Vous l’avez compris, à Fury Magazine nous ne sommes qu’une bande de vieux machos incapables de faire des phrases courtes et pour qui une femme n’est faite à la maison que pour la cuisine et la chambre à coucher. Oui. Les footballeurs psychopathes, les vieux beaux en peignoirs de soie, ça c’est notre came. Du pain béni. Mais quand il s’agit de faire le malin avec quelqu’un comme Barbara Steele il n’y a plus personne. D’ailleurs, qui pourrait faire le malin avec quelqu’un comme Barbara Steele, la reine de l’épouvante, je ne vois pas.
A qui avons-nous à faire ? Rien de moins qu’à un individu de race blanche, de sexe féminin, d’à peu près 1,65 m, qui est au film d’horreur italien des années 60 ce que Dorothée était aux mercredis d’Antenne 2 des années 80. Oui, c’est ça. Au quoi ? Au cinéma fantastique italien, genre mineur réservé aux majeurs, coincé entre péplums et westerns spaghettis et qui ne faisait pas dans la dentelle à Cinecitta. Barbara Steele sera ce que Steve Reeves fut à l’un et Lee Van Cleef à l’autre : la référence absolue. Reeves, Steele, Cleef ? Tiens tiens…
Sadique et sadisée, diabolique et diabolisée, elle y entame une grande carrière de sorcière incomprise. Son visage quand il n’est pas ravagé à coups de maillets ou de tisonniers dégage un charme indéfinissable que je n’essaierai donc pas de définir. Trouble et énigmatique aussi, ce qui ne m’arrange pas non plus. Ses grands yeux hypertrophiés (désolé pour le pléonasme) font merveille dans Le masque du démon (1960), dans La chambre des tortures (1961), dans La danse macabre (1962), dans La sorcière sanglante (1964) et dans le bien nommé Un ange pour Satan (1966). Tout un programme. Strange et marvel à la fois, Barbara Steele semble inoxydable. Mais dans l’effroi point de salut. De terreur lasse, la reine gothique quitte son trône, se marie sans que son époux vante ses rôles, divorce et se perd dans d’épouvantables films français. Elle sera star de l’épouvante ou ne sera pas.
Figure de Steele, elle deviendra la marraine spirituelle de la marmoréenne James Bond girl Caroline Munro et de la manichéenne Hammer girl Martine Beswick. La reine marraine ? Oui, c’est ça.