La perte de mon apn lors du concert la semaine passée n’est qu’un détail. Cependant, comme tout détail mérite conséquence, il n’y aura ni photo, ni vidéo à l’appui pour vous raconter cette soirée métal 100% française qui s’est déroulée mercredi dernier au Bataclan.
Comme je les admire. Combien de jours tiennent-ils pour ainsi être le grand soir dans leurs habits de fête. Jean, t-shirt, cheveux sales. Quel sens du sacrifice. Je les imagine résistant à l’appel du shampoing et au dressage de chevelure. Sur scène, ils s’agitent, la sueur au front et les cheveux qui collent aux tempes. J’ai raté Bukowski mais j’arrive au commencement du set d’ Aqme. Le public est jeune, tantôt dandys rebelles en slim et t-shirt qui tombe en dessous des fesses, tantôt bourgeoises à serre-tête s’encanaillant devant les guitares saturées. Quelques part à gauche près de la scène, je regarde les bras croisés, la tête dodelinant d’avant en arrière pour prendre la température. Les filles sautillent, les garçons se bousculent gentillement. Ce sont toujours les mêmes qui montent sur scène et se jette dans la foule à corps perdu pour être porté comme des trophée dont la valeur serait égale à un sac de patates. Une fille replace sans discrétion ses seins dans son t-shirt avant de se plonger dans un slam endiablé. A mesure que le concert avance, j’éprouve un sentiment de sympathie envers le groupe et regarde d’un oeil ébahi le chanteur coller un molard dans le dos de son guitariste. J’imagine bien la bassiste pour une série de photos sur Suicide Girls et le batteur aurait pu faire partie d’un groupe tel que Finntroll. Le chanteur n’a pas arrêté de s’adresser à nous avec sa grosse voix de bande-annonce de blockbuster US. On aurait-il qu’il se mettait au défi d’attraper une angine pour le lendemain. Des parents dansent à côté de moi. 45 ans et un t-shirt Aqme arboré fièrement. Peut-être qu’un jour moi aussi j’aurais la 40taine et que j’écouterais toujours du métal.
Les lumières rallumées, les petits jeunes tapent des mains, ACDC anime l’entracte.
25 minutes plus tard l’obscurité renaissant, la température prend quelques galons, un écran fait défiler des images de Mass Hystéria. 15 ans qu’ils sont là. Le public est fidèle, je regarde autour de moi, tout le monde à bien pris 20 ans. Les p’tis jeunes sont retournés dans l’ombre, au mieux dans les jupes de maman. Il y a même un slammeur qui semble être grand-père. Le public gronde, cogne, exulte. Les tubes s’enchainent, je transpire à mon tour et semble ne plus répondre de rien. Je me laisse emporter par la foule, ne sais plus à quel moment mon appareil photo a disparu de ma poche. Mais je danse, danse. Mouss le chanteur emmerde les BB Brunes et Plastiscines. Ca me réconforte. Le public hurle, c’est violent comme une explosion de joie et d’engagement. Ca donne des frissons au chanteur qui appelle ça une érection pileuse. C’est à vivre. Le son est trop fort. Je n’entends que des boum boum boum mais distingue quelques paroles qu’à mon tour je scande. C’est bon d’entendre La Contradiction, Donnez vous la peine, Furia. Les enfants viendront danser sur Killing the hype, on finira la soirée sur Respect. Musique engagée, musique qui t’explose les tympans dans une explosion d’euphorie.
C’était bien. Je regrette de n’avoir pas d’images à vous montrer. Il faut le vivre plutôt que le relater.