J’ai toujours pensé que la créativité était stimulée par des passerelles interdisciplinaires. Et pour compléter ma veille IT, je m’intéresse à l’art, au design et à l’architecture contemporains. Je suis un fidèle du Centre Pompidou. L’objet de ce billet est d’évoquer 2 expositions du centre.
La mémoire du futur (1987)
Cette exposition a été organisée par Bernard Stiegler, que j’ai eu la chance de rencontrer récemment. Elle proposait une vision sur l’avenir des bibliothèques, vision que Stiegler a défendue lors de la création de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) du site Tolbiac. Cette vision aurait pu aboutir à un Wikipedia Français, mais les institutions françaises ont préféré faire de la BNF un temple de la connaissance centré sur la conservation de volumes papier. Cette approche n’est pas sans rappeler celle du clergé au moyen âge… (cf. « Le nom de la Rose » d’Umberto Eco). L’initiative Gallica est louable mais bien limitée.
Cette exposition est particulièrement d’actualité lorsqu’on pense à la bataille d’arrière garde que livre l’Etat français avec Google (voir ce billet), ainsi que celle que livrent les éditeurs français avec Amazon.
D-Day le design aujourd’hui (2005)
Cette exposition m’a particulièrement marqué. Elle présentait en particulier des projets créés par des designers pour aider le développement des pays africains, et des dispositifs d’entraide pour les citadins européens. Ces dispositifs utilisaient l’informatique pour gérer la logistique d’entraide et le partage de ressource. L’exposition m’a ainsi montré, bien avant la mode du « Green IT », que l’informatique pouvait proposer des solutions à des problèmes sociaux et environnementaux, selon la formule aujourd’hui consacrée : « IT is part of the solution ».
Une mise en abîme
Au-delà de l’intérêt que j’ai trouvé dans ces deux expositions, je souhaite mettre l’accent sur un point qui me préoccupe : le propos présenté dans ces expositions n’est pas consultable depuis notre nouvelle mémoire collective, le Web.
Il me semble que les grandes institutions culturelles devraient être des modèles dans l’accès à la connaissance.
En l’occurrence, le site du Centre Pompidou ne propose aucune fiche sur « la mémoire du futur ». Compte tenu de la jeunesse du Centre (à peine plus de 30 ans), toutes les expositions devraient être documentés. On peut acheter le catalogue papier de « D-Day » sur le site pour environ 40€, mais pas celui de la « mémoire du futur ».
Je pense que tous les catalogues d’exposition devraient tous être disponibles en version numérique. Cette version devrait même être gratuite car le Centre est financé par l’argent des contribuables. C’est finalement la proposition de Google : distribuer gratuitement les livres épuisés et libres de droits. Dans le domaine de la mémoire de notre culture, il me semble que nos institutions devraient faire mieux que Google.
Je suggère donc que toutes nos grandes institutions culturelles publient leurs contenus dans le domaine public. Et comme il faut bien démarrer quelque part, il me semble que la BNF et le Centre Pompidou sont les meilleurs candidats pour montrer la voie. Ce sont en effet des institutions jeunes et disposant de moyens technologiques de pointe.
Qu’en pensez vous?