Synopsis :
Sur plus de vingt ans et d'un continent à l'autre, Mary et Max raconte l'histoire d'une relation épistolaire entre deux personnes très différentes : Mary Dinkle, une fillette de 8 ans joufflue et solitaire, vivant dans la banlieue de Melbourne, en Australie, et Max Horowitz, un juif obèse de 44 ans, atteint du syndrome d'Asperger et habitant dans la jungle urbaine de New York.
Critique :
Souvent, quand un petit film d'animation au budget largement inférieur aux superproductions d'animation sort dans quelques salles, il est de bon ton pour les critiques de dire que c'est génial, même pour des films parfois anecdotiques et relativement chiants. Vanter les mérites d'une oeuvre qui se démarque des canons hollywoodiens, ça fait sérieux, ça fait classe.
Sauf que là, (j'avoue, penaud) c'est totalement justifié! Ce qui me rebutait un peu dans ce film, c'était l'aspect froid, gris et pour tout dire le design plutôt laid des personnages et des décors, qui pouvait laisser craindre un film triste, mou, pessimiste, voire intello sur les bords. Je sais, que de préjugés et d'a prioris négatifs, mais il faut bien l'avouer on en a tous parfois quand il s'agit de se motiver à voir des oeuvres qui ne nous attirent pas au premier abord.
Mary et Max m'a donc cueilli par surprise, tant le film ne peut susciter que la sympathie. Dès les premières minutes, on sent que finalement on va se sentir bien dans cet univers pourtant effectivement gris et tristounet, mais justement, la force du réalisateur est de se servir du triste, voire du pathétique pour faire naître l'empathie, puis la sympathie pour des personnages ratés, désabusés, parfois ridicules, mais d'une humanité hallucinante, surtout pour des bouts de pâte à modeler.
La narration omnisciente, que l'on pourrait qualifier vulgairement de "à la Amélie poulain", nous présente le quotidien des deux anti-héros, de leurs voisins, leur entourage, avec une foule de petites anecdotes, de scènettes amusantes, de détails poètiques, qui transforment la noirceur évidente du contexte en légèreté salvatrice, qui fait rire avec tendresse. "Mieux vaut en rire", telle pourrait être la phrase qui résume la philosophie du film.
Grossièrement, on pourrait assimiler l'animation à un mix réussi entre du Henry Selick et les studios Aardman (Wallace et Gromit), un sans faute qui se permet en plus de gérer à merveille un noir et blanc sublime correspondant à la vie de Max, ponctué ci et là de touches de couleur symboliques issues du monde de Mary. On a ici à faire à de l'animation très adulte, traitant de sujets aussi graves que l'obésité, la solitude, l'acceptation par la société, le suicide, la maladie, la dépendance, la mort, l'amour, l'amitié, l'homosexualité,etc... un nombre incroyable de thèmes délicats abordés sans jamais tomber dans le didactisme, l'aspect donneur de leçons ou le pathos. Au contraire, l'espoir et le rire finissent toujours par prendre le dessus.
Mary et Max est donc un très très bon film, qui touche, amuse et ne manquera pas d'émouvoir notamment dans les dernières minutes. Laissez vous convaincre si comme moi vous aviez des (grosses) réticences. Comme quoi...