A propos du Giant Halal

Publié le 19 février 2010 par Careagit
Il est donc là, le débat qui agite la sphère médiatique cette semaine. Là, ici, autour d'un burger Belge*. The world is definitely flat. Passons.
Quick donc, l'enseigne de restauration rapide Belge, devenue française depuis 2007, défraie la chronique après la découverte d'une réorientation stratégique de ses menus: La viande Halal comme levier "marketing" nous dit-on. Soit. De cette histoire découle 3 débats potentiels. Le premier, c'est le racisme, bien sûr. A gauche surtout, l'on se complaît à affabuler de raciste le premier con qui ose lever la main pour poser une question remettant en cause un sujet touchant de près ou de loin à une communauté ou une personne considérée (souvent à tort) comme "étrangère". On n'y peut rien, c'est un réflexe quasi Pavlovien, le genre de réflexe qu'ils s'entraînent à développer chaque jours un peu plus.
Le second débat que personne n'ose questionner, c'est celui de l'opportunité commerciale. C'est d'ailleurs l'argument principal de défense de Quick. Pour pouvoir mettre en place ce genre d'offres, il est fort à parier que quelques études aient été menées sur la clientèle. Selon les dogmes Marketing classiques, il a fallut chiffrer les projets, segmenter, cibler la demande. Pour cela, je ne vois pas bien comment Quick a pu se passer de statistiques religieuses, même non-officielles. Cette démarche ouvre la voie à la segmentation sur des critères que la République nous encourage chaque jour un peu plus à conserver dans l'enceinte privée...
Il y a donc le racisme d'une part mais il y a aussi l'argument communautariste. Cet argument, c'est celui qui est agité par le maire PS de Roubaix (comme quoi le réflexe n'est pas partagé de tous). Sur ce point, je ne peux que donner raison à Mr le Maire. Cette anecdote me rappelle ainsi une époque pas si lointaine où je travaillais à Londres et habitais une petite maison aux charmes so british, du côté de Kilburn, au Nord Ouest de Londres. Ce charmand quartier présentait à lui seul la différence de système d'intégration entre la France et l'Angleterre. Ici (enfin là-bas) étaient regroupées diverses communautés, plutôt moyen-orientales qui ne vivaient ainsi que dans le "borrow". Les restaurants, à majorité de type restauration rapide, ne proposaient que des menus à base de poulet. Le McDonald's, un temps implanté, avait ainsi du se résoudre à quitter la place à cause de la concurrence des, pourtant minuscules, autres restaurants rapides. Temple des temples, le KFC régnait en maître sur la rue. Aujourd'hui, le principe semble avoir traversé la Manche et, débarquant à Roubaix, plante une brave pagaille dans nos principes républicains made in France.
La différence majeure entre l'Angleterre est la France c'est l'existence, bien sûr, d'une notion de laïcité qui trouve toute sa singularité chez nous... En l'espèce, c'est d'ailleurs le choc entre cette laïcité et les philosophies de l'Islam (le Judaïsme l'est également), très intrusives dans les modes de vies qui pose soucis.
Samedi soir dernier chez Ruquier, il y eut ainsi un débat passionnant entre Zemmour, BHL et quelques autres à propos de ces questions. Zemmour pointait avec justesse, selon moi, tout le paradoxe du bouquin de BHL qui ne cesse (semble t-il) de réclamer que l'on se serve de la "richesse" des philosphies juives pour éclairer nos lanternes.
Comme Zemmour, j'ai tendance à penser que la religion musulmane et juive sont toutes deux réellement intrusives au point de pouvoir parfois faire vaciller le principe de laïcité. Comme dans cet exemple d'actualité, elles le sont par exemple dans les aliments qu'il est interdit d'avaler. Personne n'aurait ainsi l'idée de ne proposer que du poisson à manger le vendredi dans des restaurants ici ou là ! Le risque, c'est de peu à peu transformer nos quartiers, villes ou régions en mini ghettos communautaires (comme ma petite rue de Kilburn) dans lesquels l'offre de services, de biens de consommations ou culturels ne seraient plus basée sur la pluralité, la diversité ou l'ouverture d'esprit mais vers le clientelisme pur et dur en fonction de critères religieux ou sociaux. Ce mouvement, d'ores et déjà bien avancé dans certains quartiers, ne saurait être nourrit pas de quelconques opportunités commerciales.
A ces problèmes, deux solutions. La première, c'est le respect de tous, l'affaiblissement tout relatif du principe de laïcité et le respect des cultes et traditions de chacuns. En l'espèce, c'est la carte qui propose le halal pour ceux qui le souhaitent etc... Cette solution, pour laquelle je pourrais être tenté, présente tout de même tout les traits d'une porte d'entrée à l'affrontement des communautés réclamant ici plus de ceci par rapport à l'autre, là-bas plus de cela...
La seconde solution, c'est le renforcement du principe laïc et le refus institutionnel de faire d'un culte ou d'une tradition une exception. Le refus du Halal, le refus du "tout poisson le vendredi", le refus du casher. En clair, le refus de tout, la politique des oeillères qui peut parfois faire le terreau de l'extrémisme religieux.