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Si lourde tâche que de garder paupières ouvertes quand la nuit se fit courte.
Longue journée à marcher, démarcher, dans des allées où déambuler relève d’un exploit…
Si n’étaient fugaces toiles offertes au hasard, que de pauvre vocabulaire serait tissé le jour…
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Il fallait pourtant se donner ce temps, saisi au hasard d’insomnies…
Juste un goût acide pour bouter dehors les rêves et s’assoir, pantelant, devant lucarne d’écriture…
Dans la somme colossale des tâches à venir, tenter en vain de faire le tri, pour ne pas mourir sous l’empilement massif…
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La nuit nous avait déposé son invitation au repos…
Elle ne savait pas le poids d’une journée et sa longue traîne…
Tant et tant qui attendent au portillon du soulagement, tant qui désespèrent, tendent leurs mains hésitantes dans l’espoir d’un secours…
Temps sombre qui voit les symptômes de l’épuisement courir les rues…
Ames damnées d’un temps qui pousse à l’oubli du corps sans rémission pour l’âme, schizophrénie définitive qui fait de chacun et chacune un étrange robot livide…
Nulle chimie qui vienne combler les manques cruels.
L’enfant à peine né, hurlant dans son berceau de plexiglas, porté à bout de bras en maxi cosi d’indifférence, en poussettes de négligence et de sevrage affectif…
Que reste-t-il d’humanité dans cette tragédie génératrice de tant de maux ?
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Ils se massent en infinis appels de détresse.
Ils lancent leur lente mélopée de souffrance que nul n’entend plus, tous pris dans le même moule difforme…
Ne reste qu’instant de compassion vaine devant le meurtre perpétré qui lâche une ultime larme dans un puissant soupir…
Si belle aux yeux fermés qui sait son destin scellé en molécules de drame…
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Je reste là, bras ballant, cœur battant à vide, déclinant mes rêves en rempart contre la fatigue trouble…
Il est bien plus de commun entre nous que ce qui nous divise…
Tant à reconstruire pour respirer enfin…
Manosque, 23 janvier 2010
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