Dans la famille Ronaldo il y a le grand-père, Johnny, le vieux cow-boy qui flingue à tout va sans risquer les ruades de son cheval ... de bois. Il y a la grand-mère, Maria, qui ne craint pas la lame des sabres. Il y a les fils, David en pseudo directeur de cirque, et Danny et pseudo clown. C'est Danny qui a mis en scène le déroulé du spectacle et qui y joue un clown-acrobate subtil et sensible. Il y a les petits fils Nanosh, jongleur, et Pepjin, le plus jeune mais non le moins talentueux.
Nous n'avons pas tous vu le même spectacle. Je me suis trouvée avec les uns coté coulisses, alors que les autres étaient coté piste ... et nous avons échangé nos places à l'entr'acte. J'ai apprécié cet ordre qui était le fruit du hasard. Commencer par l'envers du décor m'a permis de douter des prouesses techniques que j'ai appréciées à leur juste prix en seconde partie.
Karel nous accueille le plumeau à la main, promettant "chinquoué minouté" d'une attente qui se prolonge. L'orchestre répète bruyamment. La troupe sait jouer de la dérision et on finit par se laisser prendre à leur manège, directement inspiré de la commedia dell'arte. On s'étonne qu'on ose fumer entre deux numéros, juste sous le panneau d'interdiction jusqu'à ce qu'un coup de fouet cinglant ne coupe la cigarette.
On entend monter des vocalises qui sont applaudies sans que l'on songe à battre des mains. On respire les vapeurs d'alcool à brûler. On voit monter des flammes. Les couteaux sont affutés. Le serpent géant est déroulé (mais je n'en dirai pas plus sur son espèce). Cà se bouscule, çà s'apostrophe. La complicité se construit avec le public.
Le clown devient acrobate dans le lustre de cristal qui aurait pu être oublié par les Rasposo qui nous ont fait rêver avec le Chant du dindon en septembre dernier. Cette fois tous les spectateurs peuvent gouter la performance avant de se disperser le temps d'un entr'acte.
De retour sous le chapiteau on perçoit mieux ses caractéristiques du siècle dernier. On est surpris de se trouver face à une vraie piste, au sol de sciure, cernée de lourds rideaux rouges, ornés de franges dorés et de glands pesants. L'espace étonne aussi par ses dimensions. Mais les erreurs se reproduisent, la mise en place s'éternise et le directeur promet les mêmes "chinquoué minouté" alors que des bruits parasites s'échappent des coulisses.
On a compris qu'ils vont refaire les mêmes numéros et que cette fois nous verrons l'endroit de l'envers du décor. Nathalie Kuik est cette fois ultra-sérieuse dans ses lancers de couteaux et de haches. Le duo musical entre Danny le père et Pepijn le fils est touchant. Progressivement le spectacle prend une autre voie et à la fin c'est le décor qui vole en éclats.
La tournée française se poursuivra du 20 au 22 mai 2010 à la Maison des Arts de Thonon-les-Bains, et du 27 au 30 mai 2010 à l'Equinoxe de Chateauroux. Pour la suite voir www.fransbrood.com
Les deux photos du spectacle sont © Christophe Raynaud de Lage