Par Bernard Vassor
Des gardes nationaux du 61°, au "Champs des Polonais" situé au sommet de la Butte. Peut-être y-a-t-il quelques montmartrois qui auraient un ancêtre parmi eux ? Les 171 canons avaient été payés par une souscription de parisiens, pour la défense de Paris assiégé par les prussiens. C'est à l'emplacement de la basilique qu'avaient été parqués les canons qui étaient menacés d'être repris par la volonté d'Adolphe Thiers. Sous un autre angle. L'équipement des gardes nationaux : un pantalon de drap bleu foncé à bandes rouges sur le côté, une tunique de la même couleur avec des boutons dorés, un képi, avec un écusson brodé portant le numéro du bataillon, et aux pieds les fameux "godillots" jaunes. Un paquetage avec un étui à baïonette et une boite à bougies. Pour l'hiver, une capote bleu clair complétait l'ensemble. Pendant le siège de Paris, le 61° bataillon, était basé 6 rue de la Fontenelle, anciennement rue des Rosiers ( puis rue de la Barre, aujourd'hui rue du Chevalier de la Barre). Le nom de rue des Rosiers figurait toujours sur les registres d'inscription des bataillons de la G.n. Certains gardes était inscrits deux fois dans chacune de ces noms de rues. Différents fusils étaient distribués, le Chassepot (ci-dessus) dit "du camp de Châlon", fusils "à aiguille ou a tabatière", fusils Favé et Plumerel et pour quelques privilégiés des fusils automatiques américains réformés de la guerre de secession de type Winchester et Scharp qui avaient été achetés par le colonel Victor Schoelcher chargé de l'armement. Le siège du 61° bataillon. Cette photographie fait partie d'une série de reconstitutions (falsification historique) après la Commune pour l'exploitation idéologique et commerciale des "crimes de la Commune". Ici, c'est l'exécution dans le jardin attenant au poste de police du 61°, des généraux Lecomte et Thomas....la réalité est tout autre ! Ils furent tués l'un après l'autre par des gardes nationaux incontrôlés. Seul le général Lecomte fut adossé à un mur qui n'est pas celui de la photographie ! C"était en réalité d'après un témoignage de l'époque une petite maison à deux étages sous l'autorité du comandant polonais Kardanski chargé de la surveillance des canons. Le siège du 61) bataillon le 18 mars 1871. Germain Turpin, dont le nom ne mérite pas d'être oublié, fut la première victime de l'armée de Thiers. Atteint d'une balle à l'abdomen pendant son tour de garde du parc d'artillerie du "Champs des polonais" situé à l'emplacement exact de la basilique du Sacré-Coeur. Voici une liste de quelques membres de ce 61° : Turpin, la première victime des Versaillais, dans la nuit du 18 mars 1871, alors qu'il était de garde, il fut abattu dans son sommeil par un soldat de l'armée du général Lecomte*. Georges Clemenceau, alors maire de Montmartre et (piètre) médecin, accouru par le vacarme a déclaré que la blessure n'était pas bien grave. Le malheureux, transporté à l'hôpital Lariboisière est mort d'une péritonite 9 jours plus tard dans d'atroce souffrances. Georges Clemenceau, Simon Mayer chef d'état-major, Razoua commandant de la 18° légion, Louise Michel, Olivier Métra le chef d'orchestre enrôlé comme clairon et bien sûr, le concierge du 10 de la rue Cortot Julien Tanguy. Signalons aussi le célèbre capitaine Paschal Grousset à l'origine de l'affaire Victor Noir. Il fut après la défaite des insurgés à Montmartre, arrêté au domicile de sa soeur déguisé en femme et conduit dans les locaux de la préfecture de Police (qui n'avait pas encore été incendiée) et exhibé pour mieux l'humilier Mon ami le professeur de médecine à Lariboisière Jean-Paul Martinaud a livré tous des éléments importants dans son ouvrage : Une histoire de l'Hôpital Lariboisière, éditions l'Harmattan 2005
« Une seule personne avait été affectée à la surveillance du parc d’artillerie, le garde national Germain Turpin, un maçon de 36 ans habitant passage Doudeauville. Il était de garde cette nuit là, auprès de fameux canons lorsqu’il entendit arriver la troupe de ligne, courageusement, il fit les sommations d’usage, mais la seule réponse qu’il reçut fut une décharge de fusil qui l’atteignit à l’abdomen et le coucha par terre. Louise Michel qui se trouvait de garde au poste de garde du 61° bataillon en haut de la rue de la Fontenelle* toute proche, accourut avec une cantinière. Les deux femmes lui firent un premier pansement en déchirant leur propre linge. Le docteur Clemenceau maire du XVIII° arrivé sur place peu après lui prodigua les premiers secours sur place car le général Lecomte** soucieux de ne pas ameuter la population, s’opposa à ce que l’on transporta le blessé à l’hôpital, au scandale de l’assistance. Louise Michel parvint à le relever et le conduire à Lariboisière, on le coucha dans le lit n° 14 de la salle Saint-Ferdinand ( par la suite devenue Ambroise Paré) où atteint de péritonite affection que l’on ne pouvait pas opérer à l’époque, il agonisa 9 jours entouré de sa famille. Germain Turpin mourut heureux, disait-il d’avoir vu la Révolution. » (…) Deux autres blessés furent emmenés à Lariboisière, le premier Henri-Louis Blaise un tapissier du quartier agé de 21 ans survécut lui aussi neuf jours (…)la troisième victime Marguerite Boivin couturière agée de 37 ans qui faisait parti du groupe de femmes ayant arrêté la troupe et rallié les soldats, réusit à se rétablir au terme d’un séjour de 75 jours dans le lit 24 de la salle Sainte-Jeanne, d’une blessure des vaisseaux fémoraux »
Ouvrage collectif avec le soutien des Archives de France et de la Ville de Paris : Guide des Sources du mouvement communaliste et de la Commune de Paris (1864-1880), éditions : la Documentation Française 2007,
Réf. : 9782110065483
732 pages, 16x24 cm
ISBN : 978-2-11-006548-3
Archives de Paris
Service Historique de l'Armée de Terre (ancien nom)