J'écoute La messe en si de Bach avec Elisabeth Schwarzkopf et je pense à Marguerite Duras. Les petits chevaux de Tarquinia. Ce huis clos en plein
air saturé de chaleur et d'épuisement, de bitter campari... Et je me dis cela : Bach et Duras c'est pareil. A trois siècles de distance c'est pareil. L'impossible est partout. " Aucun amour au
monde ne peut tenir lieu de l'amour", écrit Marguerite. "Aucun Dieu au monde ne peut tenir lieu de Dieu", pourrait murmurer Jean-Sébastien. L'impossible donc. L'impuissance. Cette impuissance
dont toute forme de résistance se nourrit. Et c'est comme ça qu'elle devient tragique. Qu'elle déborde musique et roman. La résistance de ce couple vieux qui veille les restes du fils déchiqueté
par une mine de la dernière guerre, et qui refuse de signer le permis d'inhumer... Alors que le feu gronde dans la montagne, resserrant encore le huis clos...
Mon Dieu, mon Dieu, toi chimère, comment saurais-je résister à toute cette beauté qui m'est donnée, là, en plein coeur ?