Magazine Cinéma
Tatarak
Un film polonais de
Andrzej Wajda
Avec Krystyna Janda, Pawel Szajda, Jan Englert, Jadwiga Jankowska-Cieslak, Julia Pietrucha, Roma Gasiorowska, Krzysztof Skonieczny...
L'HISTOIRE
Seule et isolée dans une chambre d'hôtel, une comédienne du nom de Krystyna se confie. Elle raconte les derniers moments qu'elle a partagés avec l'homme qu'elle aimait, un chef opérateur, avant qu'il ne soit emporté par la maladie. Krystyna s'apprête aussi à tourner Tatarak, le nouveau film d'Andrzej Wajda. L'histoire de Marta, une femme qui ignore qu'elle est sur le point de mourir et dont la vie va être chamboulée par sa rencontre avec un jeune homme qui aurait pu être un de ses fils disparus. En parallèle, entremêlées puis mélangées, ces deux histoires tentent d'apaiser la douleur.
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Noyé dans un océan de vert, un presque silence oppressant et…ce réveil en sursaut, d’une femme seule, dans une chambre sombre, aux draps noirs et où l’unique fenêtre laisse entrer une faible clarté. Là assise sur ce lit elle entame un monologue, presque théâtralement elle dresse le tableau de la perte d’un être cher, son mari. Les mots s’écoulent, douloureux et sensuels.
Autre époque, même personne, une femme de médecin, là encore touchée par le deuil passé et un futur qui risque de lui échapper. Là sur les bords d’une rivière, jouant parmi les hautes herbes folles, une rencontre impromptue avec un beau jeune homme et le cinéma s’invite dans le film. Presque déroutant, surprenant tout au mois et prodigieusement efficace.
Il suffit de se laisser porter, par cette ou plutôt ces histoires, du récit véridique aux fictions, par leur télescopage voulu et admirable, cette fuite en maillot sous la pluie et sur la route !
Du début à la fin Tatarak nous parle de vie et de son pendant la mort, sobrement sous le soleil d’été, aux bords d’un plan d’eau, parmi les joncs !
Le Monde.Fr - "Tatarak" : toute la vie d'Andrzej Wajda en un film lumineux
"..Ce film puise son inspiration à trois sources. Un texte de l'écrivain hongrois Sandor Marai dépeignant le désarroi d'un médecin qui diagnostique l'imminent décès de son épouse ; un monologue de la comédienne Krystyna Janda racontant la fin de vie de son époux (le chef opérateur de Wajda, Edward Klosinski) ; et une nouvelle du romancier polonais Jaroslaw Iwaszkiewicz, où Marta, une femme condamnée, est troublée par un jeune homme qui lui rappelle ses deux fils tués lors de l'insurrection de Varsovie...
Un film où se mêlent le cinéma et ce que chacun (acteurs, réalisateurs, êtres humains) traverse au cours de son existence, cette promenade avec l'amour et la mort..."
Excessif.Com "...La clope au bec, la crinière blonde au réveil, son air austère et sa présence muette rappellent la Gena Rowlands d'Opening Night ; sa candeur, la Molly Shannon de Year of the dog. Cette femme, c'est une comédienne justement. A la fois en tant que personne et en tant que personnage principal. Et c'est d'ailleurs de là que vient la force et la faiblesse de Tatarak. En entretenant cette frontière abstraite entre la fiction et la réalité, Andrzej Wajda brouille les pistes et brise le rythme à de nombreuses reprises. .."
Chronicart.Com "...Tandis qu'elle revit cette douloureuse période, Krystyna s'apprête à interpréter le rôle de Marta dans Tatarak, le nouveau film du cinéaste. Réunis par la même douleur, la perte d'un être cher, Krystyna l'actrice et Marta le personnage vont donner vie et sens au raisonnement d'un Wajda vieillissant dont le triptyque vie/mort/cinéma s'écarte légèrement de ses thématiques épiques passées, plus axées sur l'Histoire, le patriotisme et la vie politique de la Pologne. Sentant peut-être la mort approcher doucement mais sûrement, Wajda se détache de son rôle de porte-parole de la nation polonaise pour s'orienter vers un sillage plus personnel. Forme de rupture avec l'ensemble de ses oeuvres passées, Tatarak sonne un peu comme un craquement, une faille, un corps qui s'effondre. .."
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