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Haïti dépouillé de ses cerveaux, contaminé par ses crimi...

Publié le 19 février 2010 par 509
Haïti dépouillé de ses cerveaux, contaminé par ses criminels
Le ton est poli, mais la frustration est énorme. Haïti a été dépouillé de ses meilleures ressources humaines par les pays qui veulent aujourd'hui lui venir en aide.

Haïti dépouillé de ses cerveaux, contaminé par  ses crimi...

L'ile D'Haïti ou Quisqueya 

«Quatre-vingt-trois pour cent des professionnels haïtiens ont quitté Haïti depuis 30 ou 40 ans. Ces gens avaient étudié ici, dans les universités financées par la sueur des paysans haïtiens. Je dirigeais une ONG : en 10 ans, nous avons perdu 50 % de nos cadres. Maintenant, ils se trouvent où? Au Canada, où ils sont souvent surqualifiés, dans des domaines qui n'ont rien à voir avec leur formation. Ils y élèvent leurs enfants pour vous, pour votre société. Ça, c'est mon histoire - j'ai été élevé au Canada -, c'est l'histoire de Michaëlle Jean. Aujourd'hui, cette érosion de nos cerveaux fait cruellement défaut», a déclaré Michel Chancy au Soleil.
Son message vise particulièrement le Québec, qui a une dette particulière à l'endroit d'Haïti. «Bien entendu, au Québec, vous avez des problèmes démographiques. Il vous faut des francophones, et pas n'importe lesquels, il vous faut des francophones de qualité. Mais en même temps, lorsqu'il s'agit des enfants des ouvriers haïtiens qui sont devenus des délinquants - la mafia haïtienne à Montréal -, on nous les retourne à coups de déportations massives et ils viennent empirer la situation en Haïti.
«Moi, je dis au Québec : je sais ce que les professionnels haïtiens ont apporté à l'époque de la Révolution tranquille, dans le domaine éducatif, par exemple, alors y a une responsabilité. Alors, il faut se rappeler de tout ça.»
M. Chancy impute également à la coopération internationale la difficulté de trouver des professionnels compétents en Haïti. «La plupart de ceux qui sont restés, les meilleurs, ne travaillent même pas pour l'État haïtien ou des ONG haïtiennes, mais pour la coopération internationale. Ils sont éparpillés dans ces centaines de petits projets qui, très souvent, ne sont pas cohérents les uns avec les autres. Cette forme de coopération éparpillée bouffe des ressources. Au ministère de l'Agriculture, on ne peut pas coordonner ces projets parce qu'il y en a trop. Si je prends la vaccination des animaux. J'ai peut-être sept ou huit projets de vaccination. Je pourrais avoir un programme global de vaccination, mais parce que chaque agence internationale a ses fonds, notre programme national de vaccination est saucissonné en cinq, six ou sept projets. Chaque projet a ses procédures différentes, chaque projet a son compte en banque, son administrateur. Avec comme résultat que notre temps est bouffé par de l'administration. Je vous dis tout ça pour vous dire qu'il y a tout un ensemble de problèmes qui font que la capacité de prise en charge par les Haïtiens eux-mêmes est très affectée. »
Selon lui, les gouvernements doivent faire passer une partie de leurs contributions par une participation accrue du secteur privé. «L'aide internationale, les programmes d'aide, ça n'a jamais développé aucun pays.»
Il se scandalise de voir que les banques n'ont aucun programme de financement pour le logement à Haïti, ce qui force les petits travailleurs à payer leur logement comptant. «On pourrait penser à un système de financement où les États et les banques font du financement à des conditions qui permettent à tout le monde d'être gagnant.» Il signale que l'État haïtien, dont le budget est «moins élevé que le budget de déneigement de la Ville de Montréal», n'a pas les moyens de lancer un tel programme et qu'il faudrait un effort en ce sens du côté des pays donateurs.
Gilbert Lavoie, Le Soleil

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