Après une absence de deux ans, grève des scénaristes oblige (difficile en effet de proposer une saison de 24 Heures Chrono de moins de 24 épisodes…), Jack Bauer a fait son grand retour en janvier 2009 sur la Fox, pour une saison 7 annoncée comme celle du changement. Nouveau lieu de l’action (on troque Los Angeles contre Washington), nouveaux personnages, nouveaux méchants et nouveaux enjeux, tout est fait pour que l’équipe propose au spectateur un renouveau salvateur. Alors, pari réussi ? Oui et non…
La saison démarre en effet de façon assez inédite avec un téléfilm d’une heure et demie, 24 Rédemption, se déroulant en Afrique et faisant le lien entre les saisons 6 et 7. Une bonne idée pour rameuter le public sevré par deux ans d’absence, mais un échec relatif tant celui-ci peine à proposer une intrigue intéressante (Jack, réfugié dans le pays africain imaginaire du Sangala après avoir fui les Etats-Unis, tente de sauver des orphelins menacés par un coup d’état militaire dans leur pays). Ce téléfilm « événementiel » se résume en effet rapidement à une course-poursuite dans la jungle, avec des enjeux très limités et répétitifs, malgré la présence de guests stars prestigieuses (Robert Carlyle et John Voight). Seuls quelques passages aux Etats-Unis préparant le grand complot de la saison donnent un quelconque intérêt au film. Dommage pour cet essai manqué qui donne des raisons de s’inquiéter quant à la viabilité d’un futur film tiré de la série…
Une fois cette introduction digérée, la saison proprement dite peut commencer, avec en guise de mise en bouche le procès de Jack Bauer, obligé de rendre des comptes pour avoir torturé de nombreux suspects au cours de ses années de service. On apprend aussi au détour de cet épisode que la CTU a été dissoute pour ses infractions régulières à la loi et aux Droits de l’Homme. Heureusement pour notre héros, le procès sera rapidement ajourné, puisque le FBI a besoin de lui pour arrêter une cellule terroriste menée par une vieille connaissance, Tony Almeida, miraculeusement revenu d’entre les morts et bien décidé à faire payer au gouvernement la mort de sa femme. En un épisode, les scénaristes du show réussissent haut la main à rappeler au spectateur à quel point l’absence de 24 sur les écrans s’était faite cruellement sentir. On est de nouveau immédiatement happé par les nombreux rebondissements, et on jubile suite à ces retrouvailles tant attendues.
Affublé d’un agent du FBI en guise de partenaire (l’agent Renee Walker, nouvelle venue dans le show), Jack se retrouve bien évidemment très rapidement obligé de faire des choix cornéliens, de naviguer aux limites de la loi, et de jouer double jeu pour espérer sauver la situation. La première moitié de saison offre un spectacle jouissif, grâce notamment au retour de quelques anciens (Tony Almeida donc, mais aussi Chloe O’Brian, Bill Buchanan et même Kim Bauer en fin de saison), mais aussi à de nouveaux personnages forts. L’agent Walker est très certainement le plus intéressants de ces nouveaux venus, l’actrice Annie Wersching apportant fraîcheur et professionnalisme à un personnage pouvant s’apparenter à un Jack Bauer jeune et découvrant les implications du job. Et si elle tente tout d’abord de poser des garde-fous à Jack, elle finira malheureusement bien vite par comprendre que parfois il faut franchir les limites pour obtenir des résultats.
Vu que plusieurs années se sont écoulées entre les saisons 6 et 7, la Maison Blanche a bien entendu aussi un nouvel occupant en la personne d’Alison Taylor (Cherry Jones), première femme présidente des Etats-Unis. Une femme à poigne, intransigeante quant à son rôle et aux devoirs qu’il implique, même si elle doit sacrifier sa famille pour servir sa patrie. Peut-être enfin un digne successeur de David Palmer.
Depuis sa première saison, 24 a toujours proposé les rôles des bad guys à des acteurs prestigieux. Après Dennis Hopper (saison 1), Arnold Vosloo (saison 4), ou encore Peter Weller, cette septième année accueille en son sein pas moins de deux vilains de prestige. Tout d’abord Tony Todd, l’immortel Candyman, qui incarne le Général Juma, leader du coup d’état sangalais, bien décidé à se venger de l’interventionnisme américain. Ensuite John Voight, en dirigeant d’une entreprise militaire privée souhaitant montrer à la présidente à quel point le pays à besoin de ses services (pour ça il prévoit des attentats sur les Etats-Unis, un plan un peu bizarre, mais passons). Deux méchants d’envergure auxquels il faut ajouter de nombreux autres hommes de mains et « vilains intermédiaires ». C’est d’ailleurs là le premier problème de la saison. Car si les complots tentaculaires remontant dans les plus hautes sphères de l’Etat sont un des principes de base de la série, le fait que cette saison multiplie les bad guys comme autant de poupées russes (on compte pas moins de 4 méchants principaux qui se succèdent !) devient vite lassant et amoindrit l’impact de la menace au fur et à mesure.
Un constat qui s’impose aussi par rapport à l’intrigue générale de la saison, extrêmement morcelée (pourtant les scénaristes ont eu le temps de tout peaufiner cette fois !) et perdant un peu en suspense petit à petit. Difficile en effet de faire mieux que la mi-saison avec son attaque de la Maison Blanche et le sacrifice bouleversant d’un des personnages principaux. Autre problème, le personnage agaçant d’Olivia Taylor (Sprague Grayden), fille de la présidente, qui vient parasiter l’intrigue dans la seconde moitié de la saison. Un personnage irritant à l’origine de multiples intrigues secondaires plus que dispensables, mais qui heureusement ne devrait pas trop revenir ennuyer le monde dans la saison 8.
Malgré ces quelques réserves, cette nouvelle journée de la vie mouvementée de Jack Bauer tient ses promesses, réussissant le passage de la série sur la côte Est, et surtout faisant oublier la calamiteuse saison 6, unanimement considérée comme la pire du show. Reste à savoir si l’essai sera transformé dans la saison 8, prenant cette fois pour cadre New York.
Note : 7/10