Horreur et désespoir sur la République Démocratique du Bisounoursland : on se rend compte, petit à petit, que le monde entier n’est pas tout dévoué à l’établissement de la joie et du bonheur pour tous ! Et dans ce merveilleux pays précédemment appelé France avant que l’Égalitarisme, les Taxes et les Bisous ne lui donnent enfin ses lettres de noblesse, on découvre qu’il va falloir de vertes remontrances et de puissants moulinets pour remettre les choses en ordre.
C’est ainsi qu’on apprend, avec consternation, que les gens qui ne travaillent pas ne sont pas payées ! Dans le cas qui nous occupe, on se rappellera que des professeurs du lycée Adolphe Chérioux exerçaient leur droit de retrait depuis plusieurs semaines suite à la violence constatée récemment dans l’établissement.
Et zut de zut, il va y avoir bras de fer entre le ministère de l’Éducation Nationale, dont on sent nettement qu’il a les mains moites à l’idée que ce mouvement s’étende, et les professeurs en retrait(e) pour cause de méchancetés vilaines vilaines dans l’établissement.
Cependant, il fallait s’y attendre : d’un côté, l’administration tatillonne et bureaucratique, dont l’indigence budgétaire la pousse dans ses retranchements pour trouver tous les motifs de dégager de la trésorerie. De l’autre, des professeurs dont le moins qu’on puisse dire, ces dernières années, est que leur suivisme des mouvements de grève aura été exemplaire. Autrement dit, à force de débrayer pour un oui ou pour un non, le jour où le débrayage semble motivé par de vraies inquiétudes autrement moins corporatistes que les pénibles broutilles précédentes, on se retrouve dans la délicate position d’avoir à se justifier d’une nouvelle interruption de travail.
D’autre part, on notera qu’aucune espèce de solution n’est susurrée du bout des lèvres, ni par cette administration grippe-sous, ni par ces enseignants en plein retrait : on proteste vigoureusement contre l’insécurité et la violence, on n’est pas content du tout, on rouspète et on ronchonne, et … Rien.
Car à Bisounoursland, comme il ne faut froisser personne, comme toute action doit être largement pondérée et mesurée à l’aune de la non-discrimination, citoyenneté, égalitarisme et ouverture à la différence gentille qui tend la gauche quand la droite s’en est mangée un solide, toute solution dans laquelle on pourrait lire fermeté, détermination et coups de pieds au derche pour les plus cons ne sera évidemment pas envisageable.
En conclusion, ne pas payer pour un non-travail, c’est vraiment trop injuste !
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Mais à Bisounoursland, les problèmes et les petits bobos ne s’arrêtent pas là : les taxis ont découvert que les méchants députés ont adopté, en catimini, un amendement supprimant leur monopole dans les aéroports parisiens.
D’après eux, et sans rire, la fin de ce monopole signifie l’arrivée des taxis de banlieue sur les dessertes aéroportuaires. Or, les vilains taxis de banlieue, cracra berk berk, n’ont pas les mêmes tarifs que les taxis parisiens et qu’en conséquence, le tarif de la course Roissy – Paris sera plus élevé.
Oui oui : vous pourrez lire cette affirmation rigolote dans cet article, dans la bouche d’un certain Djilalil Vouanfouf, qui n’a manifestement pas tout bien compris à l’économie de base et tout, en revanche, au système corporatiste franchouille. En effet, si les tarifs des taxis de banlieue sont plus chers que ceux des taxis parisiens, l’ouverture du monopole ne devrait pas affecter ces derniers (puisqu’ils sont moins chers).
Et si c’est l’inverse, le petit Djilalil est, passez-moi l’expression, un sacré fumier d’expliquer alors qu’il veut que les tarifs conservent un prix élevé : alors que les Français sont saignés de tous les côtés par les taxes, impôts et autres prix galopant vers le haut, il serait plus que temps que certains tarifs diminuent : comment peut-on vouloir offrir les prix les plus élevés à sa clientèle et imaginer que cette dernière s’en trouvera satisfaite ?
Ce monde est bien vilain qui ne veut pas que les taxis parisiens conservent des prix prohibitifs ! Ce monde est bien méchant qui propose ainsi aux taxis banlieusards d’améliorer leur quotidien ! Que ces derniers crèvent, ville engeance périphérique de la Ville Lumière qui n’appartient qu’aux Taxis Parisiens ! Raaah, c’est vraiment trop injuste !
(Image tirée du blog http://blog.manu-bd.info )
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Enfin, à Bisounoursland, même les députés ont du souci à se faire.
Tout d’abord, il va leur falloir commencer à se mettre au service de leurs électeurs. Ça va leur faire un peu tout drôle, ils n’y sont pas habitués. Et puis comme c’est demandé par Copé, ce frétillant copy-cat de Nicolas 1er, ils ne pourront pas refuser.
L’idée de base est toute simple : vous avez toujours été Français, né de parents Français, mais, zut de flûte, vous devez renouveler votre cardentiténationalsiouplait, celle-là même qui permet, par exemple, de prendre part à ce passionnant débat sur l’identité, la nation, les burquas et les sandwichs halal.
Et c’est encore devant l’administration du Bisounoursland que vous allez devoir faire vos démarches pour obtenir le précieux sésame. Sauf que, puisque vous êtes nés sur un territoire étranger, vous êtes suspect. Vous payez des impôts en France, vous êtes, peut-être, marié à un(e) Français(e), vous avez un job, un foyer et des amis en France mais il va falloir prouver que vous n’êtes pas un de ces dangereux infiltrés qui tentent de déstabiliser la République à coup de vêtements louches.
Eh oui, l’administration, en Bisounoursland, est vraiment de plus en plus pointilleuse. Elle taxe, mesure, établit des listes (de préférence rouges ou noires avec des noms des vilains qui ne font pas ce qu’il faut, qu’elle s’empressera d’enlever bien vite si jamais on crie à la discrimination quelque part, hein), elle enquête, fouille et vidéosurveille pardon vidéoprotège, elle décide qui peut rester de qui doit partir, et ceux qui sont bien comme il faut de ceux qui n’enrichissent pas suffisamment les autres de leur différence citoyenne et festive.
Mais ça ne s’arrête pas là !
Si les députés vont devoir travailler pour aider les Français à le rester, ils devront aussi passer moins de temps à mater du p0rn sur l’interweb ! Eh oui : on ne peut pas bien servir ses concitoyens, qui, rappelons-le, raquent pour tout ça, et se payer une petite tranche de stupre et de luxure au frais de la princesse, non ? Apparemment, cependant, certains députés jugent que tout ceci s’apparente tout de même à de la censure : on dirait de la morve d’HADOPI ou du caca de LOPPSI, tout ça !
Décidément, Bisounoursland n’est pas tendre avec nos élus et nos corporations !
Heureusement, le pays a encore quelques atouts à faire valoir … Comme pour les régimes spéciaux :
On pourra tout de même se poser la question de savoir s’il vaut mieux réformer les très grosses retraites d’un tout petit nombre d’élus ou les retraites beaucoup plus raisonnables mais tout de même très privilégiées d’un très grand nombre…
En tout cas, pas de doute : rien ne va plus en République Démocratique de France, contrée du Bisou Gentil et des Corporatismes Qui Font Du Bien.