L’art sous contrôle.
Nicolas Sarkozy en rêve sans doute. Peut-être même y pense-t-il le matin en se rasant. Après Eric Raoult et le prix Goncourt, c’est au tour du directeur de l’Ecole nationale
des Beaux-Arts de réaliser les rêves du président de la République. La prestigieuse institution n’a, dans un premier temps, gardé que quelques heures sur ses façades, le 12 janvier, l’œuvre
d’une artiste franco chinoise Ko Siu Lan composée de bannière reprenant chacun un des mots d’un slogan électoral : « travailler », « plus », « gagner » et
« moins ». « Atteinte à la neutralité du service public » a jugé la direction de l’école nationale. De deux choses l’une. Ou bien cette dernière a découvert l’œuvre après qu’elle
a été installée et il s’agit d’autocensure. Ou alors, plus probablement « quelqu’un » s’est ému d’une telle provocation et a exigé qu’on décrochât ce nouveau « crime de lèse-majesté ». Il est
heureux que le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, ait fait remettre en place les banderoles dès le lendemain. Reste que ce nouvel incident témoigne une fois de plus de la méfiance de
l’Etat Sarkozy à l’égard de l’art, de sa volonté de le mettre au pas.