Récemment un événement est survenu dans le petit monde de l’informatique qui a enfilé les frusques du ridicule pour mieux dissimuler sa nature profondément inquiétante.
Tout le monde (ou presque) connaît l’iPhone. Le couteau suisse que l’adepte des nouvelles technologies arbore avec fierté ou le couve d’un regard envieux au travers des vitrines. Car, en plus de téléphoner, l’engin vendu par Apple sait tout faire (ou presque). La grande idée d’Apple a été de coupler un design novateur a une plateforme de vente d’application qui enrichissent les fonctionnalités du joujou. Sur cette boutique en ligne (l’App Store), vous pouvez acheter pour une somme allant de zéro à quelques euros de petits programmes qui vont du franchement inutile à l’indispensable en passant par le ludique et le pratique.
Apple a eu l’intelligence de faciliter la vie des développeur de ces applications en leur fournissant les outils pour écrire ces programmes et de faciliter leur distribution tout en garantissant un partage équitable des bénéfices. En contrepartie, les applications pour l’iPhone ne peuvent être vendues que sur la boutique d’Apple et nulle part ailleurs. On a déjà lu des critiques lancées par les développeurs qui devaient se soumettre au diktat d’Apple pour voir le fruit de leur travail mis en vente. Il y a quelques jours, Apple est allé plus loin en retirant de la vente plus de 5.000 applications jugées trop suggestive. On pourrait gloser sur l’infantilisme d’une telle décision: dans une société qui érotise l’achat d’un pot de yaourt, une fille en bikini peut paraître moins dangereuse qu’un coussin péteur (allez voir à quoi sert iFart – toujours en vente). On pourrait mais cela serait dénier à Apple et ses dirigeants le droit de vendre des programmes qui sont en accords avec leurs valeurs puritaines. Si le libraire du coin de la rue refuse de vendre Play Boy parce qu’il considère que c’est contre ses convictions, qui l’en blamera? Le problème vient qu’avec un iPhone, vous n’avez pas le choix du vendeur. Pas question d’aller chez un autre libraire. Cette dérive n’en est pas à sa première manifestation: Amazon avait retiré de son espace de vente électronique en privant d’accès les clients qui l’avaient acheté en toute bonne foi (pour l’anecdote, il s’agissait de 1984 de George Orwell). Le client n’est plus propriétaire de ce qu’il achète. Vous avez un iPhone? Faites ce qu’Apple vous laisse faire, pas ce que vous voulez faire.
Quelle sera l’étape suivante? Si Apple n’aime pas ce billet, pourra-t-il s’afficher sur un Mac? Apple envisage de vendre des livres électroniques. Va-t-elle censurer les ouvrages trop suggestifs? Les journaux qui publient des articles non certifiés par Apple seront-ils interdits?
Je n’aime pas cette dérive qui rappelle singulièrement … George Orwell