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Ali Soumaré, victime emblématique des “étrons de campagne” de l’UMP valdoisienne ?

Publié le 22 février 2010 par Kamizole

ali-soumare-express.1266863930.jpgQuand bien même Ali Soumaré aurait-il fait des erreurs dans sa jeunesse – à supposer que les accusations de ses adversaire pour les régionales soient vraies – serait-ce une raison suffisante pour le déclarer “tricard” politique à vie ? A ce compte-là, un sacré paquet d’élus devraient avoir de longtemps tiré leur révérence – toutes tendances confondues, hélas ! mais l’UM/Posture bat tout le monde à plates coutures et le FN peut bien se draper de lin candide, il fut parfois tout aussi concerné par des “affaires” politico-financières guère plus reluisantes.

Je ne peux m’empêcher de penser à René Char parlant dans les «Feuillets d’Hypnos» “d’individus toujours en avance sur leurs excréments”… Délicatesse de poète qui n’en dit pas moins. Je ne saurais dire si le candidat et tête de liste PS du Val d’Oise pour les régionales est ou non coupable de ce dont l’accusent Francis Delattre, délateur maire UMP de Franconville – multirécidiviste dans ses attaques ! – Sébastien Meurant, maire de Saint-Leu-la Forêt et Axel Poniatowski, député-maire UMP de la très bourgeoise L’Ile-Adam. Lequel égratigne également au passage Jean-Paul Huchon qui fut certes condamné pour prise illégale d’intérêt mais non déclaré inéligible ce qui prouve que les faits reprochés n’avaient pas le caractère de gravité extrême que lui donnent ses adversaires. L’UMP rendue enragée par les sondages défavorables ne semble plus connaître de limite dans ses attaques.

Certes, ces accusations m’ont laissée perplexe mais je n’entrerais pas dans les détails : contrairement au Nouvel Observateur Deux élus UMP balancent une sorte de “casier judiciaire” de leur concurrent PS qui s’est refusé à en faire état - précisément parce que la divulgation de ces accusations, très certainement obtenues de manière frauduleuse, tombe sous le coup d’une violation du secret professionnel et porte atteinte à la présomption d’innocence - VO.news n’a pas la même pudeur qui les relaie intégralement ! Le maire de Franconville évoque des condamnations d’Ali Soumaré. Je me contenterais donc de dire que la première condamnation dont il est fait état remonterait à 1999…

Il faut beaucoup d’acharnement pour aller fouiller ainsi le passé de n’importe qui. A la manière d’un procureur. Sans doute les informations sur les condamnations sont-elles publiques car rendues «au nom du peuple français» comme se défend fort maladroitement Sébastien Meurant. Est-il – ou un comparse – allé fouiller des archives, ce qui n’est pas interdit ou a-t-il obtenu communication du casier judiciaire d’Ali Soumaré ce qui est totalement interdit aux personnes qui n’y sont pas habilitées par la loi. Or, les élus n’appartiennent nullement à cette catégorie d’autorités.

1999 : sachant qu’il est né en 1980 (à la maternité de Montmorency) il avait alors 19 ans. Age où l’on peut faire beaucoup de bêtises surtout quand on vit dans une banlieue que je qualifierais pudiquement de “difficile”. Tout le monde a encore en tête les émeutes de Villiers-le-Bel en 2007…

Or, sa succincte biographie sur France 5 (C à dire) m’apprend qu’il fut à cette époque porte-parole des familles de Villiers-le-Bel et qu’à ce titre il est incontestablement concerné par la plainte déposée le 8 février 2010 par Jean-Pierre Mignard, avocat des familles - et d’Ali Soumaré - contre les policiers pour «faux témoignage»… Dans un autre article, le Nouvel Observateur Les accusations de l’UMP contre Ali Soumaré embarrassent Pécresse s’interroge à juste titre sur le lien probable de cette affaire avec les accusations contre Ali Soumaré.

Ses adversaires politiques sans foi ni loi voudraient-ils faire d’une pierre deux coups ? Mais attention ! Pour jouer au billard à quatre bandes, il faut être sacrément doué et les accrocs au tapis coûtent bonbon : sa réparation intégrale…

Quand bien même Ali Soumaré aurait-il fait une bêtise de jeunesse et eût-il été condamné à ce titre – le conditionnel s’impose – combien de temps la lui reprochera-t-on ? Si les faits sont avérés, n’a-t-il pas payé sa dette à la société ? “Tricard” politique jusqu’à la fin de ses jours, sans même penser qu’il ait pu s’amender…

C’est aussi un réflexe “de classe” aussi vieux que le mépris et la méfiance de la bourgeoisie à l’égard des pauvres, “classe dangereuse” par définition.

Dans l’imaginaire trouillard et sécuritaire des UM/Posteurs, les délinquants de banlieue ont chassé la mémoire des “Apaches” d’hier descendant en bandes des “fortifs” prétendument pour mettre Paris à feu et à sang. Qu’il y ait eu, de même qu’aujourd’hui, quelques rixes, bastons et vols, soit. Mais pas au point d’en faire de telles montagnes de connerie apeurée.

De surcroît, même si la violence atteint aujourd’hui des sommets difficilement acceptables, cela relève d’une question de société qui mérite autre chose que des slogans ou des invectives limite grossières contre de prétendus responsables… toujours à gauche bien évidemment alors que Nicolas Sarkozy fait la pluie et le beau temps (mais plutôt sale temps !) depuis son retour dans le gouvernement en 2005 au ministère de l’Intérieur : zéro pointé !

Dans la dernière affaire invoquée par nos lascars – Francis Delattre parlant de «délinquant multirécidiviste chevronné» ! – et quand bien même Sébastien Meurant aurait-il précisé avoir demandé à consulter des décisions de justice – «ce qui est tout à fait possible pour tout citoyen, même non impliqué dans l’affaire jugée. La demande se fait alors par courrier et nécessite donc un peu de temps avant de parvenir au demandeur» - lis-je toujours dans le Nouvel Observateur, il est incontestable que Meurant aura bénéficié d’informations qui n’étaient pas encore accessibles pour le public.

Comme le précise le NouvelObs : «Mais du coup, certains faits mentionnés demeurent litigieux (…) le communiqué mentionne “une ordonnance pénale rendue le 16 février 2010″. Soit, trois jours avant la diffusion dudit communiqué. Comment obtenir de telles informations aussi rapidement ? A cette question, Sébastien Meurant admet “ne pas pouvoir apporter de réponse”. Quant à une procédure en cours, et donc pas encore jugée, qui est aussi mentionnée, il explique que les “témoignages” de plusieurs personnes ont été recueillis. Sans plus de précisions…».

Ben voyons ! Blanc-bleu ? Pour avoir accès à des informations judiciaires aussi rapidement et qui plus est dans une procédure non encore jugée ! – même les avocats des parties n’en n’ont pas connaissance à ce stade, ce qui donne peu de crédibilité quant aux “témoignages” – il faut forcément bénéficier de compli-cités dans la place.

Axel Poniatowski, tête de liste de la majorité présidentielle aux régionales dans le Val-d’Oise ne manque pas d’air quand il se dit “outré” d’apprendre que son adversaire socialiste Ali Soumaré était “un repris de justice, multirécidiviste qui plus est”… Non plus que de parler d’une «liste socialiste aux mains sales» selon un article de Vonews. Où il allume tout le monde : non seulement Jean-Paul Huchon et Ali Soumaré mais également “Michèle Sabban, candidate dans le Val-de-Marne et Jean-Paul Planchou, en Seine-et-Marne (qui) furent tous les deux condamnés pour emplois fictifs”.

Axel Poniatowski ne craint pas le ridicule en déclarant que “contrairement à l’objectif de promouvoir un jeune de nos quartiers” – nos quartiers ? il faudrait un micros-cope pour découvrir à l’Ile-Adam quelque quartier difficile que ce soit : “Point d’ça cheu nous !” dirait un Solognot… et je vous fiche mon billet que les jeunes des banlieues difficiles sont bien la dernière préoccupation de Ponia-le-Jeune !

Il poursuit : “la candidature (de M. Soumaré) ne peut être exemplaire”. “Elle est outrageante pour la démo-cratie” et demande “à Martine Aubry, si intransigeante sur les principes et à M. Huchon, si cynique dans sa stratégie électoraliste, de retirer la candidature de M. Ali Soumaré”. Avant de conclure sa diatribe par un fort intelligent : “Les Franciliens et les Valdoisiens appré-cieront sans aucun doute ces candidats atypiques…”.

D’abord, malgré mes recherches, je n’ai trouvé sur Google aucune information digne de foi sur les condamnations pour emploi fictif de Michelle Sabban et Jean-Paul Planchou… Sauf la reprise en boucle par les médias et certains blogs de leur mise en cause par Ponia.

Donc aucune source vraiment crédible au sens où je l’entends, c’est à dire des articles citant expressément une condamnation en bonne et due forme. Comment se fait-il qu’aucun journaliste n’ait le réflexe de chercher si ces assertions ont un caractère juridiquement fondé ? J’ai un vague souvenir que Michelle Sabban aurait été mise en cause pour un emploi – était-ce à la mairie de Lille ? – mais aucune trace nulle part. Ni encore moins d’une condamnation.

Ensuite, j’aurais garde d’oublier qu’Axel Poniatowski est le fils de Michel Poniatowski – ancien ministre de l’Intérieur de Giscard d’Estaing. Sur la fiche que lui consacre Wikipedia j’apprends qu’il soutint l’OAS après la guerre d’Algérie ce qui pose politiquement notre homme : à droite, toute !

C’est donc en tant que ministre de l’intérieur à l’époque qu’au soir même de l’assassinat du député Jean de Broglie il se précipita devant les médias pour affirmer que le coupable était connu. Célérité qui lui valut d’être sanctionné par la Cour européenne des droits de l’homme car il accusa nommément Patrick de Ribemont, lequel fut mis hors de cause. Les accusations sans preuve sont donc un procédé connu dans la famille Poniatowski…

En outre, toujours sur Wikipedia, je lis qu’en septembre 1983, il approuve la fusion de la liste RPR/UDF avec la liste Front national lors de l’élection municipale partielle de Dreux : «Le danger fasciste en France ne vient pas de la Droite, il vient de la Gauche, dont c’est la vocation d’esprit et de méthode. Il faut donc voter contre les fascistes de Gauche»

Curieusement, c’est un refrain qui revient à la mode aujourd’hui dans les rangs de l’UMP… en un temps qui m’évoquerait bien plus l’avénement de «Matin brun» que la démocratie. J’ai même aperçu un titre de L’Express selon lequel Benoît Apparu – tête de liste UMP dans la Marne et sans doute une des plus grandes intelligences de son parti

:)
- aurait déclaré si vous mélangez du vert et du rose, ça donne du marron !

Couleur évidente des étrons dont beaucoup de ténors de l’UMP n’hésitent pas à émailler leur parcours électoral comme autant de cailloux du Petit Poucet. Comme cela, ils n’auront aucune peine sur le chemin du retour, la queue basse après la défaite annoncée qui les rend ultra-féroces : à la niche, les cadors !

Sont-ils risibles aussi les Poniatowski, dans une Répu-blique qui a aboli les titres de noblesse, de donner à leur progéniture du prince et de la princesse machin-chose très “prout-prout-ma-chère” ! Je les imagine volontiers le petit doigt en l’air en tenant leur ” cup of tea”… summum de la vulgarité prétentieuse selon ma mère. Ils descendent de Talleyrand et du Duc de Morny – demi-frère de Napoléon III. Point étonnant donc qu’ils aient l’esprit particulièrement retors et ne répugnassent à aucun procédé. Atavisme familial et historique.

En son temps – 1972 - celui des scandales de la Garantie foncière et du Patrimoine foncier où étaient impliqués des députés UDR, ancêtre du RPR et donc de l’UMP, respectivement André Ribes-Henrÿs, député de Paris et André Roulland, ex député des Hauts-de-Seine et ancien collaborateur de Georges Pompidou à Matignon… j’ai rafraîchi ma mémoire grâce à un très bon article de Marc Fiévet sur son blog «L’aviseur international» Garantie foncière “Les copains et les coquins” - Michel Ponia-towski, proche de Valéry Giscard d’Estaing – alors ministre de l’Economie et des Finances de Georges Pompidou – n’hésita pas à parler de «temps des copains et des coquins»

Connaissant la République bananière de Nicolas Sarkozy – népotisme et clientélisme, valse des fonds publics, etc. - il faut croire qu’Axel Poniatowski s’en offusque nettement moins que son paternel. D’autant qu’il est rentré dans le rang et siège avec l’étiquette UMP dont au demeurant il est un des vice-présidents… Il ménage ses intérêts bien compris. Et joue les chiens de garde. D’où force aboiements. L’avenir nous dira certainement s’il a choisi son camp : copains, coquins ou syncrétisme des deux catégories.

Enfin, comme il prétend s’ériger en procureur et donneur de leçons de morale politique, je m’en voudrais de me priver du grand plaisir de lui mettre le nez dans toutes les affaires politico-financières qui sèment le parcours d’un grand nombre de notables et élus de l’UMP dans la Région Ile de France. La liste n’en peut être exhaustive, je ne sollicite que ma seule mémoire et quelques sources pour me la rafraîchir.

Ce sera l’objet d’un autre article : Affaire Ali Soumaré : «qui se sentent morveux qu’ils se mouchent» !

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