Vous n’êtes pas sans savoir que le gouvernement est très actif actuellement en ce qui concerne la « cybercriminalité » : je veux bien sûr parler des lois Hadopi et Loppsi. Mais cette dernière (dont l’un des objectifs officiel est de bloquer les sites pédopornographiques) risque de nuire encore plus gravement à la liberté d’expression, selon de très nombreux avis politiques et professionnels.
En effet, la Fédération Française des Télécoms a affirmé que « l’instauration d’un filtrage présente un fort risque de surblocage. ». Concrètement, avec cette loi, certains sites web pourraient être injustement bloqués ; si un site lambda est hébergé sur le même serveur qu’un site pédopornographique, celui-ci pourrait alors devenir inaccessible. En Australie, où le système est en place, ce genre de soucis a déjà été signalé.
Mais il semblerait que ce filtrage ait surtout pour but de prolonger Hadopi, afin de contrer le téléchargement illégal. Nicolas Sarkozy l’avait annoncé dans ses vœux à la culture en janvier dernier : commencer par Hadopi, et « si cela ne suffit pas, [il est] prêt à aller plus loin » afin de « dépolluer les réseaux ».
Filtrer, de plus en plus… Cette atteinte à la démocratie, jugée liberticide, ne fait pas l’unanimité :
- Jean-Claude Vitran, responsable à la Ligue des Droits de l’Homme, affirme que « cette solution ne s’attaque pas à la racine du problème : ceux qui font beaucoup d’argent avec la pédopornographie, ces mafias qui profitent de ce marché juteux. » En effet, des réseaux parallèles indétectables existent, et les amateurs le savent.
- Jérémie Zimmermann, porte parole de La Quadrature du Net (organisation de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet) craint les dérives liées à un tel dispositif de filtrage : « Bientôt seront filtrés les sites de jeux interdits, les sites marchants ne payant pas la TVA, puis pourquoi pas les sites faisant offense au président de la République…[...] Instaurer le filtrage, c’est ouvrir la boîte de Pandore, ouvrir la porte à la censure du web. »
- Si les FAI doivent bloquer sans délai les sites, cela supprime le droit de contestation« , avertit Lucie Morillon, responsable du bureau Internet et libertés chez Reporters Sans Frontières .
source NouvelObs
- La Résistance s’organise
La ligue Odebi, pour la défense des droits fondamentaux dans la société de l’information, a mis au point Odebian, un système d’exploitation basé sur Linux, permettant une navigation totalement anonyme, afin d’éviter d’être contrôlé par la nouvelle loi. Démarrable à partir d’une clé USB par exemple, vous pourrez alors avoir accès à internet de manière cryptée et sécurisée.
Mais attention, la ligue refuse d’être associée au piratage, et précise que Odebian est « un système pour que les internautes restent anonymes, pour le respect de la vie privée« . De toute manière, la technique utilisée n’est vraiment pas optimale pour télécharger (les connexions passent par différents serveurs afin de brouiller les pistes, cela ralentit la vitesse).
À noter que des techniques similaires existent déjà dans les pays où une importante censure règne sur Internet (Iran, Chine, Corée du Nord…).