Éloge de rien est signé par un anonyme en 1730, le livre est édité trois fois. Après enquète, une notice du présent ouvrage nous démontre que l’auteur est un certain Louis Coquelet (18676- 1754), connu pour ses livres fantaisistes comme l’Almanach des dames, Eloge de la goutte, Critique de la charlatanerie, Eloge de la méchante femme.
Eloge de rien est donc un drôle de petit livre, où il n’y a rien comme sujet, seule une éloge bien écrite et sympathique à lire.
« J’ajouterai à tout ce que j’ai déjà dit sur Rien, Messieurs, que le meilleurs pays de la terre serait celui où l’on vivrait pour Rien, où l’on mangerait pour Rien de fines perdrix et de bonnes fricassées de poulets, où l’on boirait pour Rien des vins meilleurs que les vins les plus délicats de Bourgogne et de Champagne ; et que nous regarderions comme un homme divin celui qui nous donnerait une belle maison et une terre pour Rien. J’ajouterai encore que la plupart de nos poètes sont des grands diseurs de Rien ; que ce qui fait la plupart du temps tout le mérite de nos orateurs, ce sont des Riens brillants enchâssés dans de grandes paroles, et étalés avec pompe ; que mille tendre Riens font l’occupation de presque tous ceux ui aiment ; qu’on amuse quelque fois les plus grands hommes avec des Riens, que la plupart de nos conversations sont pleines de Rien, et que ce sont ordinairement ces conversations pleines de petits Riens agréables, qui réjouissent et divertissent le plus ; que la plus grande partie des hommes s’occupent de Rien, et s’étudient à Rien ; que tout le fruit que nous retirons de nos veilles, et de touts nos édtudes est moins que Rien, au sentiment même de Socrate ; car ce grand philosope qui lut, médita, étudia toute sa vie, et qui fut jugé le plus sage des mortels par l’Oracle d’Appolon, que savait-il de son propre aveu ? Rien.»
Allia
2008
ISBN 978 2 84485 280 9