Aucun répit. Il n'y aura aucun répit sur le front de la niaiserie bisounoursesque dont le gouvernement veut absolument nous enduire. Hier, on décidait que, puisque le monde est méchant, on allait interdire les méchants. Aujourd'hui, par le truchement d'une publicité, la République Démocratique du Bisounoursland décide officiellement de prendre les Français pour des abrutis.
Et pour prendre les Français pour des cons, il a choisi la voie institutionnelle du Grand Emprunt, en choisissant un axe de communication très bien étudié : exalter l'idée d'avenir dans une France qui manque à la fois d'idées et d'avenir.
Pour cela, rien de tel qu'une jolie photo, sur fond bleu ciel, d'une femme enceinte avec un bonnet de schtroumpf.
L'idée, nous dit l'amusant poster, est de vendre au contribuable qui – rappelons-le – ne participera pas directement à la création d'un nouveau trou – une image de la Nation, prête à enfanter moult projets à la vitesse d'une chaîne industrielle dans des petits « Plop ! » satisfaits comme autant de boules de gomme : réjouissez-vous, contribuables, vous allez payer lourdement demain les projets d'avenir de dans tout de suite maintenant qu'on va financer en allant chercher des thunes sur le marché mais pas chez vous et qu'on devra rembourser cher plus tard et cette fois-ci avec vos sous ! Réjouissez-vous ! Youpi !
Bon, évidemment, pour cette jolie image, le contribuable aura déjà dépensé, sourire béat en prime, une somme coquette frôlant le million d'euro. Dépenser des sous pour en emprunter, c'est déjà une idée lumineuse.
Mais comme je le rappelais déjà précédemment, ce grand emprunt, passant par une simple adjudication supplémentaire de l'Agence France Trou, n'est rien d'autre qu'un n-ième appel au marché pour camoufler un gros problème de trésorerie.
En effet, si l'on admet que cet emprunt est bien destiné à financer des Projets d'Aââvenir (faire rouler les R et bien insister sur le A, grâââândeur de la Fraônce oblige), cela veut dire que les autres emprunts – les petits emprunts discret de toutes les semaines – sont effectués pour payer la routine, les projets pas-d'avenir et les pas-projets.
Autrement dit, on emprunte déjà pour payer les patates, et ce, toutes les semaines, des sommes qui, au total dans l'année, seront bien supérieures à ce fameux (fumeux) grand Emprunt. Cela ressemble à s'y méprendre à de la cavalerie, sabre au clair et clairon triomphant.
En quoi, exactement, cela est-il rassurant ?
D'autant que, comme le souligne l'article de Rue89, l'image de la femme enceinte n'est pas nouvelle, et il le rappelle avec les images des précédents emprunts d'état. Ce qu'ils ne mentionnent pas, c'est que ces images de grands emprunts grandiloquents avec des femmes pleines et un beau ciel bleu étaient des opérations contractées en temps de guerre.
Or, la seule guerre que la France doive affronter actuellement, c'est celle que mène, pied à pied, les contribuables, pour trouver comment payer les prochaines taxes et les prochains impôts qui permettront à la clique de politocards et de privilégiés de continuer à se payer sur la bête.
Ce combat en précèdera-t-il un autre, plus physique, ou allons-nous continuer à courir, nus et le sourire béat figé aux lèvres, dans les champs de l'opulence et de la félicité, en attendant des lendemains qui chantent ou qui, à tout le moins, sifflotent doucement ?
A mon avis, je ne parierai pas sur l'option « zizi à l'air ».
Parce que pendant que la France s'exalte en se regardant le nombril pousser grâce aux monstres gluants qu'elle va enfanter par voie haute, les autres pays commencent à prendre conscience que le monde d'hier, où l'emprunt était la solution keynésienne facile, décontractée, et terriblement à la mode, ce monde là n'est plus : on apprend ainsi que les bonds du trésor américain ne se vendent plus aussi bien, ce qui n'est pas le signe que l'économie en veut encore plus.
D'un autre côté, il est vrai que cela fait quelque temps que plusieurs économistes, dont Taleb, un des rares à avoir prédit la chute des subprimes, expliquent calmement mais fermement que tout le monde devrait s'en tenir éloigné comme de la peste.
Et il n'est qu'à faire des comparaisons entre les différents niveaux d'endettement des pays pour se faire une assez bonne idée du caca dans lequel ils s'enfoncent, la France tête la première, alors que l'économie, au contraire de ce que tout le monde semble claironner, ne veut pas redémarrer, et continue même de présenter des signes alarmants de retournement.
Alors quand on lit entre les lignes tremblotantes et mal assurées de la communication officielle du gouvernement pour faire prendre les vessies du budget pour des lanternes par les moutontribuables qui n'en peuvent déjà plus des tontes massives auxquelles ils sont soumis, on n'en vient qu'à la seule conclusion qui s'impose …
Ce pays est foutu.
Article reproduit ici avec l'aimable autorisation d'H16.