Nous sommes 700 administratifs sur le site.
Eux sont des ouvriers. Ils refont les réseaux tout autour du bâtiment.
Je les vois à mes pauses clopes.
Je les admire. Et le mot n'est pas exagéré.
Ils m'épatent.
Parce qu'ils se cognent le froid toute la journée.
Parce qu'ils sont experts dans leurs gestuelles de professionnels.
Je ne les envie pas. Je serais incapable de faire comme eux. Pour autant, mon cul sur mon siège de fonctionnaire, je suis loin de me sentir privilégié. Je me dis par contre que ça grogne bien trop dans les coursives. Que ça se plaint beaucoup trop. Eux dégagent une tranquille assurance. Un flegme à toute épreuve.
Je croise ces types près de la machine à café. Ils sont simples. J'aime leur simplicité. Je suis à des réunions, des événements. Elle me manque, leur simplicité. Elle m'insupporte la condescendance de celles et ceux qui sont dans ces réunions, ces événements, et qui se sentent supérieurs à eux. Ni au-dessus, ni en-dessous. Ensemble. Chacun sa pierre.
Une autre fois, j'avais vu une femme qui restaurait un monument historique. C'était l'été. Il faisait une chaleur à crever. Pendant des heures, elle faisait le même geste, il demandait patience et précision, concentration et savoir faire.
Ce sont eux, les seigneurs.J'aime la noblesse des métiers de la main, comme on dit. Ils ont du coeur. De l'éthique. Savoir être. Autant que savoir faire.