Némésis, la funambule. Voici une sublime gravure de Dürer,...

Publié le 22 février 2010 par Mmepastel

Némésis, la funambule.

Voici une sublime gravure de Dürer, Némésis, datant environ de 1502. Elle représente la déesse grecque qui châtie les humains frappés d’hybris, autrement dit de la pulsion de démesure qui les amène à concurrencer les Dieux. Aujourd’hui on dirait l’audace, l’excès, la prétention, la présomption.

Voyez, elle tient dans sa main gauche un mors et des rênes, destinés à dompter les velléités humaines trop audacieuses. Dans l’autre main, elle tient la coupe qui récompenserait au contraire celui qui vivrait selon la mesure.

Elle apparaît flottante au dessus du monde (c’est une déesse) mais en équilibre sur une sphère, symbole de perfection.

Mais ce qui nous frappe peut-être en premier en voyant cette oeuvre, c’est le corps même de Némésis : c’est celui d’une femme plutôt âgée, aux formes généreuses voire alourdies par le temps ; son ventre est bombé, évoquant des grossesses passées ou symbolisant plutôt tout simplement la maternité en général. Némésis apparaît donc comme la Mère ; celle qui éduque, celle qui punit ou récompense, celle qui veille sur le bon comportement de sa progéniture. Son regard est serein car elle sait ce qui est juste.

Et c’est une mère qui éduque surtout par l’exemple : son exercice d’équilibriste sur la sphère démontre la nécessité de la tempérance, du juste dosage.

Lecture encore bien épaulée par le livre L’art pris au mot (ou comment lire les tableaux…).