Ce qui me semble autrement grave que des erreurs de jeunesse – à supposer qu’elles aient été réellement commises – qu’ils reprochent si véhémentement à Ali Soumaré. Le déclarant ainsi “tricard” politique à vie…
A l’encontre d’Axel Poniatowski qui n’a que le plus grand mépris pour les jeunes des cités et ne s’en targue que pour faire chuter son adversaire : “contrairement à l’objectif de promouvoir un jeune de nos quartiers la candidature M. Soumaré ne peut être exemplaire. Elle est outrageante pour la démocratie”, j’estime bien plutôt que tous ceux qui ont su tirer les leçons d’un passé difficile parfois condamnable et réussissent dans quelque domaine que ce soit sont des exemples pour les plus jeunes.
La preuve que rien n’est jamais définitivement figé, inscrit par avance, pré-déterminé par l’origine sociale et ou ethnique, le lieu de résidence stigmatisant, etc. Il faut faire la part du destin, des concours de circonstances, des rencontres et de tout ce qui influe chez chacun d’entre nous le cours de l’existence. Associé à la volonté de s’en sortir. Je m’émerveille bien plutôt de voir des jeunes voués à un avenir particulièrement sombre prendre le mors aux dents et mobiliser toutes leurs forces pour le contrarier.
Sinon, à quoi bon payer sa dette à la société et s’amender si le passé doit vous poursuivre toute votre vie ? Autant poursuivre dans la voie du crime… J’utilise à dessein ce mot outrancier car je n’accepte pas les leçons de morale d’un Poniatowski, né avec une cuiller d’argent dans la bouche et membre d’un parti politique où l’on devrait rougir des affaires politico-financières qui vient nous dire que “Les Franciliens et les Valdoisiens appré-cieront sans aucun doute ces candidats atypiques…”.
J’espère bien ! Si j’avais ne serait-ce qu’un milligramme d’influence j’exhorterais les jeunes des banlieues qui ont une carte d’électeur à s’en servir pour soutenir Ali Soumaré et ensuite suivre son exemple en s’investissant dans la vie politique locale s’ils ne veulent pas que leur avenir se fasse sans – et encore plus sûrement ! – contre eux. Le pire est toujours possible avec des individus de la trempe d’un Poniatowski.
Eternelle resucée des “animaux malades de la peste” : l’âne «Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger l’herbe d’autrui ! Quel crime abominable ! Rien que la mort – civique ? – n’était capable d’expier son forfait : on le lui fit bien voir». Le procureur était un loup – homo homini lupus – et la fable se termine par cette sentence bien connue : «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir».
Comment ne pas y associer cette réplique de Martine dans les “Femmes Savantes” : «Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage» ? (Acte 2 ; scène 5).
J’en profite pour faire une remarque : ce n’est pas la première fois que cherchant sur Google des citations extraites de pièces de Molière, pour m’épargner la corvée de rechercher dans tout le texte de la pièce, je trouve sur Wikiquote, recueil de citations libre – pourtant en tête de gondole ! – des indications d’acte et de scène totalement fantaisistes. La dernière fois ce fut “Tartuffe”, ce me semble. Mais comme j’ai la manie de la précision scrupuleuse, j’ai la précieuse habitude de tout vérifier sur le texte.
Clio m’a transmis un mail de la fédération socialiste du Val d’Oise que je n’avais pas reçu. Disant en substance que ces attaques intervenaient comme par enchan-tement au lendemain d’un sondage donnant vainqueur la liste de Jean-Paul Huchon et que la fébrilité gagnait le pouvoir au point de continuer encore plus fort dans les attaques ad hominem, que Dominique Lefebvre – 1er secrétaire fédéral du Val d’Oise – avait eu des échanges de vue avec Martine Aubry et Jean-Paul Huchon et qu’Ali Soumaré demandait à ses avocats - Me Jean Pierre Mignard et Emmanuel Tordjman - «de conduire la procé-dure en diffamation qu’il lancera dès lundi 22 février 2010».
Je vous fais grâce du communiqué qui a été reproduit dans toute la presse. Je m’amuse en revanche de cette demande : «Pour l’heure il convient vis-à-vis de nos contacts extérieurs de nous en tenir à ce communiqué. . Nous ne manquerons pas de vous tenir informés». Du diable si je respecte cette consigne ! J’ai l’habitude de m’exprimer en tant que blogueuse en toute indépen-dance d’esprit et non en tant que militante du PS, encore que je le soutienne à fond pour ces élections.
J’espère simplement que le PS valdoisien ne va pas plier devant le déversement d’ordures de l’UMP. Je devrais même dire “dévoiement” - sous entendu d’organes - au sens très ancien de diarrhée. De toute façon, la liste socialiste du Val d’Oise est déjà déposée et à ma connaissance, la loi interdit de modifier une liste après le dépôt officiel dès qu’elle a été validée par le ministère de l’Intérieur. J’ai même aperçu un titre assez évocateur sur la newsletter de Libération : Voter pour un mort c’est possible ! indiquant que Gilles Suze, tête de liste (NPA) était mort d’un infarctus lundi dernier, peu après le dépôt officiel de sa liste. Nouvelle qui m’attriste bien évidemment pour sa famille, ses proches et ses co-listiers. A l’inverse du défaut imputé souvent aux Corses qui feraient voter des morts, cette fois des électeurs voteront pour un trépassé.
Je vais donc m’attaquer à la longue litanie non exhaustive des «casseroles» du RPR et de l’UMP. Ayant déjà parlé dans l’article précédent de l’UDR avec les scandales de la Garantie foncière et du Patrimoine foncier au début des années 1970, je n’y reviendrais pas. Que l’on ne vienne pas me dire que le PS n’a pas de leçons à donner en la matière. Sans aucun doute mais cela ne me rend pas fière du tout. Bien au contraire.
Je n’ai jamais supporté les malversations, concussions et toutes choses aussi peu ragoûtantes, d’où qu’elles viennent et encore moins de ma propre famille politique. Ici, je ne parle pas au nom du PS mais en mon nom personnel. L’amnistie pour le financement illégal des partis politiques fut une monumentale connerie que nous payâmes électoralement fort cher. Je me souviens d’une bonne femme qui ne cessait dimanche après dimanche de nous entreprendre sur ce chapitre lorsque nous distribuions des tracts. La dernière fois ce fut lors des législatives anticipées de 1997, je la remis fort sèchement à sa place en lui disant : «Tiens, je ne savais pas que Didier Schuller fût membre du PS !».
Je ne sais si elle en tira profit mais nous gagnâmes les élections, et même dans la très conservatrice 7e circonscription du Val d’Oise – dont fait partie Montmo-rency – où le Vert Yves Cochet fut élu après une très bonne campagne de terrain.
Au grand dam bien évidemment du RPR. Il faut dire qu’ils opposaient un brillant et surtout jeune candidat sortant : Robert Lamontagne, quelque chose comme 83 ans aux fraises… S’il ne les sucrait pas encore, le géronte se contentait d’essayer de jouer les vieux beaux ce qui fut nettement insuffisant : le bilan de sa législature était proche du degré zéro.
Le plus marrant aujourd’hui n’est-il pas précisément de voir revenir Didier Schuller sur le devant de la scène ? Didier Schuller de retour aux affaires (20 minutes). Libre de reprendre ses activités professionnelles de conseil et de voyager à l’étranger – il compte repartir à Saint-Domingue où il avait fui la justice de son pays - il n’en reste pas moins privé de droits civiques jusqu’en 2012.
Vous pourrez consulter son éloquent pedigree sur Wikipedia. Cet ancien élu d’opposition à Clichy-sous-bois fut conseiller général des Hauts de Seine et conseiller régional de l’Ile de France avant d’être pris par la patrouille pour des affaires politico-financières. Dans l’affaire dite “des HLM des Hauts-de-Seine” il fut jugé coupable d’avoir fait financer illégalement par des entreprises sa campagne politique à Clichy au début des années 1990. En contrepartie, ces sociétés privées obtenaient en priorité certains marchés publics de l’office HLM du département dont Didier Schuller fut également le directeur général entre 1988 et 1995…
Autre affaire encore plus épique, celle qui est connue sous le nom de “Schuller-Maréchal” qui consista à tenter de déstabiliser le juge Halphen – fort heureusement sans succès. Son beau-père (Maréchal) ayant accepté cette mission moyennant 1 million de francs remis par Schuller dans le hall de l’aéroport de Roissy.
Eric Halphen instruisait alors plusieurs affaires de finan-cement occulte du RPR. Or, j’apprends que Didier Schuller animait la loge – sans nul doute bien nommée - “Silence” du Grand-Orient de France qui réunissait réunit plusieurs personnalités impliqués dans les multiples affaires du conseil général des Hauts-de-Seine.
Rien que du beau monde dans l’UMP du 92 ! La probité incarnée et bien de quoi venir donner des leçons de morale politique aux jeunes des quartiers difficiles du 95 et du 93… Camembert !
Puisque ces “boules puantes” sont jetées dans le marigot d’une campagne électorale où l’UMP considère que tous les coups sont permis, intéressons-nous aux “affaires” du Conseil régional d’Ile de France.
D’abord à Michel Giraud qui le présida de 1976 à 1988 et ensuite de 1992 à 1998… J’ai un vague souvenir qu’il fut mis en cause pour avoir en son temps utilisé du personnel de la Région dans sa demeure – à l’instar de l’UMP Patrick Balkany, maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) qui fut condamné pour cela et privé de ses droits civiques… rien que du beau monde, vous dis-je ! – mais je ne crois pas que ce soit cela qui le fit trébucher de son piédestal, mais l’affaire dite des marchés publics de la Région Ile de France, autrement connue comme «affaire des lycées d’Ile de France». Malversations qui permirent d’arrondir les finances des partis politiques franciliens, toutes obédiences confondues. Je ne ferais pas l’injure à Michel Giraud d’écrire qu’il en retira un avantage personnel. Ce fut au demeurant la seule des personnalités reconnues coupables à ne pas faire appel du jugement.
Pagecrime.com L’UMP d’Ile-de-France attaque des candidats socialistes sur leur passé judiciaire rappelle fort opportunément qu’André Santini - tête de liste UMP/NC dans les Hauts-de-Seine - reste mis en examen pour “prise illégale d’intérêt”, “faux et usage de faux” et “détournement de fonds publics” dans l’affaire Hamon.
Un scénario digne d’un vrai polar avec moult rebondis-sements judiciaires qui ne finissent pas d’agiter le Landerneau politique depuis 2003. Il n’y manque que quelques cadavres pour être un digne remake d’un «Parrain n° X» ou d’un épisode des «Incorruptibles» d’Eliot Ness. Mais à la place nous aurons un fort dispendieux “musée fantôme” selon le titre d’un article de Libération.
Tout a commencé en 2003 par la dénonciation à la Police judiciaire de Jean Hamon par son comptable qui l’accuse d’une longue série de malversations financières. Un classique du genre. Souvenez-vous : les fédéraux n’avaient jamais pu coincer Al Capone jusqu’à ce qu’il tombât dans leurs filets pour une question d’argent. Jean Hamon est un richissime homme d’affaires aux multiples casquettes : promoteur immobilier, marchand de biens, collectionneur d’art, éleveur de bovins et châtelain dans les Yvelines.
Je ne sais si quelqu’un à quelque idée de l’objet du différend entre les deux hommes mais nous en connaissons le résultat. Encore que sur le plan judiciaire, comme dans certains polars, si nous savons qui sont les protagonistes et les faits qui leur sont reprochés, bien malin qui pourra en prédire l’issue avant qu’une décision de justice rendue en dernière instance – ce sera vraisemblablement par la Cour de cassation, sachant la propension de la plupart des politiciens à faire traîner les choses judiciaires aussi longtemps que possible si elles ne se terminent pas en “eau de boudin” : entendre par un non-lieu si la magistrate trop coriace qui l’instruit n’est pas dessaisie du dossier comme le supposent certains commentateurs – ne vienne apposer le mot “FIN” sur ce feuilleton politico-financier.
Les faits en eux-mêmes sont relativement simples. Au début des années 2000, Jean Hamon fait donation au Conseil général des Hauts-de-Seine – encore ! - alors présidé par le très vertueux
Un syndicat mixte est constitué entre le Conseil général et la ville d’Issy-les-Moulineaux. Une convention signée avec le donateur stipule qu’en attendant l’achèvement des travaux les œuvres seront entreposées au Château de Bullion, propriété de Jean Hamon, le syndicat mixte prenant à sa charge les frais de conservation des œuvres.
On se demande bien pourquoi faire si compliqué : il eût suffit à mon avis que la donation ne prenne effet qu’au jour où les œuvres pourraient être effectivement exposées dans le musée en projet. Toujours est-il que cette seule clause aurait déjà coûté 800000 euros au syndicat mixte qui devrait continuer à dédommager Jean Hamon jusqu’en 2011 selon les dispositions de la convention.
Or, le musée ne verra jamais le jour : en 2004 le Conseil d’Etat saisi par des riverains et des associations de défense de l’environnement leur donne raison et annule le permis de construire.
D’’emblée l’affaire sent le souffre. Et agacera formida-blement en haut lieu.
D’abord par les personnalités mise en cause : Charles Pasqua, André Santini, le célèbre architecte Jean-Michel Wilmotte en charge du projet. Ajoutons à cette liste l’inoxydable Bernard Bled qui défraya souventes fois la chronique des affaires politico-financières depuis 1995. Cet ancien administrateur de la Mairie de Paris, proche collaborateur de Jacques Chirac et plus tard de Jean Tibéri – une sacrée référence en matière de probité ! - travailla ensuite aux côtés de Charles Pasqua au Conseil général des Hauts-de-Seine. Nicolas Sarkozy – qui en fit un de ses conseillers… c’est fou comme il sait bien les choisir ! – le nomma en 2004 directeur de l’Epad, poste qui fit beaucoup couler d’encre et de salive ces derniers mois… Patrick Devedjian, successeur de Nicolas Sarkozy à la présidence du Conseil général mis fin à ses fonctions en septembre 2008.
Les défenseurs de Jean Hamon font par ailleurs remarquer que pourraient être mis en cause non seulement Rachida Dati qui officia à un poste de responsabilité au Conseil général des Hauts-de-Seine mais également Nicolas Sarkozy en tant successeur de Charles Pasqua à la présidence du Conseil général lequel continua jusqu’en 2005 à verser des fonds à Jean Hamon pour la conservation des oeuvres. Mais la stricte honnêteté intellectuelle me fait démentir cette assertion dans la mesure où j’ai lu par ailleurs que Nicolas Sarkozy avait vainement tenté de faire annuler la convention litigieuse.
Ensuite, le scandale tient à l’énormité des sommes en cause : 7 millions d’euros dépensés en pure perte par le Conseil général des Hauts-de-Seine et la ville d’Issy-les-Moulineaux pour le projet de musée de la Fondation Hamon qui ne verra jamais le jour ! Bien entendu, ces fonds publics ne seront pas perdus pour tout le monde… Mais bast : ce sont les contribuables des Hauts-de-Seine (pour les deux tiers) et d’Issy-les-Moulineaux (le tiers restant) - qui en sont les gentils donateurs - totalement “à l’insu de leur plein gré”.
Quand je pense que ce sont les mêmes ou leurs semblables – n’est-ce pas, Madame Pécresse ? – qui ont l’insigne toupet de prétendre que la gestion de la Région Ile de France serait calamiteuse et relèverait de la gabegie, voilà bien de quoi faire une poussée d’urticaire géant et d’avoir envie de donner des coups de pieds dans cette fourmilière pour calmer l’irritation. Aux grands maux, les grands remèdes.
Cette affaire est loin d’être close. Nathalie Andréassian, juge d’instruction à Versailles, saisie du dossier, commence ses investigations en 2003. Elle va passer 4 ans à tenter de démêler tous les fils particulièrement enchevêtrés de cet imbroglio financier. Et tout son travail risque d’être remis en cause. Elle avait mis Charles Pasqua en examen le 23 mai 2006 pour “prise illégale d’intérêt” de même qu’André Santini le 3 juin 2006, celui-ci étant suspecté de surcroît d’avoir fait embaucher par Jean Hamon un proche affecté à la garde des œuvres. Quant à Jean Hamon, il fut mis en examen pour “recel de détournement de fonds publics”.
En octobre 2007, elle boucle son dossier et le transmet au parquet pour règlement. Il est évident pour tous les observateurs qu’elle compte bien déferrer les personnes mises en examen au tribunal correctionnel. Bien évidemment, leurs avocats “jouent la montre” et déclenchent une bataille procédurale. Mais las ! un nouveau procureur et un nouveau procureur général sont nommés à Versailles. Par Nicolas Sarkozy of course…
En novembre 2008, le parquet demande à la juge de rouvrir le dossier, ce qu’elle refuse, estimant que ses investigations sont bouclées. Le procureur général de Versailles sort le grand jeu et saisit la Chambre de l’instruction, organe qui contrôle le travail des juges d’instruction . Laquelle rendra son arrêt le 20 mars 2009.
Cet arrêt qui tient en 16 pages et dont beaucoup de commentateurs soulignent le “juridisme pointilleux” est très largement défavorable aux thèses que soutient Nathalie Andreassian : les magistrats estiment que le “détournements de fonds publics” pour lequel André Santini et Charles Pasqua sont poursuivis, n’est pas caractérisé. Idem pour le délit de “prise illégale d’intérêts”.
La magistrate est doctement invitée à reprendre ses investigations : d’après ce que j’ai pu lire par ailleurs, elle devra démontrer «l’élément intentionnel» - qui constitue il est vrai un des piliers du droit pénal – des «détournements de fonds publics» ainsi que «l’élément matériel» du délit de «détournement de fonds publics». Beaucoup d’observateurs feront remarquer que c’est le cœur du dossier qui est remis en cause car ce qu’on lui demande de prouver tiendrait de la «mission impossible»… Ou l’art d’enterrer une affaire bien embarrassante pour le pouvoir sans avoir – ou presque – l’air d’y toucher, avec de grands effets de manche.
Sachant que le même André Santini se présente à la tête de la liste UMP pour les Hauts-de-Seine je n’en demanderais pas moins au très sourcilleux procureur Axel Poniatowski si cela ne le gêne pas d’avoir un – presque – repris de justice comme ambassadeur des hautes valeurs morales de l’UMP. Qu’il soit condamné ou non n’y changera rien quant aux faits. D’une singulière gravité.