Nous poursuivons notre route vers Iby, accompagnés sans cesse d’aimables baobabs ventripotents, ces géants des plaines que l’on dit avoir été victimes du courroux de Dieu, qui, pour les punir, les aurait plantés la tête en bas. Il est vrai que, caduque, l’arbre est surmonté de branches nues l’hiver, semblables à des racines. Nous caressons son écorce tuberculée et fibreuse qui sert à la fabrication des cordages. Les baobabs deviennent de véritables compagnons de voyage, certains, dont les branches n’ont pas été coupées, regorgent de fruits que les enfants dégomment au lance-pierres.
Nous dégustons comme de petits bonbons leurs nombreuses graines acidulées saturées de calcium et aux vertus astringentes (propriété non dénuée d’intérêt en ce qui me concerne, Matthieu démontrant une fois de plus la robustesse de ses intestins). A plusieurs reprises, nous nous arrêtons devant de majestueux spécimens, impressionnés par leurs dimensions et nous nous amusons à nous photographier à côté de leur démesure. Nous écoutons le vent qui se mêle à leur branchage qui semble contenir les rumeurs des villages alentour. Souleymane nous raconte à quel point chacun des éléments de l’arbre est ici exploité, ses fibres entrant dans la composition du banco dont on recouvre les greniers pour les protéger de la chaleur, ses feuilles servant de base à la bouillie préparée par les femmes, la pulpe de ses pains de singe fournissant une boisson rafraichissante, son fruit pouvant être sculpté en maracas, …