Elodie Frégé, une vrai plume

Publié le 15 novembre 2007 par Willy

Elodie Frégé en interview
Par http://www.chartsinfrance.net/




Actuellement en pleine tournée, Elodie Frégé propose un très beau spectacle dans lequel elle montre toutes les facettes de son talent. Son album, "Le jeu des sept erreurs", sera réédité le 26 novembre prochain avec des remixes et deux inédits. Elle a accepté, pour le seconde fois, de répondre à nos questions.

Charts in France : Bonjour Elodie, comment vas-tu et comment te sens-tu en ce début de tournée (Nikolas Lenoir, rédacteur) ?
Elodie Frégé : C’est en effet le début d’une re-tournée (sourire). Nous avions déjà commencé fin 2006 / début 2007, puis nous avons eu droit à des petites vacances, et on a repris il y a peu de temps. Je me sens toujours traqueuse, un peu fébrile avant chaque concert.

Peux-tu nous donner quelques infos sur cette tournée, ce que tu as préparé pour ton public ?
Ce ne sont pratiquement que des chansons de l’album "Le jeu des 7 erreurs". Il y a une seule chanson du premier album, "Je te dis non". Je la reprends par choix parce que cette chanson est justement celle qui m’a permis de faire le lien avec mon deuxième album. Il y a aussi deux reprises et je pense que les lecteurs de Charts In France les connaissent (sourire) ; il s’agit du titre "Les bêtises" de Sabine Paturel façon rock'n’roll, et d’une chanson de Boris Vian, des années 50, qui s’appelle "Fais-moi mal Johnny" (ndlr : crée en 1956 par la chanteuse Magali Noël, et reprise dans le film, "Le fauve est lâché", trois ans après). Ce titre est assez dynamique et surprenant sur scène. Il y a aussi deux chansons inédites : "Paris" et "Mon sourire à l’envers " qui seront présentes sur la réédition de l’album.

Tu as justement interprété "Les bêtises" dans "Trabendo Session" au mois d’avril dernier. Peux-tu nous raconter l’histoire de cette reprise très personnelle ?
Je reprends ce titre depuis 2006, je l’avais même interprété à La Cigale de Paris. On ne savait pas si ça allait fonctionner car je la fais de façon très rock, limite violente à la fin. Finalement, ça passe très bien et le texte prend une ampleur différente.

Julien Doré a également repris ce titre fin mai sur le plateau de "Nouvelle Star". Penses-tu l’avoir inspiré ?
Je ne sais pas si je l’ai inspiré mais j’y ai aussi pensé en effet... (sourire) Il est aussi probable qu’il ait eu cette idée tout seul ! (rires) Nous avons un peu le même genre d’idées parfois ; je le connais bien, nous avons fait un duo ensemble il n’y a pas très longtemps sur une chanson de Björk qui s’appelle "It's Oh So Quiet" sur la scène de l'Olympia pour la deuxième édition de "Tout le monde chante" en faveur de la lutte contre le cancer. C’était vraiment bien.

Aimerais-tu collaborer avec lui ?
Pourquoi pas. Je suis allée le voir en concert à la Flèche d’Or à Paris, et je reconnais que ce qu’il fait avec ses deux groupes, Dig Up Elvis et The Jean D’Ormesson Disco Suicide, est vraiment bien.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur le préambule "Vivons heureux, vivons fâchés" par lequel tu introduis cette reprise des "Bêtises" ?
En fait, c’est un texte que j’ai écris quand j’étais dans une chambre d’hôtel à Nevers. On répétait pour La Cigale et je trouvais qu’il fallait absolument introduire la chanson par un truc super noir, un texte par exemple très poétique et très sombre. J’ai ainsi écrit ce texte qui est l’histoire d’une fille qui dit que son mec est en train de la quitter et que sans faire de bruit, elle se cache sous la couette, elle fait semblant de dormir, par lâcheté, par fuite... C’est pour ça qu’à la fin du texte, je m’énerve un peu et je dis "Pour vivre heureux, vivons fâchés", en rappel à l’expression que tout le monde connaît, "Pour vivre heureux, vivons cachés". Car justement dans "Les bêtises", la fille se venge de son mec.

Tes textes sont reconnus unanimement, tu es d’ailleurs la lauréate 2005 du trophée "Les ailes de l’expérience", décerné par l’Académie de Mâcon. Aurais-tu envie de te lancer dans l’écriture d’un recueil ou d’un roman par exemple ?
Je n’y ai jamais pensé. En fait, quand j’étais plus jeune, j’aimais écrire. Pas forcément des poèmes ou des chansons, mais tout simplement écrire. Pour le moment je n’oserais pas écrire un roman, mais si un jour j’en ai l’envie, c'est que ce sera le bon moment de le faire.

Pour revenir à la scène, peux-tu nous dire comment se sont faites les rencontres avec les musiciens qui t’accompagnent ?
J’ai choisi mon directeur musical, Sébastien Chouard, parce qu'il est assez renommé, il a travaillé avec beaucoup d’artistes tels que Gérald De Palmas, Jenifer, Elsa, Sinclair... Au départ il était, cela dit, juste mon guitariste. Puis il m’a présenté Yannick, et pour les autres, on leur a fait passer un casting ou alors je les ai découverts lors de concerts dont s’occupent également mes agents. Sébastien, dans sa direction artistique, me permet de passer d’un moment très acoustique sur "Je sais jamais" par exemple, seule avec ma guitare, à un univers rock avec tous mes musiciens sur d'autres morceaux plus pêchus, notamment "Les bêtises".

On murmure sur le Net une future collaboration avec Emma Daumas, info ou intox ?
Je crois qu’Emma est en train de préparer son troisième album et on s’est rencontrées il n’y a pas longtemps. Je crois qu’elle aime bien mon écriture, nous en avons discuté et je ne sais pas si cela va se faire, mais en tout cas c’est une fille qui a du talent et elle fait partie des gens qui ont fait la même émission que moi, et qui ont envie et le pouvoir d’y arriver.

Elle a ce point commun avec toi qui est qu'elle s’est révélée avec son deuxième album, pour lequel elle a fait moins de compromis que pour le premier...
Elle s’est en effet bien investie pour son deuxième disque. Son troisième est en bonne voie... Elle m’a parlé des personnes avec qui elle veut travailler et je pense qu’elle a fait de très bons choix.

Peux-tu nous parler de ta collaboration et de ton duo avec Vincent Baguian sur le titre "Je ne t’aime pas" (qui figure sur l'album, "Ce soir c'est moi qui fait la fille", de ce dernier) ?
Je ne connaissais pas Vincent Baguian. Je connaissais juste le duo avec Zazie qu'ils faisaient sur scène. Je l’avais aussi vu en première partie de Zazie, à Bercy. C’est lui qui a demandé à mon directeur artistique si j’accepterais de faire un duo avec lui pour son album plutôt que de le faire avec Zazie ou Elisa Tovati, avec qui il l’avait également fait sur scène plusieurs fois. J’ai accepté car je trouve la chanson marrante, et Vincent est très sympa. Il a un talent d’écriture un peu burlesque, très drôle.

Parlons un peu de Benjamin Biolay avec qui tu as merveilleusement travaillé pour cet album "Le jeu des 7 erreurs". Qu’as-tu pensé des rumeurs l’annonçant dans le jury de "Star Academy", et pour qui il avait déjà signé un pré-contrat ?
Je connais bien Benjamin, et je pense que cela n’aurait pas été bien qu’il le fasse.

Travailles-tu sur de nouvelles chansons avec lui ?
Je travaille sur de nouvelles chansons, mais pas encore avec Benjamin. Nous en avons parlé il n’y a pas longtemps, et on s’est demandé quand on allait refaire un album ensemble.

Comment arrives-tu à gérer son côté imprévisible, surprenant, ses humeurs ?
En télé c’est difficile, mais comme je le connais de mieux en mieux, je m’habitue à son tempérament.

Une autre personne qui compte dans ta carrière, c’est Catherine Breillat. Elle a en effet réalisé les clips de "Je te dis non" puis dernièrement de "Si je reste" et le premier de "La fidélité" (ndlr : qui en compte désormais deux). Quel regard portes-tu sur son travail ?
Je pense que c’est une femme qui a beaucoup souffert, qui a une énergie très poignante, émouvante et colérique. En fait, le clip de "Si je reste" était en doublon avec celui de "La fidélité". C’est une histoire qui se continuait de clip en clip, mais la maison de disques n’a pas accroché au concept. Catherine Breillat est une excellente réalisatrice et elle a fait un travail d’esthétique très pointu. J’ai beaucoup d’estime pour elle. Le choix a été de garder le clip de "Si je reste", mais de faire une nouvelle version de celui de "La fidélité" avec un autre réalisateur.

Catherine Breillat a justement ce talent de te mettre en valeur de façon très particulière, de te donner une dimension d'actrice à la fois forte et fragile à la fois. Est-ce que cela te donne envie de tourner dans un long-métrage ?
Quand je tourne dans les clips réalisés par Catherine, elle veut que je sois sans artifice, sans maquillage, que je sois très pâle, un peu comme une icône russe (rires). Et je n’arrive pas à avoir un regard objectif sur les clips que je fais avec elle car je ne m’aime pas trop comme ça. Par contre, je sais que d'autres personnes aiment beaucoup... Maintenant, pourquoi pas un jour jouer la comédie, faire du théâtre ? Ca peut aussi être écrire une pièce, mais je crois qu’il faut prendre son temps, commencer par des petits rôles. Je ne veux surtout pas commencer par une tête d’affiche avec tout sur les épaules. Si ça ne marche pas, les gens vont se dire que c’est la fille de la "Star Ac" qui a raté le film. C’est le genre de chose qui peut arriver. Tu sais, quand on est quelqu’un d’artistique, on s’intéresse à différentes formes d’art. J’aime peindre par exemple, bien que je trouve que je peigne très mal (rires).

Peux-tu nous raconter l’histoire de ce nouveau clip pour "La fidélité" ?
On a repéré un graphiste qui exposait à Paris, New-York, Tokyo, et qui s’appelle Cyril Anguelidis. Il a accepté de faire des images pour une idée de clip. Nous avons également fait appel à un réalisateur et un chef opérateur que l’on connaissait déjà. Nous avons ainsi travaillé en commençant par faire des essais sur fond bleu. C’était assez bizarre car j’étais dans un milieu bleu et je devais imaginer que je mettais un coup de pied dans un taxi, que j’insultais le chauffeur, que je marchais dans la rue, que je prenne en compte les éléments de la rue en fait... comme pour la météo ! (rires) Je devais vraiment avoir l’air concerné comme si j’étais réellement dans New-York, et j’ai dû improviser des danses un peu étranges, mais je crois que ça ne passe pas trop mal, non (sourire) ? (ndlr : Elodie est appelée pour faire les balances, mais propose gentiment de répondre aux dernières questions)

Le bel accueil de l’album "Le jeu des sept erreurs" est-il quelque chose qui t’a rassuré ?
Je suis rassurée au niveau de l’estime, car je sais que je vais pouvoir continuer dans ce genre là...

Quels sont les artistes que tu écoutes actuellement ?
J’écoute le nouvel album de Benjamin Biolay, j’ai voulu aller voir Pete Doherty et son groupe Babyshambles, mais il n’est pas venu... Par contre, j’ai acheté son album et je l’écoute aussi. J’écoute des choses comme ça en ce moment, plutôt dans un esprit rock.

Merci Elodie.
Merci pour cette interview, et bonjour aux internautes de Charts in France !

Elodie est actuellement en concert jusqu'au 18 novembre à La Nouvelle Eve de Paris, puis à Clermont-Ferrand le 23, à Cholet le 28, à Lille le 30, à Beaumont-sur-Oise le 9 décembre, à Woluwe-Saint-Pierre le 14, à Ruelle le 18, à Angers le 19 et à Montigny-le-Bretonneux le 20.

La nouvelle version de son album, "Le jeu des sept erreurs", avec des remixes et deux inédits, sera dans les bacs ce 26 novembre.