Mad Men – Nostalgia. It’s delicate, but potent…

Avant que ne débute cet été la diffusion de la quatrième saison de Mad Men, il est encore temps de se plonger dans cette série aux multi-récompenses méritées. Les Mad Men ce sont tout d’abord des Ad Men : des hommes de la publicité. Publicitaires dont les nombreux bureaux se situaient sur Madison Avenue à New-York (d’où le titre de la série). Nous sommes au tout début des années 60, époque où la société de consommation atteint des sommets et nous suivons le quotidien des employés de l’agence publicitaire Sterling Cooper Advertising Agency qui est une enseigne en pleine expansion. Le personnage principal Don Draper en est un des dirigeants. C’est un homme mystérieux, au passé trouble, séducteur qui plaît tout autant aux femmes qu’il croise, qu’aux entrepreneurs cherchant à faire appel à ses services de créatif publicitaire.

Véritable remontée dans le temps ce qui passionne avant tout dans Mad Men va bien au delà du cocasse de se voir plonger dans le design et la mode un peu kitsch des années 60. Les intrigues sont prétextes à revivre les grands évènements historiques et sociologiques caractérisant cette période florissante des États-Unis. Les aventures des personnages se mêlent aux réalités historiques du moment : l’élection de Kennedy, l’invasion de la baie des cochons… jusqu’à l’assassinat du Président Kennedy qui accompagne les derniers épisodes de la saison 3. Ces évènements interviennent sous forme d’images d’archives apportant un réalisme fort et lorgnant presque sur de la docu-fiction.

Concernant les thèmes de société rien ne semble oublier. Ce qui frappe avant tout c’est la présence constante de   la cigarette. Elle est partout, tout le monde fume (hommes et femmes), tout le temps, en toutes occasions (même Betty Draper dans ses derniers mois de grossesse grille cigarette sur cigarette). L’une des premières grosses négociations de contrat publicitaire concerne d’ailleurs la marque de cigarettes Lucky Strike.

Rien ne nous est épargné de tous les travers de  cette société américaine des sixties entre le sexisme, l’homophobie, le racisme, l’alcoolisme, l’adultère… On y note aussi au cours des saisons l’émancipation des femmes que ce soit au sein de leur foyer, que dans le monde du travail. Il est amusant de remarquer que l’on est encore bien loin des préoccupations environnementales qui sont omniprésentes de nos jours : là il n’est question que de consommation, de plaisir, d’immédiateté. Lors d’un pique-nique familial Draper, sa femme et ses enfants quitteront un splendide paysage laissant là des tas de déchets sans même s’en préoccuper une seule seconde.

Ainsi donc Mad Men est une série qui suscite un grand intérêt historique et aussi sociologique.  Et pourtant c’est aussi une série qui passionne, comme les autres, par la qualité des personnages et des intrigues qui s’y déroulent. Beaucoup plus complexes qu’ils n’y paraissent chacun des personnages reste  encore indéfinissable  à la fin de la saison 3. Mais qui est vraiment Don Draper? Homme machiavélique et manipulateur ou un homme complètement dépassé par ce qu’il ressent (ou ne ressent pas), dépassé aussi par une double identité qu’il va devoir assumer au fil des saisons. Sa femme Betty est également un être complexe, ni vraiment épouse, ni vraiment mère (on ne la sent pas poussée par des élans maternels excessifs envers ses trois enfants), femme trompée qui assume ou pas. Se cherche-t-elle un amant, en a-t-elle vraiment trouvé un dont elle serait amoureuse. Parmi l’entourage professionnel de Don Draper c’est aussi le grand flou au fur et à mesure que les saisons avancent : entre Peggy la secrétaire devenue collègue à l’indépendance étonnante, l’indispensable  secrétaire en chef Joan qui malgré son départ de l’entreprise reste plus que présente, l’arriviste Pete Campbell… Il y a là encore matière à faire évoluer tous ces personnages au fil des prochains épisodes. La fin de la saison trois (que je préfère taire) amène un rebondissement qui devrait se révéler passionnant pour le démarrage de la saison 4 à venir.

Alors chose amusante mais somme toute logique :  la série  traitant du monde publicitaire il s’agit là d’une opportunité phénoménale pour les marques d’époque et encore d’actualité de se montrer et de faire parler d’elles l’air de rien. Heineken est ainsi apparue lors de la saison 2 puisqu’en parallèle cette marque de bières finançait en partie la série, ceci s’est ensuite reproduit avec d’autres enseignes bien visibles au fil de quelques épisodes.

Mad Men est une série mondialement plébiscitée que ce soit par le public ou les professionnels (On ne compte plus les Emmy Awards reçus ces dernières années) dont il serait vraiment dommage de laisser de côté.

Mad Men saison 1 est disponible en DVD depuis le 09 février 2010 et peut se commander par Ici.