Qu'importe, au micro de Nicolas Domorand, il s'emporte et parle même de “chasse à l'homme” envers sa docte personne. Toujours cette insupportable victimisation dont le pseudo-philosophe aime à user à l'excès. Pourtant on a lu ce qu'on a lu. Nanard, faudrait pas prendre les enfants de Saint-Thomas pour des dindons de la farce. Comment peut-on accorder trente secondes d'attention à l'ouvrage d'un type qui ne vérifie pas ses sources ? Comment ose-t-il invectiver les médias, ces désormais charognards, qui ont fait jadis sa renommée et qu'il a squattés sans retenue à chaque parution de ses ouvrages ?
L'arroseur arrosé, voilà bien la leçon de cette pantalonnade. Et quand le quidam ajoute qu'il ne supporte pas qu'on gausse son luxueux train de vie, il oublie qu'il a choisi lui-même l'affichage à outrance comme mode de communication. L'histrion n'admet pas que l'image qu'il veut donner au public ne correspond pas plus à la réalité que l'essence de la pensée de Botul. Milliardaire masqué, il aime à cultiver une image de bobo décontract avec une éternelle chemise blanche largement ouverte sur le torse.
Qu'on se le dise, son immense fortune (évaluée à 180 millions d'euros) ne lui vient pas de la vente de ses œuvres. Il l'a héritée de son paternel, un opulent négociant en bois précieux au Maroc. Cette richesse hors norme lui permet de partager avec sa compagne Arielle un appartement cossu de 378 m² à Saint-Germain-des-Prés. Quand l'envie lui prend, il peut s'échapper du microcosme parisien pour se reposer dans le plus beau riad de Marrakech, somptueuse propriété voisine du palais de Mohamed VI qu'il a achetée à Alain Delon en personne. Ou pour méditer à Tanger sur son prochain chef d'œuvre dans sa magnifique bâtisse maure surplombant la mer.
Ce luxe inouï ne colle pas au rôle de philosophe baroudeur, à la fois tanceur engagé et humanitaire interventionniste, qu'il veut incarner au sein du cirque médiatique. Sa crédibilité déjà bien mise à l'épreuve en souffrirait-elle un peu plus ? Son terrible orgueil devrait-il en pâtir ? En attendant, gageons que la philosophie de ce dandy cabotin ne se résume pas au botulisme, maladie paralytique s'il en est. Lui qui en 1985, déclarait sans vergogne à une journaliste du Monde qu'il était l'écrivain français le plus doué de sa génération…