Ouvéa: randonnée Nimeck avec Antoine et ses requins!

Par Nickyza



Aujourd’hui, c’est le grand jour : nous partons en randonnée dans les pléiades nord d’Ouvéa, la randonnée « Nimeck » organisée par Antoine !

C’est par un début de matinée très ensoleillé et un copieux petit déjeuner au gîte des Cocotiers, que nous prenons la route pour Saint Joseph dans le nord de l’île.

Il va faire chaud aujourd’hui et nous allons marcher pendant 6 heures sur la plage en plein cagnard !

Nous n’avons rien oublié : masques, palmes, lunettes, casquettes, crème à bronzer, bouteille d’eau, biscuits, appareils photos…

A 9 heures tapantes, nous garons la voiture devant l’église de Saint Joseph, toute illuminée du soleil levant.




Antoine est là, chapeau sur la tête, lunettes noires et sourire éclatant.


Une vingtaine de personnes l’entoure. L’entreprise d’Antoine devient lucrative et attire de plus en plus de monde ! Le bouche à oreilles sans doute…Je fais la moue…pensant naïvement que nous serions en petit comité, comme on avait cru le comprendre…et je me méfie toujours des « excursions touristiques », préférant les découvertes en dehors des sentiers battus…

Je vais vite être rassurée devant l’accueil de notre guide qui n’en revient pas d’avoir toujours plus de candidats à sa randonnée !
Tant mieux pour lui finalement… car il va montrer par la suite qu’il le mérite.
Au fond de moi je n’espère qu’une seule chose : que sa randonnée reste typique et ne devienne pas une entreprise à touristes !

Présentation de chacun, brève explication du programme, recommandations de dernière minute, rires.
On en attend un ou deux qui courent à la paillotte du coin acheter la bouteille d’eau oubliée et hop, nous prenons la voiture pour suivre une piste chaotique, à travers une cocoteraie splendide.







Premier arrêt devant un monument aux morts : Antoine raconte l’arrivée des premiers missionnaires sur l’île, puis l’histoire du grand chef Beka.

Les voitures redémarrent et suivent en file indienne Antoine qui ouvre la route en scooter.
Au bout de dix minutes, nous arrivons au bout de la piste, du côté de Weneki où nous laissons les voitures pour continuer à pied sur la plage.

La plage à perte de vue…et le lagon plus bleu que jamais.







La balade commence, les pieds tantôt dans le sable, tantôt plongés dans l’eau tiède du lagon. On suit Antoine qui marche d’un pas rapide, mais de temps en temps le pas se ralentit pour observer à droite ou à gauche, pour scruter l’eau aux dégradés de bleu turquoise, pour lever le nez sur le ciel d’un bleu profond où passe un aigle des mers, pour ramasser les coquillages les plus beaux du monde.




Et puis on s’arrête pour écouter Antoine : il a encore quelque chose à nous narrer.

Là, il nous fait partager son inquiétude en nous montrant une dune mangée par la mer.




Cette même dune, vingt ans plus tôt était une vraie dune et aujourd’hui, elle est creusée par la mer qui bientôt rejoindra la forêt. Le réchauffement de la terre, la montée des eaux…sont des évènements qui arrivent plus rapidement qu’on ne le croit, clame Antoine, et même ici sur cette île à l’autre bout du monde où l’on ne vit pas à l’ère industrielle et où l’on cultive ses champs naturellement.


Antoine accuse : «Par la faute des hommes des métropoles et leur course à la consommation, mêmes nos îles sont en danger et risquent bientôt d’être englouties ! »

Il a raison Antoine et c’est ici, devant tant de beauté que l’on prend conscience d’un réel danger et de la nécessité d’agir vite…

Devant un magnifique bois flotté que nous admirons en plein milieu de la plage, Antoine secoue la tête :
 « C’était un arbre vert, plein de sève il y a quelques années à peine…Ils étaient nombreux comme lui à donner leur ombrage sur la plage. La mer les chasse pour prendre leur place en les faisant mourir. La mer avance de plus en plus et trop rapidement ! »


Ces arbres sont morts mais ils sont encore enracinés très profond dans le sable… Dorénavant, je regarderai ces œuvres d’art autrement …







Antoine nous fera faire une autre halte lorsque nous traverserons la mangrove pour nous expliquer les vertus médicinales des plantes.

Puis nous arrivons en vue de la fameuse passe aux requins.








Antoine s’accroupit dans le sable et à l’aide d’un bout de bois, il se met à dessiner la main et les cinq doigts. Il relève la tête et pointe au fond de la passe les cinq bras de mer :
 « Au milieu c’est le Nimeck, la nursery des requins ! »


Si vous m’avez lue dans l’article précédent, vous savez que « Nimeck » veut dire « Mourir demain » en langage kanak.
 

Nimeck est le nom de ce site fabuleux.


« Nos ancêtres savaient que ce site finiraient par mourir un jour…mais pensaient-ils que cette disparition se produiraient aussi rapidement ? Cet endroit est sacré. Il faut protéger les requins car s’ils disparaissent c’est tout l’écosystème marin qui disparait avec eux…Nous devons protéger l’héritage de nos ancêtres ! »

Du coin de l’œil, j’observe les bébés requins qui nagent à quelques mètres de nous ainsi que les taches brunes qui parsèment le lagon translucide, les ailerons qui parfois tranchent la surface de l’eau.
 Ce sont les requins femelles qui attendent que la marée apporte un niveau d’eau suffisant pour franchir la passe afin de rejoindre la nursery.

Antoine dit que le requin n’est pas mauvais comme on veut bien le faire croire :
 « Les requins sont l’âme de nos ancêtres ; ils nous protègent ! »


Un requin s’approche tout près : un petit «  pointe noire ». J’ai déjà les pieds dans l’eau. Je n’ai pas peur et je le prends même en photo :





De l’autre côté, l’îlot Unyée et la passe que nous allons traverser !




La marée s’apprête à monter. Il nous faut traverser pendant que le niveau le permet.

De l’eau jusqu’à la taille, en file indienne, nous suivons Antoine, confiants.
Pourtant nous sommes entourés de squales qui vont et viennent, un peu plus loin dans un ballet incessant : des requins pointes noires, des pointes blanches, des requins citrons…


Nullement inquiet, Antoine avance dans l’eau, bavarde, rit…et tout le monde suit…même les plus anxieux…


Sur notre droite, tout au fond de la passe, nous apercevons la nursery des requins que nous laissons tranquilles.

Nous sortons de l’eau et suivons la plage de l’autre côté, les yeux fixés sur le lagon bleu où l’on voit très nettement la silhouette de nombreux requins.
Ils semblent nous suivre. Ils nous ont repérés, c’est sûr et ils sont curieux !







Nous suivons la plage en direction de la passe de l’îlot Unyée où nous devons nous arrêter pour une bonne heure de « quartier libre »




Quand soudain un requin citron s’approche de la plage à moins de deux mètres de nous !
Attroupement, appareils photos, clic clac dans la boîte malgré la précipitation !

Impressionnant, même pas peur le requin !
Venir si près du monde, si près dans une eau si peu profonde…et hop, il est reparti tranquillement…content de nous avoir vus de près !













   Sur cette photo on aperçoit les deux ailerons, typiques du requin citron…Celui-là est un jeune requin...déjà bien grand!


Arrivée sur la plage magnifique, devant la passe de l’îlot Unyée :
 



Antoine nous donne « quartier libre » pendant une bonne heure !
Là, nous allons pouvoir nous restaurer un peu, nous enduire pour la énième fois de crème à bronzer et nous reposer quelques minutes de nos trois heures de marche.


Quelle chance d’être là, au bout du monde, sur cette plage paradisiaque et de vivre une telle expérience…nous en sommes conscients !

Nous allons bien sûr pouvoir plonger dans l’eau turquoise avec masque, palmes et tubas ! C’est même fortement conseillé !
A priori, d’après Antoine, rares sont les requins qui nagent dans cette passe…ils sont plutôt dans la passe que nous avons traversée, direction la nursery !
Rassurés, tout le monde plonge !


Poissons multicolores, jolies anémones de mer, magnifiques coraux…L’endroit vaut le détour et la température de l’eau est idéale…

Malgré les dires d’Antoine, un requin citron de belle taille viendra pourtant nous dire un petit bonjour !
...Mais vous en saurez plus dans un prochain épisode : je vous raconterai mon aventure inoubliable !

Une bonne heure après, nous nous remettons en route pour retourner sur nos pas et refaire la balade à l’envers. Trois heures de marche nous attendent à nouveau.


Nous retraversons la passe de Nimeck.


Nous ne rencontrons pas beaucoup de requins sur notre passage, cette fois-ci. Tous doivent être parvenus dans la nursery et en train de nourrir les petits en famille.
Seules quelques traces sombres filent dans l’eau transparente sortant un aileron ici ou là.

La mer étant plus haute, nous prenons un raccourci pour franchir la passe sur un banc de sable, mais nous avons toutefois de l’eau plus haut que la taille.
Là, certains sables sont mouvants et il ne faut pas y laisser le pied trop longtemps.
L’endroit que nous avions traversé le matin n’est maintenant plus accessible. Antoine connaît son lagon mieux que personne !

La plage est toujours aussi belle et le lagon scintillant. Les coquillages pèsent lourd dans les sacs.


Le retour nous semble un peu long…sans doute parce que nous sommes fatigués et assommés de soleil…


Nous avons surtout hâte de reprendre nos voitures pour nous répondre à l’invitation d’Antoine. Il nous propose un goûter chez lui, dans sa maison, afin de terminer la journée de façon conviviale.

Nous avions entendu parler des goûters succulents et copieux que préparaient Graziella, l’épouse de notre guide…et à l’idée de déguster des salades de fruits frais du jardin et de boire des jus pressés, nous accélérons le pas. Ha, bientôt un peu de fraîcheur !

Arrivés à la cocoteraie, nous nous sommes engouffrés dans les voitures chauffées à plus de 50° ! Sauna en supplément, merci Antoine !


Le chemin de sable et de pierres étant plein d’ornières, l’une des voitures nous précédant …crève ! Arrêt. Changement de roues…tout le monde s’y met…et redémarrage.
Les roues patinent…il ne manquerait plus que l’on s’embourbe dans le sable…mais non, ouf, nous sortons de la piste et empruntons un dédale de petites routes un peu plus carrossables, tentant de ne pas perdre de vue le scooter d’Antoine.


Nous y sommes, arrivée chez Antoine :


   Allée de cocotiers qui mène chez Antoine
  L'enseigne du guide Antoine, juste à l'entrée




  Entrée gardée par les bananiers


Puis nous découvrons la maison:





Accueil souriant de Graziella qui nous attend devant une table aux merveilles acidulées !


Aussi beau que bon !


Salades de papayes fraîches, salades de papayes vertes râpées et assaisonnées au citron vert et jus de fruits frais, café…


 




Un bonheur pour les papilles et les yeux…surtout que nous avions besoin de nous désaltérer et de combler un petit creux !

Papotage autour de la table, signature du livre d’or de la maison, visite du jardin (celui du paradis, ça c’est sûr, vu les espèces rares et magnifiques !), petit tour de la maison.
La vie est douce pour les chats dans la tribu Weneki !




    Un jardin extraordinaire...


Avant de partir, on prend la photo-souvenir:


  Antoine et sa petite Léa


Merci Antoine pour cette merveilleuse journée que nous ne sommes pas prêts d’oublier…ho non, jamais…impossible d’oublier une expérience pareille !




La prochaine fois, je vous raconte ma rencontre inopinée avec un requin citron dans la passe d'unyée !