En signant la pétition qui appelle à la sauvegarde du musée du Cabinet des médailles, des agents de la BnF ne savaient pas qu’ils s’engageaient sur un terrain glissant – et à la mode : le « devoir de réserve ».
© 2005 Zubro
Attention quand vous signez !
A l’initiative de l’Association pour la sauvegarde du Musée des médailles et antiques, une pétition est disponible en ligne qui rassemble pour l’instant quelques 3000 personnes. Jusqu’ici, tout va bien. Apparemment très sensible sur la communication autour du Projet Richelieu (qui prévoit la disparition dudit musée), la Direction de la BnF s’est rendu compte que des fonctionnaires travaillant en son sein faisaient partie des signataires. Les résultats ne sont pas fait attendre : ces agents ont gagné une convocation dans le bureau du Directeur général adjoint Denis Bruckman, d’habitude si difficile à rencontrer.
Devoir de réserve contre liberté d’expression
Au programme de cette entrevue d’un genre rare, il était question d’un retrait des signatures pour cause de « devoir de réserve ». Rien que ça. Alors que la loi portant droits et obligations des fonctionnaires (n° 83-634 du 13 juillet 1983) ne stipule aucunement cela – seul un devoir de discrétion est demandé (art. 26). considérant la convocation orale faite aux agents et les propos qui se sont tenus pendant cet exposé fantaisiste, le seul mot qui vient à l'esprit est "intimidation". Drôle de pratique pour une institution comme la BnF. Bientôt la gégène pour les grévistes ? Ou les lacrymos pour les retardataires ?
© Vbritto
Mais la question qui taraude votre serviteur serait plutôt : qu’est-ce qui pousse la direction de la Bibliothèque nationale à considérer aussi gravement des faits qui paraissent mineurs ? La bonne tenue du Projet Richelieu ? L’enterrement propre et sans bavure du plus vieux musée de France ? On devrait en savoir plus dans les jours qui arrivent.