Titre : : Lila être esclave en France et en mourir
Auteur : Dominique Torrès et Jean-Marie Pontaut
Editeur : Fayard
Résumé :
Lila arrive en France à 14 ans pour
servir de bonne à tout faire. Elle est corvéable à merci, ni payée ni scolarisée. Quatre ans plus tard, cette jeune fille joyeuse et douce est renvoyée in extremis à Madagascar, son pays natal,
pour y mourir quelques jours après. Sa famille constate son extrême maigreur et de nombreuses traces de coups sur son corps.
Cette mort suspecte provoque l’ouverture d’une enquête en France et, en 2005, ses «employeurs» sont mis en examen pour, notamment, «viol et non-assistance à personne en danger».
Depuis, la justice s’est enlisée dans ses lourdeurs et ses lenteurs et a finalement décidé de classer l’affaire. Pis : elle a refusé d’entendre les témoignages essentiels recueillis par les
auteurs de ce livre, à Tananarive et dans la banlieue parisienne.
Ce récit s’attache à faire revivre la petite bonne malgache, sa jeunesse, ses rêves, son long calvaire et sa mort tragique.
Le destin de Lila illustre le drame de l’esclavage moderne en France et l’indifférence devant des victimes trop souvent ignorées de tous.
Un témoignage poignant de vérité.
Mon avis :
« Lila être esclave en France et en mourir » est un récit poignant. Ce livre a d’une enquête journalistique « le poids des mots ».
Dans un style épuré, quelquefois trop journalistique, le lecteur est témoin des lenteurs et défaillances de la justice, face à cette affaire d’esclavage moderne. Le cas de Lila, la souffrance de la jeune fille et l’incrédulité de la famille sont très bien décrits. La description du père « avec son âme qui sourit » et la maturité de Lila, sa grande sagesse et responsabilité qui transparaissent dans ses lettres sont très touchantes.
J’ai du mal à comprendre qu’autant de témoignages en faveur de Lila ait pu être occulté dans l’enquête mais
je suppose que c’est possible vu le nombre de magistrats qui a suivi cette affaire.
Je regrette la longue liste de cas similaires où le dédommagement pécuniaire est la seule issue.
Dans ce genre de cas, les associations semblent être le seul recours humain pour ceux qui n’ont ni l’argent, ni la réputation de se faire entendre.
Cet exemple d’abus sur mineur est malheureusement souvent d’actualité. Le drame d’Haïti a encore montré que des personnes peu scrupuleuses sont toujours prêtes à abuser de la misère humaine pour se faire de l’argent avec des trafics d’enfants.
Je salue le courage des deux journalistes qui ont enquêté et témoigné par le biais de ce livre.
Lu dans le cadre du