L’inflation masquée, est de retour dans nos rayons et pachamarket vous en explique les rouages.
Attention aux paquets réduits en douce !
Vous en avez moins et c’est plus cher ! Pas banal, n’est-ce pas ? Cela peut vous arriver dans les rayons de votre grande surface, avec les « formats spécifiques ».
C’est quoi ?
Un exemple, relevé chez Carrefour par Linéaires, le mensuel de la distribution alimentaire, dans son numéro de février :
La boîte de 375 g de céréales Chocapic, la plus vendue en grande distribution, disparaît des rayons au profit d’un 300 g inhabituel.
Avec étiquette attractive. Mais, ramenée au poids, la boîte est vendue 10 % plus cher que la moyenne nationale du 375 g !
Résultat : vous êtes chocolat, en toute légalité.
Juteux pour l’enseigne, ce tour de passe-passe est coûteux pour le client.
Lequel ne relit pas forcément en détail les étiquettes quand il a l’habitude de mettre dans son chariot un produit qu’il consomme régulièrement.
Savoir perdre du temps
Florent Vacheret, le rédacteur en chef de Linéaires, tempère un peu :
« Les formats spécifiques ne sont pas légion, mais ils refont surface. »
Ils ont d’abord été utilisés par les grands fabricants pour prendre pied chez le hard discounter Lidl, avec des étiquettes moins chères, sans mécontenter les autres distributeurs.
« Le format spécifique évite ainsi une comparaison frontale sur les prix. »
Le recours à ces ovnis de l’alimentation se concentre sur les produits de grandes marques. L’escalope de volailleFleury Michon, l’emmental Président ou la Danette de Danone. Ceux qui tirent un rayon, qui sont les plus bataillés en prix, ceux où les Leclerc, Intermarché, Carrefour ou Auchan se font un point d’honneur à être les plus bas.
Ceux, enfin, où ils ont le plus de mal à muscler leur marge.
« C’est une pratique à risque pour les enseignes, à manier avec précaution, explique Florent Vacheret, car si le client s’en aperçoit, la confiance est perdue. »
Le « format spécifique » complique la vie des industriels : changer un grammage ou un litrage habituels pour une petite série augmente le coût de fabrication.
Ont-ils vraiment le choix ?
Les distributeurs veulent des étiquettes moins chères, même si ce n’est qu’apparence. Obtempérer, cela évite de payer une compensation financière, à la fin de l’année, à l’enseigne qui n’a pas gagné assez sur le produit phare hyper concurrencé.
C’est une fleur faite au distributeur pour continuer à approvisionner ses rayons avec d’autres spécialités ou,
tout bonnement, éviter d’être déréférencé. C’est-à-dire chassé des gondoles comme un malpropre.
Loin de ce rapport de force, le client a intérêt, plus que jamais, à scruter les prix au kilo et au litre. Pour ne pas perdre d’argent, il faut savoir perdre du temps.