Et c’est reparti pour un tour : la France va friser la pénurie de carburant ! C’est ballot, alors que l’économie repartait à fond les ballons !
Il y a, tous les jours, en France, au moins une grève ou un conflit social d’envergure en cours. C’est, avec le vin, le fromage, et les dictateurs totalitaires, une des principales productions du pays.
Quand ce n’est pas la SNCF, c’est l’Éducation Nationale. Quand ce ne sont pas les profs, ce sont les électriciens, les gaziers ou les contrôleurs aériens. Et quand ce n’est pas un service public, c’est une grande entreprise nationale, dont les intérêts sont massivement entremêlés avec ceux de l’Etat soit par subvention, soit par actionnariat, soit par connivences gluantes aux sommets.
Et cette fois-ci, pendant qu’Orly subit les affres d’une nouvelle grève de prestataires de services et fait ainsi profiter d’un rayonnement international la grévitude franchouille, c’est la Régie Nationale des Pétroles Républicains qui s’y met.
Oups, pardon – À lire les articles de presses parlant d’un Lefebvre qui veut rouvrir le site de Dunkerque et d’un Estrosi qui exige un CE anticipé, j’avais cru un court instant que l’entreprise Total avait officiellement basculé dans le giron de l’Etat français.
En réalité, si l’État n’est plus directement actionnaire du groupe, il en reste quand même le plus gros bénéficiaire, au travers des ventes de produits pétroliers en France : avec des taxes sur l’essence dépassant allègrement les 100%, on comprend que le fisc chouchoute le dealer et on comprend aussi pourquoi toute la classe politique veut toujours fourrer son nez dans l’entreprise.
Et c’est donc encore une fois un de ces magnifiques fleurons de l’industrie française, parfaite illustration en grandeur réelle de ce que le Capitalisme Patriotique peut produire de plus efficace pour emmerder les foules, qui va enfoncer une nouvelle écharde, pardon une aiguille, mmh non, finalement, un gros épieu dans le pied des Français qui seront, j’en suis sûr, très contents de participer à l’opération Renflouons La CGT Total – Dunkerque.
Notons aussi, toujours dans le chapitre Capitalisme Patriotique, que le rachat d’ELF par le pétrolier aura certes doublé l’effectif de l’acheteur mais lui aura aussi permis de « bénéficier » des méthodes de gestion sociale du gazier qui, accouplées aux syndicalistes déjà présent dans l’entreprise-mère, permettront d’aboutir à la situation qu’on connaît actuellement. Malin : on a changé le nom du bocal, mais on a conservé les mêmes cornichons…
Bilan ? On utilise les manœuvres habituelles d’intimidation par la grève, avec ici le puissant levier du carburant, et on se retrouve avec un merdier couru d’avance aux odeurs lourdes de marée noire : si la direction ne fait pas ce que les grévistes veulent, ces derniers menacent de mettre toute la France automobile à l’arrêt.
Au moins, on pourra se consoler en se disant que les grévistes, pour une fois, ne se cachent pas derrière un argument du type « On le fait pour tous ceux qui ne peuvent pas le faire, on le fait aussi pour vous, fiers automobilistes qui allez faire beaucoup de vélo prochainement ». Là, au moins, c’est clair, il s’agit de défendre son emploi, point.
Ici, ce qui me gêne n’est pas, en soi, la grève que ces syndicalistes mènent : tant qu’elle est légale et respectueuse du droit du travail (ce qui serait assez rare pour être noté, mais baste, passons), elle représente un des moyens dont dispose ces personnes pour obtenir ce qu’ils veulent.
Ce qui me gêne en revanche beaucoup plus, c’est, d’une part, l’appel à déclencher la pénurie par le leader syndicaliste, et d’autre part, l’intervention de l’État dans cette crise.
En effet, vouloir ouvertement le pire (la pénurie) est ici faire preuve d’une bêtise crasse, d’un manque profond de lucidité et, pour tout dire, illustre parfaitement l’esprit égoïste habituel chez les leaders collectivistes.
Économiquement, une fois la pénurie atteinte, on se retrouve dans la situation où, chaque minute qui passe, la France perd, littéralement, des millions d’euros en activité non fournie, en service non rendu, en production non faite. Cette perte n’est pas seulement irritante pour quelques banquiers et prospères actionnaires d’un fumeux patronat boudiné / nez crochu / etc… tel qu’on le représente dans les images d’Épinal à la mode gauchiste.
Elle représente, très concrètement, un nombre bien violent de nouveaux chômeurs, de nouvelles faillites d’entreprises. Et ces faillites aggravent en réalité la situation générale, celle-là même qui provoqua au passage la décision de Total de fermer la boutique à Dunkerque. Autrement dit, en souhaitant ainsi la pénurie, les gréviculteurs pratiquent, bêtes et méchants, la politique de la terre brûlée : plus rien pour eux, et plus rien pour les autres non plus. Il est vrai que lorsque tout le monde baigne dans la merde, au moins, il n’y a plus de jaloux.
D’autre part, l’intervention directe de l’Etat est, comme je l’ai souligné précédemment, une parfaite illustration de ce qu’est le Capitalisme Patriotique Franchouille & De Connivence : une entreprise privée, dans ce pays, ne peut prendre, finalement, aucune décision stratégique de long terme importante, sans qu’elle ne soit immédiatement inscrite dans le cadre d’une manœuvre politique qui, elle, est toujours de nature « court-termiste ».
Dans le court-terme, on se souviendra des longues années d’errance intellectuelle et de rattrapages douloureux, pénibles et au final totalement inutiles de toutes les filières du charbon et de l’acier : chaque action gouvernementale, chaque rallonge de budget, chaque aide d’Etat s’est, au final, traduite par un appauvrissement catastrophique des régions concernées, et de tous les autres contribuables avec elles : non seulement, le charbon et l’acier en France n’ont pas été sauvés, mais en plus, le tissus social local a été ravagé profondément, et ce, sur plusieurs générations.
Là où, dans d’autres pays, on a su, bien tragiquement mais efficacement, se faire mal une fois et rapidement, en France, on a réussi a faire durer la douleur pendant plus de vingt ans.
Ici, en intervenant avec les mêmes principes, les mêmes idées, et les mêmes méthodes, l’État obtiendra … les mêmes résultats : le raffinage en France disparaîtra, mais les efforts de l’État pour qu’il n’en soit pas ainsi provoqueront suffisamment de dégât, tant au niveau local qu’au niveau national, pour que tout le monde s’en souvienne pendant plusieurs décennies.
De la même manière purement égoïste que le syndicaliste et sa terre brûlée, les politiciens ne s’occupent ici que de leurs intérêts bien compris dans leur future réélection au moyens de petits moulinets et de grandes rodomontades.
La facture finale, au total, ces lascars s’en foutent : c’est le moutontribuable qui régale.