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Dis au fait, c'est quoi une récession ?

Publié le 22 février 2010 par Apprendrelabourse.org

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L'information arrive souvent en décalage : d'abord, les milieux boursiers et financiers commencent à sentir le vent frais, puis l'information arrive progressivement aux oreilles du grand public. Tandis que les spécialistes se basent sur de multiples critères pour proposer des évaluations sujettes à révision à un instant 't', le politique se borne à dire par exemple « attention, pour l'heure nous n'avons qu'un trimestre négatif ». Bref, quand tout le monde a apposé son tampon « récession », elle est historiquement assez souvent déjà loin et l'économie est en redressement. Pour le non initié, la notion est assez floue, son évaluation un peu inquiétante, et l'émotion prend parfois le dessus, réduisant la compréhension du phénomène. Une des raisons pour lesquelles on s'y perd un peu et qu'en fait il y a des définitions distinctes :
 

Définition française

La croissance de l'économie d'un pays se mesure à l'aide du PIB, Produit Intérieur Brut, c'est à dire la somme totale des richesses créées sur son sol ou plus précisément, la production totale de biens et services d'un pays donné durant une année. Lorsque le PIB progresse, on parle de croissance. A l'inverse, lorsque l'activité économique ainsi mesurée se contracte, la notion de récession apparaît. De manière générale, l'appellation « récession » est pour les économistes mise en avant à partir du moment où le PIB régresse durant 2 trimestres consécutifs. C'est la « définition technique » de la récession, largement la plus connue.

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Source : données Insee


Il y a donc eu 3 récessions depuis la guerre en France : en 1975, en 1993 et en 2009.

→ Simples en l'état, les choses sont un peu plus complexes que cela et c'est ce qui crée pour partie la difficulté pour le public à cerner cette notion et surtout à se situer vis à vis d'elle.
 


Définition américaine

Fondamentalement, cette première définition, qui est en fait une contraction de six mois, s'oppose un peu à celle de « croissance diminuée » ou « en diminution », telle qu'elle est définie par les économistes US et que suivent les marchés financiers, en constante anticipation sur l'activité. En effet, la première économie au monde, les Etats-Unis, qui ont une influence sur la marche de l'ensemble de l'économie mondiale, définissent via le « NBER », National Bureau of Economic Research (organisation non gouvernementale réunissant plus de 500 économistes) une période de récession comme étant un déclin significatif de l'activité économique pendant plusieurs mois. Ce déclin est constaté sur les indicateurs mensuels suivants :

    - des revenus réels des ménages (revenus moins inflation)
    - de l'emploi
    - de la production industrielle
   - du commerce de gros et de détail


On dénombre ainsi 11 périodes de récession aux USA depuis la guerre suivant détail ci-dessous (en noir, variation trimestrielle du PIB en taux annualisé) :

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Source : economagic
Avec la définition française, quand on y est, nul ne peut la valider réellement puisque la définition technique nécessite d'avoir 6 mois de données chiffrées sur le PIB derrière soi, et ce, avec des valeurs révisées et définitives pour poser un constat sûr.
Bref, quand elle est là, personne ne peut la valider techniquement et sa datation prend du temps. Idem en sortie de récession.

Avec la définition du NBER, on a une définition plus fine. Mais avec les révisions de données qui ne manquent pas de prendre également plusieurs mois, la datation peut prendre parfois encore plus de temps, sans compter les éventuels changements de méthodologie (procédure de datation des récessions par le NBER). Au final, les chiffres définitifs n'arrivent habituellement que 6 à 18 mois après l'apparition de la récession.
Voilà pourquoi le public s'y perd un peu :

- chacun subit un décalage dans le temps vis à vis de la perception par les entités la mesurant et venant en parler au public à différentes séquences de ce phénomène économique suivant qu'il s'agisse d'un financier rivé aux indicateurs avancés pour juger des 4 données statistiques citées plus haut et raisonnant par anticipation en mode "dynamique" ou un intervenant centré sur la définition "statique" nationale, par exemple.

- il y a également un décalage lié à la place prépondérante des USA et à l'effet de transmission souvent retardé à d'autres pays.


→ Un français n'a ainsi en 60 ans connu que 3 périodes ayant reçu le sceau officiel de "récession" dans son pays mais il aura été bel et bien confronté à la notion de récession et à ses conséquences à 11 reprises, particulièrement s'il est investisseur, emprunteur ou épargnant.


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