Je résume l'affaire à grands traits. Dans De la guerre en philosophie, BHL en appelle à un philosophe nommé Botul à propos d'Emmanuel Kant. Sinon que le livre de Botul auquel il fait allusion, La vie sexuelle d'Emmanuel Kant, est tout sauf un ouvrage sérieux. Son véritable auteur, Frédéric Pagès, se demande même, avec quelques autres commentateurs, si BHL l'a lu. S'il l'avait fait, il aurait dû comprendre que l'argument Botul n'était pas très pertinent.
Dans un deuxième temps, le sens de l'humour de BHL n'étant pas à toute épreuve - ceux qui le connaissent bien prétendent qu'il est même très limité -, les réserves de sympathie à l'égard de Botul, de Pagès et de tous ceux qui ont relevé sa bourde se sont épuisées.
Reçu jeudi dernier au micro de Nicolas Demorand (France Inter), le philosophe surpris les doigts dans le pot de confiture hausse le ton. Cela ne me fait plus rire, dit-il. Et il le prouve (1'43"-2'46"). Parfois, d'ailleurs, à la limite de la mauvaise foi, notamment quand il attaque (hors extrait) Pierre Assouline qui aurait, affirme-t-il, parlé sur son blog des deux livres en n'ayant lu qu'un entretien paru dans la presse. Alors que Pierre Assouline, dans un premier temps, ne parlait que de l'entretien...
On n'en a pas fini avec les éclats. Yann Moix se pose en défenseur de Roman Polanski dans Je hais la meute. Il en a bien le droit. Quelques extraits du livre ont été publiés sur le site de la revue La règle du jeu - comme par hasard, il s'agit de la revue dirigée par Bernard-Henri Lévy. Des textes d'une rare violence, où la Suisse est une cible sur laquelle Moix s'acharne sans faiblir. Mais en développant, selon ses contradicteurs, des arguments assez fragiles. Chez Ruquier encore, Yann Moix se défend comme il le peut contre la colère d'Eric Naulleau. Celui-ci lui avait dit, pourtant: "Je t'aime bien." S'il ne l'avait pas aimé, je ne sais pas quels mots se seraient échangé (2'46"-4'01").
Ce n'est pas la meilleure chanson d'un disque par ailleurs tout à fait plaisant et pour la promotion duquel Emmanuelle Seigner se serait probablement bien passée du brouhaha où se trouve Roman Polanski. Je rappelle, à l'intention de ceux qui, comme moi, ne se plongent pas quotidiennement dans les infos people, que la chanteuse (par ailleurs actrice) et le cinéaste (primé à Berlin il y a quelques jours) forment, à la ville, un couple très officiel.
"La France, on en avait rêvé. Qu'y avait-il de plus désirable que la France? Là-bas en Indochine, tout cc qui était beau, propre, enviable, riche, puissant s'appelait la France. La France, c'était tout ce blanc lumineux et immaculé des costumes, des uniformes, des robes de bal, des nappes, des draps, des mariages, des villas et des paquebots... Tout ce blanc repoussant le ciel gris sale des moussons, la ligne basse et boueuse de l'horizon dans les rizières, l'eau souillée des arroyos, la glaise lourde et gluante où piétinent les buffles, les tuniques noires des lettrés, les dents laquées des femmes... Oui, la France c'était tout ce blanc immaculé. Le blanc de la colonisation". En 1954, la défaite française à Dien Bien Phu contraint au départ toutes les familles françaises résidant au Tonkin. Parmi elles, un nombre important de familles franco-annamites: couples mixtes et leurs enfants eurasiens, femmes vietnamiennes dont le compagnon français avait disparu... Ils furent ensuite rapatriés en France, au titre de Français d'Indochine puis installés "provisoirement" dans des bâtiments collectifs désaffectés. Ainsi se constitua le Cafi, Centre d'Accueil des Français d'Indochine, à Sainte-Livrade dans le Lot-et-Garonne, lieu de mémoire de l'histoire coloniale, de ce qu'elle a produit, des identités composites qu'elle a générées. Aujourd'hui, la transformation du camp, qui existe toujours, préfigure la fin d'un monde.
En 16 titres, Alain Chamfort chante "une vie Saint- Laurent". De son enfance oranaise à ses derniers adieux, la trajectoire romanesque et lumineuse d’un avant-gardiste de génie, où se mêlent excès et fulgurances, reconnaissance et succès planétaires sur des notes de mélancolie.
Cette biographie sonore et visuelle unique, co-écrite et composée avec Pierre-Dominique Burgaud rassemble également portraits inédits ou rares, croquis, dessins, photos de défilés, accompagnés par les textes de Robert Murphy, qui dévoilent et témoignent de l’extraordinaire créativité d’un mythe du XXe siècle.
C'est un film âpre, d'une justesse et d'une humanité rares, dont on sort complètement secoué après avoir passé plus de deux heures dans la peau d'un voyou magnifique.
Jacques Audiard ne porte pas de jugement: il montre. Et il montre si bien qu'il atteint une sorte de vérité - que nous ne vérifierons pas, ce n'est pas nécessaire tant la force de ce film l'impose comme une tranche de réel, fût-il passé au crible de la fiction (7'53"-9'44").
Indicatif, extinction du son pour aujourd'hui...