Editions de L'Olivier, 2009
Prix France Télévision
Véronique Ovaldé a incontestablement le vent en poupe. Après le Prix France Culture-Télérama pour Et mon coeur transparent, elle obtient un
grand succès pour son dernier opus lors de la rentrée littéraire.
Il est vrai que c'est une voix à part dans la littérature française d'aujourd'hui ; fuyant l'autofiction, elle privilégie la
fantaisie, l'humour, voire le fantastique en nous contant des aventures pleines de peps.
Ce que je sais...fait référence à une dynastie d'amazones sur une île perdue d'Amérique du Sud, Vatapuna. Une grand-mère, Rosemarie, pute reconvertie, devenue pêcheuse de poissons
volants, se fait faire un enfant par Jéronimo, un escroc charmeur. Naît Violetta, enfant un peu attardée qui lève un peu trop ses jupons. Vera Candida, recueillie par sa grand-mère, accouche
aussi d'une fille, mais veut rompre la malédiction ; elle quitte sa grand-mère pour rejoindre le continent. Elle échoue au couvent des Morues, tenu par une ancienne nazie, travaille dans une
usine de paniers repas et trouvera enfin l'amour avec un beau journaliste....
Ce conte sud-américain se déroule très rapidement sur au moins quatre décennies ; c'est une ode aux femmes et à la maternité ; les hommes ne sont que d'infâmes ogres. Seule émerge la figure de
l'amoureux de Vera Candida, figure du dévouement et de l'amour absolu.
Sous ses allures de conte fantaisiste, ce roman plonge dans la cruauté du monde (viols, incestes...) et aborde les grandes questions existentielles comme la transmission, l'éducation ou la mort.
Véronique Ovaldé aborde de véritables destins de femmes fortes sous la forme d'épopée. Certains évoquent l'influence d'Almodovar.
Pour moi, il manque le côté fantastique de Et mon coeur transparent. Mais en choisissant d'aborder un destin de femmes sur toute une vie, l'auteur gagne sans aucun doute en épaisseur. De
plus, la fin est brillamment orchestrée avec un retournement de situation et un secret dévoilé qui donne au roman une gravité certaine.