Semaine un peu relâche côté dramas asiatiques. Outre ceux qui sont en cours de diffusion (déjà assez nombreux), je me suis seulement traumatisée en regardant une mini-série d'horreur, Coma. La review viendra quand j'aurais tout digéré, même si, je l'avoue, j'ai toujours beaucoup de mal à écrire un billet sur les fictions de ce genre-là ; il en faut peu pour m'effrayer. Et une fois ce constat dressé, l'analyse est vite réduite au minimum. En attendant de parvenir à m'armer de tout mon courage pour cette tâche, je vais, en ce dimanche asiatique, évoquer un k-drama visionné il y a quelques temps déjà, mais dont je n'avais jamais encore trouvé l'occasion de vous parler, sans doute en raison de l'impression mitigée qu'il m'avait laissée : il s'agit de Time between Dog and Wolf.
Je suis tombée sur Time between Dog and Wolf au cours d'une période où je cherchais à m'éloigner des classiques romances coréennes, tournant un regard curieux vers des dramas plus orientés action. Si je souhaitais naïvement rompre un peu avec les habituels stéréotypes d'un certain genre, mal m'en a pris, car cette série se révéla en être un vivier sans fin. Il reste que j'ai quand même globalement apprécié l'ensemble des 16 épisodes que compte ce drama, datant de 2007, une fois une prise de distance salvatrice acquise face au scénario.
Time between Dog and Wolf s'ouvre à Bangkok, en Thaïlande, au coeur d'une guerre contre le crime organisé, menée par les services officiels thaïlandais, derrière lesquels opèrent le NIS (l'agence coréenne des services de renseignement). Lee Soo Hyun, dont le père est décédé dans des circonstances floues il y a plusieurs années, est élevé par sa mère, qui travaille au bureau du procureur à Bangkok. Gentil mais dissipé, il fait la connaissance, au cours d'une de ses escapades avec des amis, de la belle Seo Ji Woo, une adolescente du même âge que lui, avec qui il va nouer une relation particulièrement intense : elle sera son premier amour. Mais un drame va les séparer, les ramenant, chacun de leur côté, en Corée du Sud. En effet, la mère de Lee Soo Hyun a repris à son compte la croisade de son époux, pourchassant une organisation criminelle particulièrement puissante, Cheongbang. Devenue trop dangereuse pour cette Triade, elle est malheureusement assassinée sous les yeux de son fils, qui n'a que le temps de garder en mémoire le tatouage qui marquait le bras du meurtrier.
Adopté par un responsable du NIS, Kang Joong Ho, et devenu un membre à part entière de sa famille, Lee Soo Hyun grandit au côté de son frère adoptif, Kang Min Ki, avec lequel il noue une réelle complicité. Tous les deux marchent vers un choix de carrière tout tracé au sein de l'agence de renseignements. Mais les tragédies passées de Thaïlande refont un jour surface. Alors qu'il retrouve, par hasard, Seo Ji Woo, Lee Soo Hyun recroise l'assassin de sa mère au cours d'une mission. Jusqu'où son désir de vengeance le conduira-t-il ? Quels sacrifices est-t-il prêt à faire pour mener à bien ce projet ?
Time between Dog and Wolf est donc un drama aux allures de thriller, qui navigue entre fiction policière et histoire d'espionnage, sur fond de revanches personnelles, avec une dose très légère de romances potentielles. Capitalisant sur ce genre, il entretient une ambiance paranoïaque assez intrigante qui reste, cependant, globalement relativement manichéenne. La série utilise, avec un entrain contagieux parfois un peu naïf, les différentes thématiques propres à ce type de récit : l'infiltration d'agents doubles, au sein des deux camps s'affrontant, est ainsi une de ses dynamiques principales. Par ce biais, elle n'hésite pas à aller très loin dans la mise en scène de l'ambivalence des rapports entre les personnages : les ennemis d'un jour deviennent, de façon parfois très surprenante, les alliés du lendemain. Cependant, dans cette toile d'araignée où tout n'est que manipulation, il apparaît clairement que le subterfuge reste roi, au sein d'une atmosphère particulièrement ambiguë. Si chacun semble mener une partie d'échecs létale, dont l'identité de ceux qui tirent réellement les ficelles n'est pas toujours claire, les scénaristes affichent, eux, un plaisir évident à jouer avec les loyautés et les nerfs de leurs personnages. Un plaisir tel qu'ils donnent parfois l'impression de trop en faire.
En effet, le récit, se découpant en deux parties, se caractérise par une progressive immersion dans une surenchère de plus en plus marquée, au fur et à mesure que le tourbillon d'évènements s'enchaîne. Si les k-dramas misent classiquement sur des ressorts narratifs quasi-invariables, Time between Dog and Wolf n'hésite pas à aller très loin sur cette voie. Assumant pleinement l'utilisation de ficelles scénaristiques assez énormes, qu'elle met en scène avec un aplomb certain, la série accumule les recours à des schémas stéréotypés, rythmés par des revirements constants qui soulignent la versatilité nerveuse de l'écriture. Avec une assurance parfois quelque peu déstabilisante, elle repousse sans cesse les limites de la crédibilité de l'intrigue à leur maximum, recherchant goulûment à accroître la portée des réactions et des effets désirés. Le tournant qui frappe le héros à la mi-saison, le plus marquant, illustre parfaitement cette philosophie affichée par les scénaristes. Pour apprécier Time between Dog and Wolf, il apparaît donc nécessaire de dépasser la gêne réflexe que peut éprouver le téléspectateur rationnel confronté à cette avalanche de clichés. Il faut oublier ses scrupules et partir du postulat que ce drama est un divertissement cherchant simplement à exploiter à tous les niveaux, pleinement et de façon très efficace, son concept de départ.
Si les poncifs du scénario, assumés de façon presque enthousiaste par la série, conduisent le téléspectateur à prendre ainsi plutôt au second degré certains éléments en apparence sérieux, la dynamique et la tension d'ensemble du récit n'en souffrent pas. Il reste aisé de s'immerger et de s'impliquer dans l'histoire, notamment en raison de la galerie de personnages très humains qui la servent. La plupart sont, soit attachants, soit intrigants, si bien qu'aucune inimité ne naît. Concernant cet aspect, il faut souligner que, sans que cela porte préjudice à l'intérêt du drama, les scénaristes n'ont pas fait le choix de l'homogénéité dans la répartition des rôles ; le face-à-face orchestré entre Lee Soo Hyun et l'assassin de ses parents est traité d'une manière un brin indirecte, ne se retrouvant pas au coeur d'un intense affrontement qui conditionnerait tout le reste. Un aspect qui se retrouve souvent dans d'autres dramas ayant pour sujet la vengeance. Time between Dog and Wolf est une série vraiment centrée sur son protagoniste principal, de sorte que l'entourage de ce dernier sert, très souvent, surtout de faire-valoir. Les actions des autres protagonistes tournent autour du personnage principal, plus qu'ils ne font preuve d'initiative par eux-mêmes. Ce déséquilibre est recherché : il y a une volonté manifeste, tout au long du drama, de mettre en avant le héros. Personne ne lui volera la vedette. Le téléspectateur n'a cependant aucune peine à se rallier à ce schéma.
Si sur le fond, Time between Dog and Wolf a ses atouts, mais aussi ses faiblesses, soyons honnête, une partie de la renommée de la série provient incontestablement de son casting. Ou plutôt, je soupçonne la relative bonne réputation de ce drama d'être, au moins un peu, liée à la seule présence de son acteur principal, Lee Jun Ki (Iljimae, Hero). Ce dernier a à son crédit d'être un des rares acteurs coréens que je n'ai pas découvert par le biais des dramas, mais, au cinéma -ce qui, vu ma culture cinéphile parcellaire, est un fait suffisamment exceptionnel pour être souligné-, dans un film historique relativement marquant, Le roi et le clown. Depuis, j'ai conservé pour lui une bonne partie de l'affection née au détour de cette salle obscure, si bien que j'ai beaucoup apprécié le découvrir dans un registre complètement différent à travers ce drama. D'autant que c'est, je pense, dans Time between Dog and Wolf que son jeu d'acteur m'a le plus convaincu. Je suis un peu plus réservée sur ses performances dans les autres dramas où j'ai pu le croiser.
A ses côtés, les deux autres acteurs du trio principal s'en tirent de façon très honnête. J'ai beaucoup aimé Jung Kyung Ho (Smile, you, Ja Myung Go) qui joue, avec une fraîcheur communicative très agréable, le frère adoptif, au caractère assez pliable, de Soo Hyun. Tandis que Nam Sang Mi (Gourmet) incarne la figure féminine qui focalise l'intérêt romantique. Le casting secondaire se révèle aussi globalement solide, composé de plusieurs têtes souvent croisées : Kim Gab Soo (vu récemment dans JeJungWon ou encore Chuno) en patron manipulateur, Choi Jae Sung (Empress Chun Chu) en gangster pragmatique, Lee Ki Young (Goong S) en père impliqué, ou encore Suh Dong Won...
Bilan : Du suspense, de l'action, de la vengeance, des histoires de famille impossibles et improbables, le tout saupoudré d'une touche d'amours contrariés qui n'est pas envahissante, Time between Dog and Wolf exploite, avec un enthousiasme un peu naïf parfois, mais toujours revendiqué et finalement communicatif, un cocktail très condensé de tous les schémas scénaristiques du k-drama classique. L'ensemble se révèle entraînant, et l'intrigue prenante. Le bémol vient du fait que les ingrédients de ce mélange apparaissent par moment un peu trop condensés, nuisant à la crédibilité de la trame principale au fur et à mesure que le drama progresse. Dans cette optique, la seconde partie de la série et ses multiples retournements et situations improbables peut déstabiliser un téléspectateur un peu rigoureux. Cependant, il est assez aisé de se convaincre de dépasser cette première réaction réflexe.
Time between Dog and Wolf se révèle alors être un bon divertissement, à la tonalité aguichante d'un thriller assez rythmé. Centré sur l'action et la vengeance, il laisse les romances au second plan. Au final, c'est un drama parfait pour se changer les idées, qu'il faut apprécier pour ce qu'il a offrir, sans scrupule, ni arrière-pensée.
NOTE : 6,25/10
La bande-annonce de la série :
Le clip d'une des chansons récurrentes accompagné de quelques images du drama :