C’est l’un des livres les plus importants dans ma bibliothèque. Et il y en a beaucoup. Mais, celui-ci a été très important pour moi. Cela paraît certainement naïf aux yeux de certains, mais c’est ainsi, et ce livre m’a donné le goût de la vie artistique, de ses acteurs, et d’en faire partie.
Alors, ici, nous avons Brassaï (1899- 1984), le jeune potographe, qui rencontre Picasso (1881-1973), grande figure de l’art. Et puis Brassaï suit le peintre dans son atelier, avec ses amis. C’est un livre construit sous la forme d’un journal, qui nous emmène dans une toute autre époque où Paris était une capitale artistique importante, où les artistes se croisaient, discutaient. Bref, tout ceci est une réelle excitation, que l’on aurait tendance à être nostalgique d’une époque que l’on a guère vécue, mais que l’on découvre dans l’écriture de Brassaï.
« Était-il conforme à celui que son oeuvre et sa légende avaient formé en moi ? Sa présence effaça cette image et mon appréhension. J’avais devant moi un homme simple, sans affectation, sans morgue, sans pose. Son naturel et sa gentillesse me mirent d’emblée à l’aise. Je regardai aussi l’étrange lieu : je m’attendais à un atelier d’artiste et c’était un appartement transformé en capharnaüm...Sans doute jamais logement bourgeois ne fut aussi peu « bourgeoisement meublé » : quatre ou cinq pièce- chacune avec sa cheminée en marbre surmontée d’une glace -entièrement vides de tous leurs meubles habituels, remplies de tableaux entassés, de cartons, de paquets de baluchons contenant, la plupart, les moules de ses statues, de pile de livres, de rames de papier, d’objets étéroclites, posés pêle-mêle, au long des murs, à même le sol, et recouverts d’une épaisse couche de poussière. »
Gallimard
édition de 2004 avec reproductions des photos
ISBN 2 07 074964 9