Mimesis

Publié le 23 février 2010 par Paule @patty0green
Ce mot est usé. En en faisant le titre de ce petit billet de blog, j'ai l'impression de créer une banalité agressante. Je réfléchissais à cette notion et à la manière dont on la malmène aujourd'hui. La meilleure manière de la malmener est certainement d'omettre de la situer dans les écrits d'un penseur. Lorsque je la lis ou l'entends comme si elle allait de soi, comme si elle était là, à sa place, au milieu d'un discours sur l'art, je décroche complètement. Le reste du discours ne m'intéresse plus parce que justement, il ne peut pas faire autrement que de devenir un simple reste. On a tous des petits mots qui nous dérangent lorsqu'ils sont prononcés sans être enveloppés d'un peu d'intelligence. La Mimesis est devenu une sorte de vieux meuble qui se tient dans l'ombre de la chambre à coucher de l'histoire de l'art! Chez les philosophes Platon et Aristote ou encore chez Ricoeur (pour en nommer que quelques uns) la notion de Mimesis porte des significations radicalement différentes qui éclairent une vision de l'art. Choisir sa Mimesis, c'est comme prendre position sur l'art, c'est comme élucider une approche méthodologique. Je dirais même que c'est une forme de croyance. C'est pourquoi on ne peut pas mentionner ce terme au coeur de sa petite théorie sans choisir l'une de ses racines, sans élucider LA Mimesis qui nous habite. Pour ma part, c'est un mixte de la Mimesis de Kant et de l'action mimétique chez Warburg. Pour Kant, l'art ne doit pas simplement reproduire la nature, mais doit produire à la manière de la nature, c'est-à-dire, en parfaite liberté. Comme je trouve cette position un peu trop idéaliste, j'aime cette idée warburgienne que les artistes sont traversés par le passé. Ce retour des formes anciennes se traduit dans le geste, un geste qui, d'une certaine manière, est "libre".