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Funèbre coutume

Publié le 20 février 2010 par Goure

Comme les récits des us et coutumes d’autrefois vous plaisent beaucoup , chers lecteurs , je continue en parlant de la fin de vie, j’espère que ce sujet ne vous attristera pas. Après tout , c’est notre lot commun de mourir.

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De nos jours , rares sont ceux qui meurent chez eux , dans leur lit. Autrefois, cela était la règle.Ce que j’évoque date des années 45/60 environ.Lorsque quelqu’un était mort, les gens en étaient informés par les cloches qui sonnaient le glas. On reconnaissait la sonnerie et l’on se demandait aussitôt qui était mort , à moins qu’on connaisse la gravité de la maladie de X. Suivait ensuite tout un cérémonial strict. La personne décédée devait être préparée par une femme du village qui aidait la famille souvent désemparée. Ma mère , Henriette Dauphin, faisait partie de ces bénévoles fort appréciées. Elle ne craignait pas cette besogne macabre. Il s’agissait de la toilette mortuaire et du dernier habillage avec de beaux habits.Pour les hommes , souvent , le costume acheté pour le mariage d’un fils ou d’une fille et qu’on ne portait que dans les grandes circonstances .La chambre du défunt était préparée pour le recevoir, ainsi que les visiteurs. En effet on ne laissait pas la famille seule jusqu’à l’enterrement. Des chaises étaient disposées dans la chambre pour veiller le mort (expression en usage), nuit et jour. Dans la journée , il y avait toujours du monde ainsi qu’en début de nuit.Mais vers deux trois heures du matin, il n’y avait plus que les intimes et ceux qui se dévouaient pour passer la nuit. Encore une fois je peux dire que maman faisaient partie de ceux-là. Elle était connue dans tout le village pour son dévouement. Peut-être certains Ampusians s’en souviennent-ils encore? On ne faisait pas appel aux Pompes funèbres. Le fossoyeur municipal avait creusé la tombe et le menuisier du village avait fabriqué le cercueil (qu’on appelait “caisse”  et qui n’avait point de capitonnage…) .

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Un corbillard tiré par un cheval emmenait le corps à l’église et au cimetière.Le cortège qui suivait le corbillard obéissait à des règles strictes , d’abord la famille proche et éloignée: ensuite si la personne décédée était une femme, venaient les femmes, les hommes fermaient le cortège. Si c’était un homme, les hommes précédaient les femmes, toujours après la famille. Hommes et femmes ne se mêlaient pas. A pied , tout le monde se rendait à l’église pour la messe. La coutume voulait que , dans le Sud de la France, les hommes restent dehors . Ils attendaient la fin de la messe en bavardant. Les femmes les entendaient et n’appréciaient guère ce bruit…Le cortège se rendait ensuite au cimetière , toujours à pied. La population était nombreuse à suivre  le mort et sa famille, par amitié et par respect.Ceux qui ne s’étaient pas rendus à la maison présentaient leurs condoléances comme cela se fait de nos jours. Il n’y avait pas de registre de condoléances. Tout était simple, sans dépense .

Regardez cette plaque tombale: deux frères morts à 20 ans d’une maladie foudroyante , Jean Bonzi à 20 ans, Etienne à 21 ans, leur mère Françoise à 48 ans.Seul Antonin , frère de Jean et Etienne, époux de Lina,  a vécu 70 ans . Sans doute aujourd’hui les aurait-on sauvés ?

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Le deuil était codifié très strictement. Les hommes portaient un ruban de crêpe noir au revers du veston ou autour du bras .Mais comme ils s’habillaient rarement en costume de ville, en fait ils ne portaient pas le deuil. Par contre les femmes étaient souvent en noir ou en gris. Pour un père , une mère , un époux, c’était d’abord le grand deuil, tout en noir, des mois et des mois(   2 ans pour une veuve ,18 mois  pour un proche), ensuite le demi-deuil autorisait le gris ou le mauve. Entre temps , quelqu’un d’autre était mort et le noir reprenait. Bien sûr toute réjouissance (bal par ex) était proscrite pendant la période du deuil.Quand on était jeune , il était pénible d’être privé d’une fête pour un parent éloigné mort quelques mois auparavant. Ma mère était très stricte sur ces règles qui étaient contraignantes;je m’en souviens encore très bien aujourd’hui. Je me disais que l’on peut très bien regretter une personne et la porter dans son coeur sans toutes ces manifestations extérieures de deuil. Mais en même temps , je reconnais que se manifestait ainsi un sentiment très fort d’appartenance à sa famille, les liens n’étaient pas distendus comme ils le sont souvent de nos jours.

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Depuis ma jeunesse , j’ai vu le cimetière  être agrandi trois fois et un beau colombarium  y être adjoint (voir photo ci-dessous ).Mais jamais je n’oublierai les petites tombes d’enfants  (ci-dessus) situées près de l’entrée principale, preuve que l’espérance de vie était moins élevée que de nos jours.

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Comptine à rire et à pleurer:

Dans un grand cimetière,
Hi hi hi, ha ha ha!
Il y avait une sorcière, hi…
Très très grande et très très maigre, hi…
Elle rencontre trois cadavres, hi…
Elle demande aux cadavres, hi…
S’rai-je ainsi quand je serai morte, hi…
Les cadavres lui répondent: oui iiii

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J’ai illustré mon article avec des restes de couronnes mortuaires. Voici pourquoi : autrefois chaque tombe était ornée de couronnes mortuaires en perles. Avec mon amie Isabelle Coste (la fille du Dr Coste qui résidait à la maison Roustan, pendant la guerre 39/45), nous trouvions ces ornements très jolis. Comme il y en avait toujours au rebut , nous les prenions et nous les “recyclions” en bijoux à la mode !! Ces bijoux , nous les fabriquions dans notre cabane qui se trouvait dans le jardin Roustan.Pas une minute , nous pensions que ces ornements avaient  servi à honorer des morts…Et pourtant aujourd’hui encore , le souvenir est vivace.

Récapitulatif des objets anciens et des coutumes d’autrefois décrits dans le Toupin 2010:

1 La chaufferette de ma grand-mère - 2 Un mixer écolo - 3 Le battoir d’Henriette - 4 Souvenirs de Claudie - 5 Le cuvier de Marie-Françoise - 6 Pédagogie : répéter encore et encore (Le Toupin ) - 7 Messieurs , comment vous rasez-vous ? 8 Un bon café - 9 Une activité disparue (vers à soie) - 10 Vivre , se soigner et mourir autrefois - 11 Coudre et repasser - 12  Communiants et communiantes d’autrefois.


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