L’univers incomparable de Roald Dahl, dont l’humour grinçant séduit des générations de (grands) enfants depuis plusieurs dizaines d’années, a souvent été porté à l’écran. Mais saviez-vous que l’auteur fut scénariste pour Hitchcock et œuvra sur un film de la série de James Bond ? A l’occasion de la sortie de Fantastic Mr. Fox, KUB3 met le nez dans les archives et révèle quelques facettes méconnues de l’auteur de Charlie et la Chocolaterie.
Nombreux sont les cinéastes s’étant attaqués aux romans et nouvelles de Roald Dahl. Bien avant Fantastic Mr. Fox, les adaptations se sont suivies pendant quarante ans. Du film d’animation - Le Bon Gros Géant de Brian Cosgrove (1989), James et la grosse pêche d’Henry Selick (1997) - à la comédie familiale - The Witches de Nicolas Roeg (1990) - cf. trailer en bas de l’article -, certaines œuvres ont même été déclinées sous plusieurs films. Ainsi, bien avant l’adaptation de Tim Burton en 2005, une première version de Charlie et la Chocolaterie fut tournée au début des années 1970 par Mel Stuart, tandis que Matilda reste, à ce jour, le roman de Dahl le plus porté à l’écran (en 1978 par Daniel Mann, en 1991 par Giorgio Magliulo et Antonietta de Lillo et en 1996 – version la plus célèbre signée Danny de Vito).
Certains de ces films sont depuis tombés dans l’oubli, mais tous témoignent de la forte dimension visuelle de l’œuvre littéraire originale, dont les écrits pour enfants sont souvent accompagnés de dessins de Quentin Blake. Ses illustrations sont rapidement devenues indissociables du style de l’écrivain (une collaboration rappelant Goscinny et Sempé pour Le Petit Nicolas), invitant au rêve et créant un univers unique.
Bien avant que des tiers s’emparent de l’œuvre de Roald Dahl pour la porter au cinéma, l’artiste lui-même entretint de son vivant une véritable passion pour l’image. Féru de peinture, le jeune écrivain - alors peu connu - rencontra Walt Disney dès les années 1940 pour évoquer le passage à l’écran de son premier livre pour enfants… Si Gremlins ne verra finalement le jour qu’en 1984 devant la caméra de Joe Dante, l’oeuvre fut très tôt envisagée pour le cinéma par son auteur.
Les adaptations des romans de Roald Dahl dans les salles obscures naîtront surtout dans les années 80 (et après sa mort en 1990). Mais de son vivant, l’écrivain laissa aussi sa propre empreinte dans le monde du cinéma ou encore de la télévision. Une empreinte certes discrète, mais plutôt inattendue et particulièrement insolite.
Nous sommes à la fin des années 1950. Quelques nouvelles pour adultes de Roald Dahl, teintées d’humour noir et de détails macabres, suscitent alors l’intérêt d’Alfred Hitchcock pour sa série télévisée à succès Alfred Hitchcock Presents. A l’apogée de sa carrière cinématographique (Sueurs Froides en 1958, La Mort aux Trousses en 1959), le réalisateur délègue souvent les tournages pour le petit écran, se contentant d’un cameo en introduction et en épilogue de chaque épisode d’une vingtaine de minutes. Mais quand il s’agit d’adapter Roald Dahl, il en est autrement…
Au final, parmi les cinq adaptations retenues, trois d’entre elles (L’Inspecteur se met à Table, A Dip in the Pool - inédit en France - et Le Manteau) seront directement réalisées par Hitchcock. Peu connus du grand public, ces courts-métrages demeurent pourtant de véritables bijoux de mise en scène, teintés d’ironie et de thèmes chers au réalisateur (dans L’Inspecteur se met à Table - visionnable en VF -, une femme tue son mari à coups de gigot congelé et, espérant commettre le crime parfait, fait cuire la viande pour le dîner)…
L’adaptation des nouvelles de Roald Dahl pour la télévision ne s’arrête pas là. Au début des années 1980, dans la lignée d’Alfred Hitchcock Presents, l’auteur lance Tales of the Unexpected. Composée de neuf saisons (112 épisodes), la série compile des histoires étranges et des récits d’horreurs inspirés de son œuvre. L’esthétique du générique n’est d’ailleurs pas sans rappeler le travail de Maurice Binder pour les James Bond.
Mais la facette la plus méconnue de Roald Dahl reste probablement sa contribution de scénariste pour le 7ème Art… et la transition est toute trouvée. Quand il rencontre un certain Ian Fleming pendant une mission aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre Mondiale, l’écrivain est loin de se douter qu’il côtoie le futur créateur de l’agent secret le plus mythique de l’histoire du cinéma. Un personnage auquel Dahl sera pourtant directement confronté en 1968, lorsque le producteur Albert R. “Cubby” Broccoli lui confie l’écriture du scénario de You Only Live Twice (d’après le roman éponyme de Ian Fleming), cinquième opus de la franchise des 007 avec Sean Connery…
Tel l’agent secret de Sa Majesté, Roald Dahl semble lui aussi ne jamais devoir mourir. Si la diversité de son œuvre reste méconnue du grand public, ses récits pour enfants traversent les époques, portés par des adaptations cinématographiques plus ou moins heureuses. Prochaine actualité : la réédition en DVD de The Witches (d’après Sacrées Sorcières) en août 2010. Bande-annonce.
Crédits photos :
Portrait de Roald Dahl © Carl Van Vechten / Affiche Le Bon Gros Géant © Cosgrove Hall Films / Affiche The Witches © The Jim Henson Company / Affiche Matilda © TriStar Picture / Affiche James & the Giant Peach © Walt Disney Pictures / Affiche Charlie et la Chocolaterie © Warner Bros / Affiche You Only Live Twice © Eon Productions