Magazine Cinéma

"CONDORMAN" ( 1981 ) de Charles Jarrott

Par Charlyh

Et c’est alors que je matais l’un des trailers de ce prochain « KICK-ASS » de Mark Millar ( que j’avais oublié de présenter dans l’une de mes previews des films à venir pour cette année ) que m’est revenu le souvenir du film que je propose aux nostalgiques trentenaires de mon âge ce soir :

« CONDORMAN » de Charles Jarrott

Sortie en août 1981 aux USA, cette production Disney britannique sera sortie chez nous le 28 octobre 1981 pour marquer les esprits des mômes de mon âge qui l’auront alors vu au cinéma ou plus tard à la télévision ou sur les rares VHS qui ont du être vendues.

Car, oui, même si ce « CONDORMAN » n’est pas un film kult, il n’en reste pas moins un inoubliable souvenir pour les gamins qui l’ont vu, demandant au Noël suivant à leurs parents des majorettes de la voiture du Condorman s’ils ne pouvaient pas leur offrir le Big Jim du héros.
Tout parodique pourrait-il sembler aux djeunz d’aujourd’hui, notre héros du soir ( m’ ) est resté un agréable divertissement familial mélangeant action, aventure et comédie – comme beaucoup de Disniaiseries me direz-vous - qui ne sera pas sans faire penser à quelques « JAMES BOND » et autres films d’espionnage de l’époque.

Librement inspiré du roman de 1965 « The Game of X ( L’Espion du Dimanche ) »de Robert Sheckley, où un quidam confondu avec un espion se retrouve entrainé dans de folles aventures dont il réchappe toujours par chance, le scénario de Mickey Rose ( scénariste ayant commencé comme acteur dans « LILY, LA TIGRESSE » en 1966 et « PRENDS L’OSEILLE ET TIRE-TOI » en 1969 avant de s’orienter vers les scénarios de télévision : « All in the Family », « Happy Days » et « Drôles de Dames » ) et Marc Stirdivant ( scénariste sur la série « Baretta » de 1975 jusque-là ) va, ainsi, nous présenter les mésaventures super-héroïques de Woody Wilkins.

Woody Wilkins, dessinateur américain de bandes dessinées vivant à Paris, s’y assure toujours avant de mettre en cases  les aventures de son héros Condorman que les gadgets de celui-ci soient crédibles voire réalistes : ainsi n’hésite-t-il pas à se jeter du haut de la Tour Eiffel pour tester le costume ailé de son super-héros !!

Intéressée par ses créations fantaisistes la CIA n’hésite pas, par l’intermédiaire d’un ami de Woody, Harry, agent de l’agence, à engager le dessinateur pour livrer des documents à Istanbul.
Woody qui accepte la mission en se faisant passer pour un agent secret opérant sous le nom de code de… Condorman !!
Son rêve, ses rêves, leurs rêves allant devenir réalité…

Et cette production Disney laisser les enfants que nous étions rêveurs, leurs grands yeux de mômes éberlués rivés sur l’écran, nos petites bouches grand’ ouvertes sur les aventures de notre nouvel héros de Noël.
Et en ce qui me concerne, plus précisément, le gamin qui passait déjà son temps à dessiner et reproduire des Albator et Goldorak partout rêva lui d’être comme Woody : dessiner des BD comme lui, porter un costume ridicule de condor ( et que celui qui me corrige ça en deux mots aille tout de suite s’étouffer avec le DVD de « SPECIAL » par exemple ), se jeter de la Tour Eiffel, voler au-dessus de la Seine, faire la course contre des Porsche 911 noires dans sa Sterling Nova gadgétisée et sauver cette belle agent soviétique, etc, etc.
Mais, pour moi, rien ne c’est passé comme ça depuis 1981. Ni même comme la vie double du cascadeur et chasseur de primes Colt Seavers. Ou comme l’agent secret 007 auquel pourrait faire penser ce film.

Et y être associé.
Lors de la sortie de « CONDORMAN », l’encyclopédique Jean-Pierre Dionnet ( dont je regretterai toujours la fin de ces émissions sur Canal, au point d’en arrêter mon abonnement, oui ) écrira dans la cultissime revue « Métal Hurlant » au sujet de ce film rempli d’espions, de tueurs surarmés, de courses-poursuites dans le Sud de la France et Monaco ( où sera tourné en partie le film ) et autres gadgets que la charmante agent soviétique que doit faire passer à l’Ouest Woody/Condorman, Natalia, interprétée par Barbara Carrera aurait fait une excellente James Bond Girl. L’actrice Nicaraguenne qu’on aura pu voir dans « L’ILE DU DOCTEUR MOREAU » de Don Taylor face à Burt Lancaster et Michael York en 1977 en devenant effectivement une de James Bond Girl face à Sean Connery mais aussi Max Von Sydow et une Kim Basinger débutante dans le rôle de Fatima Bush dans « JAMAIS PLUS JAMAIS » d’Irvin Kirshner en 1983, avant de ne réapparaitre depuis qu’essentiellement dans des séries TV : « Matt Houston », « Dallas », « JAG » ou « That’s 70’s Show »…
Le critique du « New York Times » John Corry écrivant également au sujet du film qu’il était comme « un film d'espionnage qui emprunte un peu à Superman, beaucoup à James Bond, et est destiné à toute la famille. Il est chaste et inoffensif, et offre de nombreux paysages magnifiques et de beaux costumes ». Ce qui pour une énième production de la souris américaine aux grandes oreilles n’était pas faux, œuf corse.
Mais notre « CONDORMAN » sera également comparé à un autre grand film d’espionnage de l’époque : « LES TROIS JOURS DU CONDOR » ( bah, tiens ) de Sydney Pollack avec Robert Redford sorti en 1975. Woody réalisant que son ami Harry est un agent de cette CIA et la vie qu’il doit y mener, son ami lui rétorquant qu’à l’agence tout le monde n’y ressemble pas à Robert Redford, justement.
Même si les films de 007 sont les premiers films auxquels on peut penser devant ces 90 minutes en Panavision et Technicolor, surtout avec la Sterling Nova de Woody qui surgit hors de ce vieux camion pour finir sur l’eau tel un overboard sans vouloir spoiler ce film d’aventures de mon enfance.

Et si je me souviens plus de ce genre de scènes et autres moments clefs pour ne pas dire intenses d’un point de vue aventureux pour un gamin de six ans, je dois hélas avouer qu’aujourd’hui, sans revoir le film ( disponible depuis août 2006 en DVD en import zone 2 anglophone chez les studios Walt Disney Studios Home Entertainment ) ou en lire la fiche sur IMDB ( dont je vous proposerai comme d’habitude un lien en bas de page ), je ne me souviens guère de son casting ou même d’autres membres de sa distribution.

Le blond quarantenaire ( alors ) avec ses faux airs de Roger Daltrey des Who Michael Crawford, acteur anglais ( comme le réalisateur ) ayant débuté en 1958 devant les caméras et qui après avoir aimer la guerre dans « L’HOMME QUI AIMAIT LA GUERRE » en 1962 et l’avoir gagnée dans « COMMENT J’AI GAGNE LA GUERRE » en 1967 mais surtout s’être fait connaître comme le Lapin Blanc chantant d’une des premières adaptations de 1972 du livre de Lewis Carroll « ALICE AU PAYS DES MERVEILLES », y deviendra donc ce fameux Woody Wilkins, le père créatif et interprète de Condorman, dans ce rôle humoristique à la limite du parodique que des Austin Powers et autres menaces de Max auront peut-être vu.
Michael Crawford qui en plus d’avoir été scénariste TV en 1978 y sera surtout resté, réapparaissant dans la série musicale « Barnum ! » de 1986 avant de disparaitre des écrans dans la version anglaise et plus ancienne d’un Roland britannique, patron d’un Mistral anglais, dans la cultissime ( outre-manche ) série « Coronation Street » en 1998.
Son brin de voix ayant encore résonné en 2008 dans la VO du très beau « WALL-E !! ».

L'un de ses adversaires, le méchant agent russe borgne Morovich, étant incarné par – cocorico !! – le Français Jean-Pierre Kalfon !!
Comme Michael Lonsdale aura été l’adversaire de 007 dans « MOONRAKER » en 1979 ( non, je ne parlerai pas de l’animateur Georges Beller apparaissant dans le même film), le réalisateur, compositeur et responsable des dialogues de son unique film, « LE COUP DU SINGE » en 1979, sera resté longtemps dans mon inconscient de gamin traumatisé par une boulimie cinématographique un vilain môssieur effrayant au faciès de méchant borgne.
Cantonné à ce genre de rôle dans ses apparitions télévisées ( lui aussi ), « Médecins de Nuit », « Nestor Burma », « Les Enquêtes du Commissaire Maigret », « Marie Pervenche », « Commissaire Moulin » et « Navarro » ou « Mafiosa » plus récemment, cet acteur ayant débuté à l’âge de 24 ans en 1938 aura aussi l’une de ces sales trognes d’un cinéma hexagonal assez viril et couillu ( « RUE BARBARE » de Gilles Béhat face à Bernard Giraudeau et Bernard-Pierre Donnadieu et « CANICULE » d’Yves Boisset face au grand Lee Marvin en 1984 ) auquel il reviendra dans le déjanté « TOTAL WESTERN » d’Eric Rochant en 2000 face à Samuel Le Bihan et aux cotés de Marco Prince et que j’aurais depuis appris à apprécier voire kiffer, mon sens critique tout de même à l’affut.
Et je n’oublierai pas l’avoir aussi croisé dans des productions tout aussi couillues mais d’un genre un brin plus à l’air dans ces « LA FEMME IVOIRE », « FEMME FIDELE », « LA NUIT PORTE JARETELLES » mais surtout « LE DECLIC » inspiré de Manara entre 1984 et 85.
Sacré acteur et gueule que ce Jean-Pierre Kalfon !

Le grand Oliver Reed ( 1m80 sous la toise ), acteur anglais né en 1937 à Wimbledon ( Londres ), qui nous aura quitté durant le tournage du « GLADIATOR » de Ridley Scott le 2 mai 1999 à Malte, ayant été lui aussi de la partie. Dans le rôle d’un autre agent soviétique : le chef Krokov.
Venu lui aussi de la télévision ( « L’Homme Invisible » de 1959, « Le Saint » original de 1963 à 64 ), l’éternel interprète de Proximo ressuscité par la magie du numérique se sera ainsi cantonné un temps au fantastique ( « LES DEUX VISAGES DU DR JEKYLL » en 1960, « LA NUIT DU LOUP-GAROU » en 1961, « TRAUMA » en 1976, « CHROMOSOME 3 » en 1979, « DR. HECKYL ET MR. HYPE » en 1980, « LA MAISON DES USHER » en 1989 ) et les grandes fresques historiques littéraires ( dans le rôle du mousquetaires Athos : « LES TROIS MOUSQUETAIRES » de 1973 aux cotés de Richard Chamberlain et Michael York et ses suites, « ON L’APPELAIT MILADY » en 1974 et « LE RETOUR DES MOUSQUETAIRES » en 1989 ) avant d’être crédité à de grands films comme l’opéra-rock « TOMMY » ( 1975 ) où comme les autres il poussera la chansonnette et « FANNY HILL » en 1983…

Le tout chapeauté, dirigé et mis en scène, sous les yeux discrets des producteurs Jan Williams, Ron Miller et Hugh Attwool, par ce réalisateur londonien Charles Jarrott.
Ayant débuté à l’âge de 27 ans, en 1954, comme acteur, producteur et réalisateur sur l’inconnue série « General Motors Presents », se sera donc spécialisé dans la réalisation , du genre fantastique ( « Haunted » pour la TV en 1967 et « L’Etrange Cas du Dr Jeckyll et Mr Hyde » en 1968 ) en passant par les comédies et productions familiales Disney ( « Disney Parade » et ce « CONDORMAN » cinématographique en 1981 ) avant de finir sa carrière pour le petit écran : une douzaine de téléfilms dont quelques biopics comme « I Would Be Called John : Pope John XXIII » ou « Barbara Hutton, destin d’une milliardaire » en 1987 et « Oksana, un destin d’étoile » en 1994.
Une bien triste carrière pour l’un de ces cinéastes qui a fait rêver le gamin que j’ai été et suis resté, l’un de ces faiseurs de rêves qui sont restés gravés au-delà de ma cornée, l’un des fondateurs de ma culture super-héroïque, l’un de ces hommes dont on ne se souvient pas du nom mais dont l’œuvre fait partie intégrante quelque part au fond de vous de votre être, de vos souvenirs, de vos rêves, toujours et encore.

Le seul qui semble avoir tiré son épingle de ce jeu – et encore son travail sur ce film n’a jamais été édité – étant le compositeur Henry Mancini.
Eternel auteur du thème jazz inoubliable de « La Panthère Rose » ( présent dans tant d’épisodes et adaptations et déclinaisons de la série animée et des films ), le compositeur d’origine italienne se sera fait connaître en 42 ans de carrière – avortée en juin 1994 par son décès à L.A. – sur heureusement d’autres films ou séries comme le « LIFEFORCE » de Tobe Hooper et Dan O’Bannon en 1985, la série des aventures ciné d’Abbott et Costello ( ses deux nigauds allant rencontrer entre 1952 et 55 des monstres comme la momie, le Dr Jeckyll et son alter-ego Hyde, etc ), « LA CREATURE DU LAC NOIR », « BASIL DETECTIVE PRIVE », « Remington Steele » ou ces « Oiseaux se cachent pour Mourir » qui auront fait pleurer vos mères.
Ces thèmes ayant été depuis repris dans tant d’autres productions : « MYSTERY MEN », « THE BIG LEBOWSKI », « Mariés, Deux Enfants », « Les Soprano », « Les Simpson »,…

Et c’est allant sortir ce film de la poussière de mes étagères que je vous le conseillerai donc encore.
Si a contrario de votre serviteur vous n’avez pas participé avec votre gentille môman au million d’entrées ( 1 048 130 plus précisément ) lors de sa sortie dans les salles françaises, recherchez-le donc sur quelques sites marchands ou autres solutions plus ou moins illégales et vous découvrirez ce qu’ont pu produire les studios Disney à cette époque, parmi ces magnifiques « TROU NOIR » et « TRON » méconnus ou décriés dont le dessin animé « TARAM ET LE CHAUDRON MAGIQUE » a peut-être été le chant du cygne en 1985.

Puis, si vous vous demandez où vous avez déjà vu ailleurs que dans ce film super-héroïque pas comme les autres le chef en France de la CIA et le pote de Woody, Harry, Robert Harden ( le chef de la CIA ) est souvent apparu comme ambassadeur ou militaire américain et notamment dans ce « D.A.R.Y.L. » de notre adolescence quand James Hampton, lui, après une participation à la série « Teen Wolf » sera aussi apparu dans l’excellent film « PUMP UP THE VOLUME » sur lequel je reviendrai un jour. Ou un soir.

Et si vous avez vu l’un des trailers de « KICK-ASS », vous comprendrez pourquoi le générique de début  ( dont les incrustations animées ne sont pas sans me faire penser aux dessins des décennies plus tard de "ATLANTIDE" du même studio Dinsey ) et le début de ce « CONDORMAN » m’y ont fait penser en rematant ceci après :

Vous pouvez  maintenant éteindre votre télévision et aller déployer vos ailes en haut de la Tour Eiffel comme Condorman ou May Day ( Grace Jones ) pour échapper à James Bond dans « DANGEREUSEMENT VOTRE ».

La fiche IMDB ( en français ) du film


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