aucun raisonnement dialectique du réel. Il est nécessaire en effet de comprendre ce qu'est la pensée dialectique, c'est à dire à concevoir
qu'une chose peut développer en son sein ,elle-même et son contraire, et que de la lutte qui résulte de cette unité contradictoire surgit une chose nouvelle. Si l'on adoptait
davantage la pensée dialectique qui de mon point de vue reflète la réalité, alors nous pourrions sans doute être moins tranchés et manichéens, mieux nous comprendre, et éviter les
caricatures et les jugements à l'emporte-pièce qui ne peuvent que nous conduire dans des impasses.