Ce qui faisait la grande qualité de La traversée du temps, c’était la remarquable capacité d’Hosada à entremêler réalisme et fantastique. Son film intégrait parfaitement l’épopée fantaisiste à l’intérieur d’un portrait mélancolique de la jeunesse japonaise. Le film coulait de source, glissait ambitieusement. Summer Wars pêche au contraire au niveau de la fluidité. Son film contient deux univers censés parfaitement intégrés l’un à l’autre, mais qu’il a du mal à faire coexister avec harmonie. Il y a quelque chose de maladroit dans l’univers créé. Une volonté de nous faire basculer dans un virtuel peu engageant alors que l’on est charmé par le cadre réaliste de la famille japonaise qu’il a développé.
L’univers d’Oz, qui prend une place prépondérante dans le scénario du film, est à l’évidence là pour
Au lieu d’oser tisser tout son film autour de cette exploration de la famille japonaise, Hosada consacre bien trop de temps dans Oz lui-même, à faire s’affronter des avatars à coups de poings ou à coups de cartes, à nous faire déambuler dans cet univers blanc et graphiquement peu entraînant, alors que nos sens sont mis en éveil dès que les personnages réels reprennent le pas dans le fil narratif. Dès que les petits cousins jouent les pestes, que la grand-mère joue la bienveillante, dès que le cousin jalouse et que le lycéen rougit. C’est ce cinéma-là que j’aime chez Hosada, et non son passé de réalisateur de Digimon.
Tout bancal que Summer Wars soit, le public parisien venu assister religieusement à l’avant-première a réservé une véritable ovation à Mamoru Hosada, présent en fin de projection pour une rencontre avec le public. L’accueil plus que chaleureux a laissé le cinéaste rieur, pantois et ému. De son discours est ressortie une information particulièrement plaisante, celle révélant que son prochain film délaissera totalement le virtuel pour se focaliser sur une petite poignée de personnages aux préoccupations bien réelles. C’est ce qui constitue la qualité de Summer Wars, qui devrait sortir dans les salles françaises en juin prochain, et ne peut donc que présager du meilleur pour ce que le cinéaste aura à nous offrir à l’avenir.