Rien de commun, en apparence, entre Philippe Djian et Adam Thirlwell. Mais les personnages de leurs nouveaux - et excellents - romans sont des hommes attirés à l'excès par les femmes...
Marie Darrieussecq préface une nouvelle de Philippe Djian intégrée à des tableaux de Horst Haack: «Il me semble que tous les romans de Philippe Djian parlent de la fin du monde.» C'est le titre de ce livre: La fin du monde. Ce pourrait être aussi, en effet, celui du nouveau roman de Djian, Incidences. Où le monde ne finit qu'à la dernière page, vers laquelle l'écrivain conduit sans précipitation, posant un à un les éléments du désastre à venir.
A cinquante-trois ans, Marc enseigne le scénario à l'université. Il vit à l'écart de la ville dans la même maison que sa sœur Marianne, célibataire comme lui. Il aime les promenades en forêt et mêler à l'oxygène la fumée d'une cigarette. Il apprécie certaines de ses étudiantes et les mettre dans son lit est une pratique qui suscite chez lui la prudence, car il sait que le moindre écart rendu public lui vaudrait un renvoi. Il n'est pas un modèle de vertu. Mais cela l'ennuie moins que de découvrir, au petit matin, le corps froid de Barbara à côté de lui. Elle a vingt-trois ans, elle vient de s'inscrire à son atelier d'écriture, ils sont rentrés ivres la veille, dans la Fiat 500 de Marc, malgré les dangers de la route le long de la corniche.
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L'âge ne change rien à l'affaire: les 78 ans de Raphael Haffner n'ont pas épuisé son appétit des femmes. Quand Adam Thirlwell nous le présente, il est caché dans une penderie depuis trop longtemps pour que sa position soit restée confortable. Mais le spectacle auquel il assiste par la porte entrouverte vaut bien quelques désagréments: Zinka et Niko font l'amour devant lui. «Il ne désirait vraiment rien d'autre. Les femmes étaient le seul moyen de son triomphe, son corps vieillissant demeurant la pelote à épingles idéale pour que s'y plantent les flèches en plastique multicolore du dieu-enfant victorieux: Cupidon.»
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