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Alors je suggère de confier une mission.
Aux yeux qui me regardent, je chuchote l’impérative recherche du beau et du bon.
Ras le boldu conflit, du noir tiraillement.
Tournons nos regards vers l’horizon utopique.
Ouvrons les armoires des rêves pour en extraire la bonté.
Laissons glisser sur nos peaux dénudées l’eau lustrale.
Plongeons en des bassins de clarté pour boire l’infini nectar…
*
Je confie aux ondes l’ordre non impératif.
Ne vous mettez pas au pas cadencé.
Tournez le dos aux conformes pensées.
Chahutez les tristes et les confinés.
Donnez à chaque jour un piment oiseau.
Faites éternuer les rabat-joies en leur glissant sous le nez le poivre du bonheur.
Jetez à la mer les talents opaques des bourses non déliées.
Dépensez vos peines, échangez les contre un soupçon de joie de vivre.
*
Je confie au jour qui se lève.
La mission délicate d’insinuer en chaque oreille un parfum tendre ;
De glisser sous le nez des contraintes une douce chansonnette ;
De prendre les abattus par la main ;
D’emmener tout ce beau monde assister au réveil du premier rayon.
*
Restera alors à rouler selon la pente indiquée,
Sans rien découper, ni planter banderilles…
Nous serons juste en train de nous éveiller.
Le monde avec nous entamera une autre aubade.
Nous vivrons debout sans l’effort de supporter
le poids pesant sur nos épaules tordues.
Il sera désormais interdit de courber l’échine,
De ramper, de se vautrer dans la fange des soumis…
*
Je confie aux paupières de l’aube
La lourde tâche d’alléger la vie
De toutes choses inutiles et vaines
Qui lui font carapaces absurdes…
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Manosque, 22 janvier 2010
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