Débat d'orientation budgétaire

Publié le 22 février 2010 par Jplegrand

Intervention de Jean-Paul Legrand,
Président du groupe des élus communistes
au conseil municipal de Creil

Débat d'orientation budgétaire

22 février 2010

La crise que nous vivons n'est hélas que le premier soubresaut d'une crise toujours plus générale et toujours plus destructrice. Toutes les réponses qui sont apportées à ce jour ne font que l'empirer, elles ne font que l'aggraver. 

Le système capitaliste provoque en permanence la division des gens pour les mettre davantage  en concurrence. Son but est d'atteindre les objectifs de rentabilité du capital indispensables à la survie du capitalisme. D'ailleurs c'est ce que nous disent tous les politiciens qui défendent ce système : il faut accepter la concurrence mondiale, il faut s'adapter à cette mondialisation sinon ce sera pire. Ils inversent les causes et les effets. Ils veulent faire croire que ce sont leurs solutions qui résoudront les problèmes d'un monde qui marche sur la tête.

Mais en fait ce sont leurs réponses qui aggravent la situation : ils ont tous les pouvoirs,ils sont à la tête de la majorité des Etats, ils possèdent la quasi-totalité des banques et des entreprises de la planète. Ils se livrent une guerre économique sans précédent, mais ce ne sont pas eux qui en meurent et en souffrent. Ce sont des masses immenses d'hommes, de femmes et d'enfants qu'ils exploitent et tentent de maintenir dans l'oppression.

Tout ce qui n'est pas rentable ne doit pas être financé, telle est la règle du capitalisme.

La pensée capitaliste ne peut comprendre qu'il puisse exister d'autres rapports entre les êtres humains que des rapports marchands.

C'est tellement vrai que je voyais dernièrement à la télévision le patron d'une multinationale s'insurger contre le fait que des gouvernements  d'Amérique Latine avaient courageusement décidé de troquer des produits entre eux sans passer par le biais du dollar.

C'est tellement vrai que la pensée dominante  ne voit le monde qu'à travers l'argent : ouvrez n'importe quel journal, regardez n'importe quelle émission de télévision, on ne voit les rapports humains qu'à travers l'argent qui est devenu le fétiche suprême de notre société. 

C'est dans ce contexte qu'il faut situer la brutale agression contre nos institutions démocratiques et en premier lieu nos communes.

Notre ville n’a pas beaucoup de moyens pour répondre aux besoins grandissants de sa population.

Malgré tout nous continuons d’agir pour que la commune puisse offrir des services de qualité à tous et investir dans des réalisations utiles à la population. Mais si nous regardons l'avenir sous l'angle du capitalisme, il faut être honnête et alerter les gens : les communes auront de moins en moins d'autonomie et vont rapidement se transformer en relais locaux d'un Etat de plus en plus autoritaire, dans lesquels les élus n'auront plus de moyens de décider, notamment avec la suppression de la clause de compétence générale.

Nous avions  déjà alerté le conseil municipal et nos concitoyens l'an dernier à propos de notre budget : nous engageons ce qui peut l’être avec ce que l’on a,  mais le budget d’une commune tout comme le budget d’une famille dépend pour l’essentiel de ses recettes.

Or le gouvernement avec la décision de supprimer la taxe professionnelle va aggraver la situation, en exonérant ainsi les entreprises c’est autant de perte fiscale pour notre budget, et les compensations prévues ne sont que provisoires.

Le gouvernement présente cela comme une mesure efficace pour les entreprises et l’emploi avec l’idée tant répandue que les profits d’aujourd’hui sont les emplois de demain. C'est aussi à partir de ce dogme que des responsables politiques de droite comme de gauche décident de voter des subventions publiques à des entreprises multinationales.

Mais la réalité nous démontre qu'il s'agit de choix néfastes et inefficaces  car dans la société capitaliste en crise, les profits vont de plus en plus  vers la spéculation et la grande finance et de moins en moins vers l’emploi, la santé, le logement, l’éducation. Pour les capitalistes et les hommes du pouvoir tout cela coûte toujours trop cher. Ce qui les intéresse c’est que ça leur rapporte, c’est pour cela qu’ils affaiblissent les services publics puis les privatisent. C’est pour cela que si ils le pouvaient ils transformeraient les communes qui représentent les premiers services publics de proximité en entreprises privées pour réaliser toujours plus de profits.

Le danger existe et il est imminent :  adieu l’égalité de traitement entre usagers, la gratuité, la solidarité, terminés la coopération , l’entraide, le partage, la mise en commun pour laisser place à la sauvagerie de la concurrence et du chacun pour soi.

Soyons clairs et rejetons la démagogie politicienne : ce n'est pas le maire de notre ville, ni le conseil municipal qui pourront à eux seuls créer les conditions d'un développement économique de notre territoire qui est indispensable au développement social de celui-ci. Il faut des mobilisations populaires sur des objectifs qui s'en prennent au système capitaliste lui-même, sans cela la situation ne pourra que s'aggraver.

Cependant pour favoriser ces mobilisations, il est nécessaire d'avoir une vision stratégique de notre commune et du territoire intercommunal, de les situer dans les grands axes des développements économiques possibles dans ce sud de l'Oise et en Picardie. Nous devons travailler à une cohérence d'action avec nos voisins pour ce développement économique en relation notamment avec la future liaison fluviale seine-nord, la création de la ligne Creil-Roissy fret et passager, et y compris soutenir la proposition du troisième aéroport international en Picardie qui deviendrait un moteur de développement sans précédent.  On ne pourra en effet construire une alternative à la destruction économique actuelle si on ne prépare pas avec les gens de grands projets de société, utiles à l'emploi et au progrès social.

Le scandale est qu'une ville comme Creil a des besoins  sociaux énormes et peu de moyens d'y répondre du fait de l'égoïsme grandissant intrinsèque au capitalisme qui se traduit par la casse organisée des services publics et les privatisations décidées par les gouvernements successifs de ces dernières décennies.

Cet égoïsme nous insulte chaque jour. Comment une société aussi riche que la nôtre peut-elle admettre qu'une seule personne ne puisse avoir un logement décent, un emploi, de quoi se nourrir, vivre décemment, humainement ? Avec mes amis, nous le disons : il faut préparer la révolution parce que la réalité elle-même appelle à cette révolution, c'est à dire remettre la société sur ses pieds, ceux du travail et de la formation, ceux de la coopération et de la solidarité, ceux de l'élévation de l'esprit humain au service de l'humanité.

Quand on sait que le nombre de repas servis par les associations de solidarité comme les « restos du coeur » est en train d'exploser et que jamais les profits des grands groupes capitalistes  ne se sont si bien portés, il est totalement indécent de polémiquer et d'accuser le maire ou notre majorité municipale d'être responsables de la situation.


Nous, le groupe communiste, nous le disons
à la droite : votre système est en train de s'écrouler et vous voulez rendre responsables de cet écroulement tous ceux qui en sont victimes mais surtout pas les capitalistes que vous défendez becs et ongles parce que vous ne voyez le monde qu'à travers la puissance de l'argent. Sachez que cette puissance est toute relative, qu'elle deviendra piteusement ridicule le jour où par millions les citoyens s'érigeront politiquement contre votre système et ce jour ne tardera pas à venir. Le maire d'une commune voisine appelait récemment lors de ses voeux  à une insurrection sociale, pour ma part j'en appelle à une insurrection politique pour renverser votre système à bout de souffle  et construire une société qui n'a jamais existé et que pour ma part je nomme communiste parce que nous libérerons la puissance du travail  et de la coopération,  de celle de l'argent et de la domination.

Que l'on en ait conscience ou pas nous vivons déjà l'époque de bouleversements tels que nos communes et toutes les institutions seront de plus en plus l'enjeu d'une lutte de classe acharnée afin que les gens inventent de nouvelles institutions beaucoup plus démocratiques et humaines fondées sur l'incontournable réalité communale, base historique de la démocratie, en arrachant aux capitalistes le pouvoir de décider enfin de leur avenir.


Ainsi nous sommes totalement favorables à la coopération intercommunale et notamment à tout le travail qu'il faut soutenir et auquel doit participer davantage la population en faveur du Schéma de cohérence territoriale qui devrait permettre d'exprimer les besoins et tracer les orientations principales pour le devenir de notre territoire.

Même si nous souhaiterions avoir beaucoup plus de moyens pour orienter notre budget avec des investissements favorisant le développement économique notamment en faveur de l'activité de commerçants, artisans, TPE, PME et PMI, en faveur par exemple d'infrastructures portuaires, et d'aménagement favorables à la diversité des transports dans notre ville et son agglomération, même si du point de vue de l'environnement nous considérons que pour atteindre les objectifs de diminution de production de CO2 dans l'atmosphère cela nécessiterait des investissements plus importants encore  que ceux que nous pourrons engager,, notre groupe se prononce en faveur des orientations budgetaires telles  qu'elles  nous sont  présentées ce soir .

Cependant nous inscrivons notre action dans un combat beaucoup plus large, un combat qu'il est nécessaire de mener à tous les niveaux, local, régional, national et international afin que la création de richesses provenant du travail et de l'esprit ne soient plus la propriété d'une minorité mais devienne propriété universelle : c'est cela que pour notre part nous nommons révolution.