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Un bonheur parfait (de James Salter)

Par Ceciledequoide9
Un bonheur parfait (de James Salter)Bonjour jury souverain
Bonjour lectorat attentif
Bonjour les zotres

Une des raisons pour lesquelles j’ai créé le prix Quoide9 est que j’adore partager mes coups de cœur littéraires et j’aime au moins autant partager ceux des zotres. J’adore qu’on me conseille des livres ou, plus exactement, j’adore que les personnes que j’apprécie, que je désire ou qui m’intriguent me conseillent des livres. Sophie alias Miss Ficelle fait indubitablement partie de l’une de ces catégories et je la rassurerai sûrement en précisant qu’il s’agit de la première !
Or donc, le livre non francophone sélectionné par Sophie s’est retrouvé parmi les 3 finalistes. Je n’avais jamais entendu parler de James Salter et encore moins de son roman Un bonheur parfait, mais très vite, j’ai compris pourquoi il avait tant plu à Sophie et j’ai retrouvé dans les pages de Salter quelque chose son élégance, de sa gravité légère, de sa profondeur allusive. Bref, j’ai adoré le livre.
Le sujet
Viri et Nedra sont mariés. Ils ont deux filles, des amis, un chien, une maison et forment le tableau idyllique d’une famille américaine aisée, intellectuelle, cultivée et confrontée aux seuls drames de leur entourage mais l’absence de malheurs et la perfection apparente ne suffisent pas au bonheur.
Mon avis
J’ai eu un peu de mal à rentrer dans le livre. Les premières pages donnent un peu cette impression de ne pas être à sa place que l’on ressent lorsqu’on arrive en retard à une fête où tout le monde se connait et où l’on ne connait personne. On se demande ce qu'on fout là, on se sent extérieur à ce qui se passe et on a un peu envie de partir et puis on finit par rentrer dans l'ambiance (ou pas).
Dans Un bonheur parfait, les personnages ne nous sont pas présentés et les situations (un dîner, un rendez-vous amoureux, etc.) sont décrites sur le vif, en dehors de tout contexte préalablement dessiné pour le confort du lecteur. On ne reconstitue donc l’environnement et l’entourage de Viri et Nedra que peu à peu et le schéma d’ensemble n’est clair qu’au bout de quelques chapitres, à force de relier les allusions, d’établir les concordances, de mémoriser les bribes d’information fournies par l’auteur. En cela, le livre requiert une certaine concentration initiale qui nuit au plaisir immédiat.
Ensuite, c'est un délice, un pur bonheur de lecture, un régal pour l'esprit et le coeur tant le livre regorge d'humanité. Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un roman aussi subtil et séduisant. La prose de James Salter est d'une parfaite élégance, son rythme allusif fait alterner des focus sur des scènes de vie quotidienne, des rencontres, des anecdotes et passe ensuite sous silence des mois voire des années de vie dont on devine qu'ils se succèdent identiques, sans heurts réels mais sans plénitude, ponctués de signes de vieillissement, tissées d'habitudes conduisant lentement mais sûrement vers l'ennui, l'insatisfaction avec l'apprentissage des renoncements, certains supportables, d'autres moins.
Dès lors, le résultat pourrait paraître superficiel. Il n'en est rien. Le livre est profond, intelligent, mélancolique, parlant pour quiquonque se sentant plus près de l'âge de la maturité et des premiers bilans (beurk) que de celui des possibles si finement évoqué dans le film de Pascale Ferran (1995).
Cela faisait trèèèèèèèèès longtemps (depuis La tâche de Philip Roth peut-être ?) qu'un roman anglo-saxon ne m'avait pas autant emballée.
Conclusion
Un moment de grâce. Un vrai coup de coeur que j'espère à mon tour faire partager à beaucoup.

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